des Avès à Puerto La Cruz
en passant par Carenero, les Roquès et
la Tortuga
Bonjour
Le retour vers l'est est toujours problématique : en effet, si à
"l'aller" nous étions portés par l'alizé, lorsque nous mettons le cap à l'est,
évidemment c'est l'inverse ! boute au vent!
Alors, pour éviter de tirer trop de bords il y a une solution :
tirer un long bord à terre et faire escale sur "le continent", dans notre cas, à
Carenero.
EOLIS III aux AVES
Les oiseaux, toujours les oiseaux !
les
Avès = «los aves » en espagnol
Toutes ces îles portent bien leur nom
!
Les oiseaux y pullulent, une vraie
basse-cour…
Mais attention, ils peuvent redoubler
d'agressivité dès que nous mettons pied à terre, réalisant bien qu'un «
envahisseur » débarque sur leur territoire ! Et ils se déchainent carrément
lorsque nous avançons entre les touffes d'herbe, craignant pour leurs nids qui
sont au ras du sol. La densité est parfois telle que nous devons prendre garde
où nous mettons les pieds !
Plusieurs espèces sont représentées : les
sternes fuligineuses, qui sont de loin les plus nombreuses et les plus
virulentes, car ce sont elles qui organisent ce monumental concert d'aigus
perçants et stridents !
Nous ne sommes pas les seuls objets de leur
méchanceté : les quelques « noddis » qui arpentent le bord de la plage restent
prudemment à l'écart… En revanche elles doivent accepter la présence des fous
parmi elles, et la cohabitation n'est pas sans histoires…à en juger par
l'attitude, au nid, des femelles, qui tournent constamment la tête en lançant à
la ronde des coups de bec dissuasifs !
Les fous à pieds rouges eux, ont résolu le
problème, en allant nicher sur les grosses branches des palétuviers de la
mangrove, arbres desséchés, salés, ventés et courbés, qui forment comme une
forêt inextricable.
La violente odeur n'est pas due seulement
aux fientes mais provient aussi des nombreux cadavres en
décomposition…
Ces sternes criardes font penser à une
volée de mégères piaillantes et effarouchées !...
Les petits fous conservent leur duvet
jusqu'à ce qu'ils aient pratiquement atteint la taille adulte, et c'est amusant
d'observer la mère qui veille sur son oisillon aussi gros qu'elle ! Et si,
apeurée à notre approche, elle s'envole, le duveteux – et paresseux - pépère ne
panique pas, et s'esquive, peinard, en se dandinant, bec ouvert, gorge
tremblante, dans un louable effort de ventilation, bien compréhensible par cette
chaleur !
De vagues monticules forment de petits
tertres et on ne sait si ce sont des tombes ou des oratoires, en tout cas ils
sont surmontés d'une croix…
L'île d'à-côté se perd dans l'immensité
vert jade qui la prolonge…
C'est désert, oublié, âpre, presque nu,
C'est très beau
la barrière, à cet endroit, est faite de
grandes pierres tabulaires entrecoupées de trous et de tranchées, véritables
canyons, dans lesquels on se glisse avec nos palmes et nos masques, absorbés par le fluide turquoise, à la découverte de
failles et de niches dont les occupants ouvrent de grands yeux ronds – surtout
les diodons au regard si doux – en nous voyant défiler à leur porte au gré du
courant… ils n'ont pas à se méfier de nous eux,
par contre, si nous voyons
dépasser des antennes, leur propriétaire a du souci à se faire
!...
La plupart de nos plongées sont vraiment
féériques, tant par la densité de la faune rencontrée que par l'atmosphère de
cette mer inondée par les rayons du soleil au zénith…
Fondus, intégrés dans ce monde, acceptés
par les poissons – qui n'ont jamais vu un fusil de chasse sous-marine de leur
vie – et qui se laissent approcher à une distance de bras, nous craignons
presque de troubler la quiétude et l'harmonie qui se dégagent ici…entourés de
poisson-chirurgiens (attention à leur fameux scalpel dorsal)
et d'un nuage de bébés chromis, trois raies
mantas et des barracudas nagent au-dessus des coraux en forme de cerveaux ou de
cornes d'élan…
Des mérous et des perroquets déambulent
aussi tranquillement, tandis que des petits poissons « papillon », plats et
merveilleusement colorés, créent une note d'enjouement et de
gaieté.
Tout au fond, bien dissimulés sous des
rochers, des langoustes – des "bêtes à cornes" - alignées comme à la parade, ne
savent pas encore qu'elles vont finir à la casserole !...
Paradis insulaire ou île
paradisiaque ?
Une superbe plage s'étend sur plus de
deux kilomètres, bordée par de magnifiques cocotiers, et, chose rare, regarde le
grand large sans en subir les assauts…
Une ceinture de récifs casse la houle,
offrant des étendues d'eau calme propices à la baignade et à la
pêche…
Le coup d'œil est
magnifique
Les couleurs
éclatantes
L'air nous semble incroyablement pur à
respirer
Régénéré constamment par l'alizé, il
est vivifiant, tonique
L'eau est d'une transparence absolue :
à douze mètres de fond la chaîne d'ancre apparaît aussi nettement que si elle
était à deux mètres de profondeur !
EOLIS III à CARENERO
En tirant nos bords le long du Venezuela nous nous apercevons que la côte nord est une ligne de montagnes
sur lesquelles il y a parfois tout juste une baraque !
