La publication d’une nouvelle étude relance le mystère autour de la disparition de l’aviatrice Amelia Earhart, partie faire un tour du monde en avion en 1937. Un anthropologue a comparé des os retrouvés sur un îlot du Pacifique avec l’ossature de l’aventurière grâce à de nouvelles techniques. Il affirme qu’il s’agit très certainement des siens.
L’histoire de cette Américaine est assez extraordinaire. En 1932, elle est la première femme au monde à traverser l’Atlantique en avion et en solitaire. Son appétit pour l’aventure n’est pas rassasié pour autant. En 1935, elle planifie un tour du monde en avion, en suivant la ligne de l’équateur, soit plus de 46 000 km.
Amelia Earhart en 1928. (Photo : Wikimédia)
Elle s’élance pour ce long périple, le 1er juin 1937, avec à ses côtés, Frederick J. Noonan, un aviateur irlandais. Le duo traverse le continent américain, puis l’Afrique, la péninsule arabique, l’Inde et se dirige vers le sud-est asiatique et l’Indonésie. Une longue pause les retient sur l’île de Java pour réviser l’appareil. Les deux aventuriers reprennent leur parcours et volent vers l’Australie.
Treize os, une bouteille de liqueur…
Avant de décoller vers la Nouvelle-Guinée, l’équipage se débarrasse de ses parachutes, estimant qu’ils ne leur seraient d’aucune utilité dans les 170 millions de km² du Pacifique. Le 2 juillet, alors que le duo doit rejoindre Howland (un minuscule îlot du Pacifique), puis Hawaï et enfin la Californie, leur avion disparaît des radars. Le gouvernement américain dépêche neuf navires et 66 avions de recherche autour des dernières positions envoyées par Amelia Earhart, en vain. Le 18 juillet, les recherches prennent fin. Selon les autorités, l’appareil se serait abîmé dans les flots, à 120 miles (560 km), de l’îlot isolé de Howland et les deux pilotes seraient morts dans le crash.
Trois ans après, non loin de là, des os sont retrouvés sur l’île Nikumaroro (qui s’appelait l’atoll de Nouv à l’époque), par une expédition britannique. D’abord un crâne, puis lors de fouilles plus poussées, d’autres ossements avaient été mis au jour et ce qui semblait être une chaussure de femme. Parmi les autres trouvailles, une bouteille de Bénédictine – liqueur « connue pour faire partie du paquetage d’Earhart », signalent des passionnés d’aviation à USA Today – et une boîte conçue pour ranger un sextant de la marque Brandis datant de 1918.
« À l’époque, on pensait déjà qu’il pouvait s’agir des os d’Amelia Earhart », note Richard Jantz, l’anthropologue de l’université de Tennessee auteur de l’étude qui relance l’affaire. Il estime que les os« d’Earhart ressemblent davantage à ceux retrouvés sur l’île que ceux de 99 % des individus d’un large échantillon testé (2 700 individus) ». Son travail, « Amelia Earhart and the Nikumaroro Bones », a été publié dans la revue scientifique Forensic Anthropology.
Une conclusion pas confirmée
Les os ont été perdus depuis longtemps, mais Jantz a repris les mesures qui avaient été faites à l’époque et a appliqué des techniques d’analyse médico-légale modernes, notamment le programme Fordisc, régulièrement utilisé par les anthropologues du monde entier. Il a aussi pu obtenir plus d’informations sur la taille et la stature de Earhart grâce à des photographies de l’aviatrice, à certains de ses vêtements de pilote qui ont été conservés et des données inscrites sur son permis de conduire et ses brevets de pilote.
L’avion et les corps des aviateurs n’ont jamais été retrouvés. (Photo : Wikipedia)
En comparant l’ensemble, il estime que les os retrouvés correspondent à ceux d’une femme de la stature de Earhart, plus grande que la moyenne. C’est pourquoi il écrit dans son article que« c’est plus que probable que ces os, s’ils existent encore, sont ceux d’Amelia Earhart. S’ils ne lui appartiennent pas, alors ils sont ceux d’une personne très semblable à elle ». Selon lui, l’étude des os en était encore à ses balbutiements lorsque des ossements ont été retrouvés sur Nikumaroro et confiés au laboratoire de la Central Medical School des Fidji. Ce qui expliquerait que les os, à l’époque aient été attribués à une personne de sexe masculin. Mais comme il n’a pas pu analyser directement les os, sa conclusion ne peut pas être confirmée.
Des hypothèses nombreuses
Les théories sur la disparition de l’aviatrice sont nombreuses. Certains enquêteurs amateurs sont persuadés qu’elle n’est pas morte sur l’île, mais qu’elle aurait été faite prisonnière ainsi que son copilote par les Japonais. Leur hypothèse est notamment fondée sur une photo en noir et blanc, floue, découverte parmi d’autres documents des Archives nationales américaines à Washington.
On y voit plusieurs personnes sur un quai de l’atoll de Jaluit, dans les îles Marshall. Parmi elles, une femme de dos, dont la silhouette semble ressembler à celle d’Amelia Earhart, portant notamment un pantalon, comme l’aviatrice en avait l’habitude (et qui était plutôt rare à l’époque). En arrière-plan, un bateau remorque un engin. Pour les auteurs d’un documentaire sur cet indice diffusé l’été dernier, il s’agit d’un navire japonais qui remorque l’avion des deux aventuriers.
La fameuse photo qui a relancé d’autres théories sur la disparition des deux aventuriers. Des enquêteurs amateurs assurent qu’ils ont été capturés par les Japonais qui les auraient pris pour des espions américains. (Photo : AFP)
L’indice est controversé. Pour le groupe Tighar, des Américains passionnés d’histoire de l’aviation qui tentent depuis des années de découvrir ce qui est arrivé aux deux aviateurs, il est même « risible ». Eux penchent sur l’hypothèse voulant que l’avion a fait un atterrissage forcé sur Nikumaroro, où les deux aviateurs seraient décédés. Hypothèse qui pourrait être validée si, un jour, les os trouvés sur l’îlot sont formellement attribués à Amelia Earhart ou Frederick Noonan.