À une écrasante majorité, les habitants de Bougainville ont décidé ce mercredi 11 décembre, à travers un référendum, de quitter le giron de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Un pas majeur vers la création du plus jeune État du monde, qui a obtenu la voix de 176 900 électeurs, soit 98 % des suffrages exprimés.
De puissantes acclamations, des applaudissements et des larmes ont accueilli cette annonce. Puis les dignitaires ont entonné l’hymne de l’île, Mon Bougainville. « Dire que je suis heureuse est un euphémisme, a expliqué en pleurant de joie Alexia Baria, une infirmière, à l’Agence France-Presse. C’est le moment que nous attendions. »
« Maintenant, nous nous sentons libérés, au moins psychologiquement », s’est félicité le président de la région autonome de Bougainville, John Momis.
Ce vote historique doit en effet permettre de tourner définitivement la page d’une décennie de lutte entre les forces du pouvoir central et les différentes guérillas locales. Un conflit armé qui a fait 20 000 morts, soit 10 % de la population, avant le cessez-le-feu de 1998.
Les accords de paix de 2001, négociés par la Nouvelle-Zélande, ont installé l’autonomie mais ils prévoyaient de trancher la question de la pleine souveraineté avant 2020.
Des habitants de Bougainville font la queue pour voter dans un bureau de vote de la capitale de la région, Buka. (Photo : Ness Kerton / AFP)
Intégré à la Papouasie-Nouvelle-Guinée en 1975
Située dans l’archipel des îles Salomon, la petite île du Pacifique, d’une superficie de 10 000 km2, doit son nom au navigateur français Louis-Antoine de Bougainville (1729-1811), qui l’explora en 1768. Elle a été colonie allemande, puis australienne (1918).
Bougainville a été l’un des théâtres de la Seconde Guerre mondiale, ayant été occupée par les forces japonaises à partir de mars 1942. Mais isolées, souffrant d’un manque de ravitaillement et décimées par les maladies, les troupes se sont considérablement affaiblies, jusqu’à ce que les 23 000 soldats nippons restant à Bougainville se constituent prisonniers lors de la capitulation de leur pays en 1945.
En 1975, Bougainville fut intégrée à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, lorsque celle-ci a obtenu son indépendance. Un choix qui avait fait, déjà à l’époque, l’objet de nombreux débats : beaucoup estimaient que Bougainville avait davantage en commun avec les habitants du reste de l’archipel des îles Salomon qu’avec ceux de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
D’une superficie de 10 000 km2, l’île doit son nom au navigateur français Louis-Antoine de Bougainville. (Photo : Google maps)