Ces élus de Paris qui bénéficient de logements sociaux !
Le Point.fr révèle la liste des élus de Paris bénéficiant de logements sociaux. Parmi eux, Antoinette Guhl, adjointe à l'économie solidaire.
selon la DRIHL (Direction régionale et interdépartementale de l'hébergement et du logement). Seuls 12 000 d'entre eux ont obtenu une réponse favorable. Un faible taux qui n'empêche pas certains privilégiés de continuer à profiter de ces logements trop rares. Précision importante, à l'exception de Raphaëlle Primet, les élus incriminés sont tous locataires de logements sociaux financés par un prêt locatif intermédiaire, dit PLI. Une catégorie réservée aux familles dont le revenu annuel est compris entre 41 434 euros et 118 782 euros. Obtenir un logement social à Paris relève de l'exploit. Et pour cause, il faut compter en moyenne 42 mois d'attente. En 2013, 148 000 Parisiens ont déposé un dossier en vue de l'attribution d'un logement social,
113 mètres carrés pour 1 900 euros, une affaire en or
Antoinette
Guhl, adjointe à mairie de Paris et conseillère générale, occupe un
appartement géré par la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP)
dans le 20e arrondissement. Dans cette résidence, calme et arborée,
située à deux pas de Ménilmontant, elle bénéficie de l'un des plus
grands appartements, à en croire ses voisins. Mais l'élue a bonne
conscience. Selon les informations du Point.fr, c'est son mari qui a
obtenu en 2001 ce logement en tant que fonctionnaire au ministère de
l'Agriculture. L'appartement faisant partie du contingent préfectoral
réservé à ces mêmes fonctionnaires. Le cumul des avantages ? Et des
scandales... Contactée, Antoinette Guhl n'a pas donné suite à nos
sollicitations.
Pas plus bavard, Didier Guillot, conseiller municipal PS du 18e arrondissement, n'a pas jugé utile de répondre à nos questions. Déjà épinglé par Mediapart (article payant) en 2013,
cet élu vit depuis 2000 dans un appartement de 113 mètres carrés, géré
par la RIVP, loué 1 900 euros. Dans le privé, il lui en coûterait au
minimum 2 500 euros. Chose aggravante, il s'agit là de son deuxième
logement social. Didier Guillot avait obtenu le premier en 1997 alors
qu'il était salarié du conseil régional d'Ile-de-France.
Conseillère
de Paris déléguée à la petite enfance et à l'innovation citoyenne,
Anne-Christine Lang bénéficie d'un logement social dans le 13e
arrondissement parisien. Obtenu en 1999, lorsqu'elle n'exerçait aucun
mandat, cet appartement de 110 mètres carrés serait là encore loué à un
prix inférieur à celui du marché. "Vous arrivez trop tard. Je suis déjà
dans mes cartons", ironise-t-elle. Anne-Christine Lang a en effet prévu
de quitter les lieux en juillet 2014. Une décision motivée par le départ
du foyer familial de ses trois enfants et par sa nouvelle fonction de
parlementaire. L'élue du 13e arrondissement ayant hérité en mai 2014 du
siège de Jean-Marie Le Guen à l'Assemblée nationale, nommé dans le
gouvernement de Manuel Valls.
La précarité d'un mandat politique
Mais
tous ne sont pas aussi pressés de quitter leur logement. Conseillère
Front de gauche de Paris et conseillère générale, Raphaëlle Primet
occupe un appartement HLM "de base" dans le 20e arrondissement de Paris.
Contactée par Le Point.fr, elle s'en défend : "Ma situation est très
particulière. Mon mari est chômeur de longue durée. Je dois bientôt
passer devant une commission. Il se peut que je sois contrainte de payer
un surloyer", se justifie-t-elle. Mais Raphaëlle Primet n'est pas prête
à quitter cet appartement obtenu au bout de dix longues années
d'attente. Partir reviendrait à trahir ses électeurs. "Cette mesure
(voulue par Anne Hidalgo, NDLR) est injuste et populiste", conclut-elle.
Les
élus de gauche ne sont pas les seuls à bénéficier de logements sociaux.
Dans l'opposition municipale, Nathalie Fanfant, élue UMP du 20e
arrondissement, bénéficie elle aussi d'un logement géré par la RIVP dans
le 19e arrondissement. Jointe par Le Point.fr, elle indique être à la
recherche d'un bien dans le privé. Mais pour l'heure, elle n'a pas
dégoté la perle rare. La faute aux loyers prohibitifs. "Me priver de mon
appartement reviendrait à interdire la politique à toutes les personnes
gagnant moins de 10 000 euros par mois", réplique-t-elle. Avant de
raccrocher, Nathalie Fanfant tient à rappeler "la précarité d'un élu
pour qui une réélection n'est jamais assurée". Une précarité politique à
4 186 euros bruts par mois.
Du côté de
l'Hôtel de Ville, tout est fait pour minimiser la situation : "Dès le
premier conseil de Paris de cette mandature, nous avons fait voter une
charte de déontologie très claire en la matière. Les élus ont quatre
mois pour la signer. Dès l'été, une commission de déontologie va étudier
au cas par cas les situations des conseillers de Paris. Elle sera
saisie en priorité de la situation de ces élus. Nous leur demandons de
lui fournir toutes les explications nécessaires. Si une irrégularité est
constatée, il leur sera demandé de se mettre sans délai en conformité."
Mais rien ne les obligera à faire leurs bagages. Ces élus ont obtenu
leur appartement en toute légalité. Si bien qu'ils ne semblent pas
réaliser l'ampleur du conflit d'intérêts dont ils se rendent coupables
aux yeux des électeurs. C'est à croire que la Mairie de Paris est
aveugle.