Il est impératif
d’arriver de jour à Carenero (quoique lorsque l’on connaît et qu’on a la trace
sur le GPS ce n’est pas si difficile…). Il y en a même qui attendent le lever du
soleil dans l’anse d’à côté, l’anse des corsaires (Ensenada de Corsarios), juste
à l’abri ouest du Cabo Codera ("coudière").
Ensuite, pour entrer
dans Carenero même, il faut arrondir largement la Punta Crusesita débordée par
des installations flottantes. Après cela les dangers sont en principe au moins
marqués par des bidons : il y a un terminal pétrolier avec plusieurs « tonnes »
d’amarrage pour les cargos et des marques de balisage jaune à croix jaune en
croix. ensuite il faut repérer les deux bouées d’entrée, la rouge et la verte
(attention, balisage inversé de ce côté-ci de l'Atlantique!) et passer entre les
deux ! On pénètre alors dans une immense mangrove, genre trou à cyclone, cernée
de grands hôtels, dont celui de Baya dos Piratos (!) dont on peut capter le
réseau wifi. On se trouve dans un grand complexe nautique bien gardé par des
vigiles.
On est à l’ancre devant
la marina elle-même, en face de la station service PDV. Cela semble sûr : il y a
des gardes armés et des chiens !
Le soir, le vent
tombant, ce sont les moustiques les plus agressifs et les plus méchants !... il
y en a qui laissent ici leur bateau pour aller faire des
excursions.
L’inconvénient vient
donc des moustiques qui pullulent ici vu que l’eau est saumâtre, pas claire,
donc, peuplée uniquement par des poissons-chats, même pas bons à
manger…
Excursion en annexe
Ça vaut quand même le détour : on peut aller en
annexe se promener dans les coins et
recoins de la mangrove (enduits de crème anti-moustiques bien sûr), puis, ayant
remonté le hors-bord, continuer à la rame, et avancer sous des voutes de racines
de palétuviers, sans bruit, pour observer les colonies de hérons blancs, d’ibis
rouges, que l’on peut découvrir juste après un « pont » de palétuviers qui
débouche sur une sorte de mer intérieure
genre lagon (attention car il y a aussi des cul-de-sac et il faut alors
faire demi tour !)
C’et un spectacle rare
que de se trouver au milieu de ce paradis des oiseaux dans la lagune de
Carenero.
On passe donc sous les
branchages des palétuviers, c’est très étendu et peu profond, on arrive à une
sorte d’étang d’eau salée merveilleusement calme…tout y paraît figé, comme ce
pêcheur en arrêt, à vingt mètres de sa barque, de l’eau jusqu’à mi-cuisse, qui
ressemble aux hérons et aux aigrettes que l’on voit perchés sur les branches… il
faut approcher doucement à la rame… soudain, un jaillissement dans le bleu clair
au-dessus du vert intense de la végétation : le vol rouge, rapide et délicat,
d’un oiseau très fin, presque fragile, avec un long cou recourbé vers le bas :
le fameux ibis rouge !...d’autres congénères arrivent en escadrilles de six à
huit et le rideau vert se décore d’une multitude de taches rouges du plus bel
effet…on dirait des arbres de Noël !
Puis c’est au tour des «
bombardiers »d’atterrir : ce n’est plus le vol furtif et agile des ibis mais
celui de lourds pélicans, en escadre eux aussi, qui approchent en planant et
s’immobilisent sur les branches : ils sont rigolos, le bec replié sur leur long
cou, dodelinant de la tête, et nous observant de leur œil curieux en forme de
bouton de bottine…
Le décor est
planté…
Egayé de points rouges
et blancs, le rideau vert s' assombrit peu à peu, dans le silence qui entoure le
clapotis de l’annexe qui s’éloigne doucement
…
Le quai où nous laissons
l'annexe (on nous a volé le grappin!) pour débarquer est un vaste garage à
bateaux : des vedettes sont garées (rangées ?) dans des sortes d’alvéoles genre
jeu de lego, avec chacune au minimum 300 CV au cul – à un centime d’euro le
litre de carburant, on comprend que faire le plein ne leur revient pas à cher
!
(à propos, il paraît
qu'en France on a frôlé les 2€ le litre?)
Ça n’a pas l’air pauvre
par ici !
HIGUEROTE
De la marina on peut
prendre le bus pour la ville voisine (pour 2 Bs aller-retour, gratuit pour les
"vieux" de plus de 60 ans!). La route longe un chenal où il y a plein d’oiseaux qui sont perchés sur
les hautes branches des palétuviers qui bordent le cours d’eau. De l’autre côté
c’est une longue plage de sable qui n’en finit pas et dont on ne voir pas le
bout ! C’est pas très propre...
Mais quand on entre en
ville, quelle différence!…
une Vierge del Carmen accueille les
visiteurs :
Higuerote est l’ancienne
patrie du cacao
Pendant près de trois
siècles, elle a hérité des esclaves la joie de vivre et la musique des tambores ce qui fait qu’il y a de la sono partout
!
En ville on trouve des
supermarchés, des marchands de fruits et légumes à même le trottoir… le Flamengo est le plus grand, mais il
faut prendre un autre bus pour y aller, ou bien un taxi, et il est mieux
achalandé. Enfin, tout est relatif, bien sûr…il y a aussi beaucoup de commerces
tenus par des asiatiques ou des pakistanais (libanais
?).
Le
soir il n'est pas rare d'assister à un vol d’ibis rouges dans le soleil
couchant…
Ah, qu’on est bien
!
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