lundi 7 mars 2016

La dernière traversée du Père Jaouen


Le P. Michel Jaouen en 2008 à Brest.  ZOOM
Le P. Michel Jaouen en 2008 à Brest.  / ALAIN JOCARD/AFP

Figure du monde de la mer, le jésuite Michel Jaouen est mort lundi 7 mars à 95 ans.
Le P. Michel Jaouen en 2008 à Brest.  ZOOM
Le P. Michel Jaouen en 2008 à Brest.  / ALAIN JOCARD/AFP
Après avoir embarqué pendant plus de 60 ans sur ses goélettes des jeunes délinquants en réinsertion, le jésuite Michel Jaouen est mort lundi 7 mars à Paris à l’âge de 95 ans au siège de l’association des Amis du Jeudi Dimanche, qu’il avait créée. « Il vient de décéder, il est mort de sa vieillesse, de son grand âge », a déclaré à l’AFP Marie-Anne Loiselet, sa nièce par alliance.
Fils de médecin, né en 1920 à Ouessant, troisième de quinze enfants, Michel Jaouen a toujours eu le regard tourné vers le large. Vers l’Angleterre que, avec ses deux frères, il tente de rejoindre par la mer dès 1940, à peine entré au séminaire des jésuites. Vers la Chine, ensuite, où il se destine à partir après son ordination en 1951. Après avoir enseigné en collège, le Breton sera finalement aumônier de la prison de Fresnes.

Aumônerie pour la jeunesse délinquante

Ce contact avec les jeunes « à problème », comme on disait alors, bouleverse sa vie. Préoccupé par leur réinsertion, il crée aussitôt l’Aumônerie pour la jeunesse délinquante (AJD, devenue l’Association du Jeudi Dimanche), dont l’objectif est d’aider les jeunes à leur sortie de prison, puis fait construire le foyer des Épinettes, à Paris, pour les accueillir et héberger.
Mais ce marin dans l’âme a surtout l’idée d’embarquer les jeunes en mer : il achète un vieux voilier, le Bel Espoir. À partir de 1968, à la demande des autorités, il y emmènera des toxicomanes. « J’ai beau être né à Ouessant, j’ai toujours été plus intéressé par les gens que par la mer ; le bateau et l’océan ne sont que des outils pour inviter les jeunes paumés que j’amène à prendre leurs responsabilités, à s’autonomiser et ne pas être assistés », racontait-il en 2011 à La Croix, confiant passer un tiers de son temps à Paris, un autre tiers en mer, et un troisième en Bretagne, dans l’Aber Wrac’h, là où se trouvent le secrétariat de l’association et le chantier naval du Moulin de l’enfer où travaillent une vingtaine de jeunes drogués en réinsertion, encadrés par cinq animateurs. Et même à Paris, il gardait un œil sur la position de ses navires, le Bel Espoir et Rara Avis, grâce à un écran d’ordinateur installé dans un coin. « Comme cela, ils ne peuvent pas nous raconter d’histoires », disait-il avec un air narquois.

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