mercredi 11 décembre 2019

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lundi 9 décembre 2019

oiseaux


Les oiseaux rapetissent, et c’est sûrement à cause du changement climatique


Aux États-Unis, des scientifiques ont collecté plus de 70 000 oiseaux migrateurs sur une période quarante années. Ils constatent que la taille de leur corps diminue et que leurs ailes s’allongent. Ce serait l’une de leurs stratégies d’adaptation face au dérèglement climatique.

70 716 oiseaux. Depuis 1978, David Willard, ornithologue au Field Museum de Chicago, a récupéré 70 716 spécimens d’oiseaux morts, qu’il a stockés au musée. À Chicago, ville aux nombreux buildings, les oiseaux sont en effet souvent pris au piège. Attirés par la lumière, ils foncent dans les grandes vitres, se cognent et meurent.
David Willard a pris l’habitude de se rendre chaque matin au pied de différents buildings pour récupérer les cadavres des oiseaux. En quarante ans, il a collecté 52 espèces différentes d’oiseaux migrateurs nord-américains.
Les oiseaux rapetissent
Avec d’autres chercheurs, l’ornithologue a mesuré ces oiseaux et observé des différences significatives au fil du temps, entre les spécimens les plus anciens et les plus récents. Il a publié les résultats de cette étude fin octobre, dans la revue scientifique américaine Ecology Letters. Son constat ? Plus les années passent, plus les oiseaux rétrécissent.
La taille des oiseaux est calculée par rapport à la longueur de l’os du bas de la patte. Entre 1978 et 2016, la taille des oiseaux a ainsi diminué de 2,4 %. Ce changement est observable chez la quasi-totalité des 52 espèces ramassées, notent les scientifiques.

En tout, 70 716 oiseaux ont été récupérés, de 52 espèces différentes. (Photo : Ben Marks / Reuters)

Autre donnée qui a surpris les ornithologues : la longueur des ailes des oiseaux. Plus les années passent, plus les ailes s’allongent. En quarante ans, leur taille a ainsi augmenté de 1,3 %.
Selon les scientifiques, il s’agirait d’une adaptation des oiseaux au réchauffement climatique. « La migration est un déplacement très fatiguant pour l’oiseau », souligne Brian Weeks, l’un des auteurs de l’étude.
Si son corps est plus petit, l’oiseau a besoin de moins d’énergie pour se déplacer. Un phénomène accentué grâce à l’augmentation l’envergure de ses ailes, qui compense aussi la taille réduite du corps
Les ornithologues ne savent pas exactement ni comment ni pourquoi une hausse des températures moyennes fait peu à peu à peu rétrécir les oiseaux. Mais des volatiles de plus petite taille se refroidissent mieux, car ils perdent plus rapidement leur chaleur corporelle, en raison du rapport plus élevé entre leur surface et leur volume. En clair, un oiseau plus gros produira plus de chaleur, mais aura plus de mal à la dissiper de son corps.
D’autres études en Europe
Jérémy Dupuy, responsable de projet enquêtes à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) en France souligne l’importance de cette étude américaine : « Elle est très intéressante déjà car elle est sur le long terme, quarante ans. C’est positif, car ça montre que les oiseaux sont capables de s’adapter. On voit même qu’ils s’adaptent très vite, car quarante années, c’est long pour une étude, mais court pour une espèce. »
« Selon l’étude, poursuit-il, lorsqu’une année est plus fraîche, les oiseaux ont tendance à moins rapetisser, c’est le signe d’une adaptation vraiment rapide… »
En Europe aussi, le changement climatique a un impact sur les oiseaux. La LPO a réalisé plusieurs enquêtes sur le sujet en France. L’une d’elles s’est intéressée à leurs migrations. « On a mené nos recherches sur des sites qui recueillent les données des passages des oiseaux migrateurs, précise Jérémy Dupuy. Les résultats sont significatifs. »
Selon l’Observatoire national de la biodiversité, la date d’arrivée des oiseaux migrateurs en France a avancé de six jours en moyenne. « Cela varie selon les espèces, mais le milan noir par exemple, arrive sept jours plus tôt, et repart onze jours plus tard en moyenne. Sur quinze espèces, quatorze ont des données négatives, soit une date d’arrivée plus précoce. »
Il semble que ces oiseaux adaptent leur migration au changement climatique. Aucune étude n’a été réalisée en France sur la taille des oiseaux. « Mais je ne vois pas pourquoi les données sur les oiseaux migrateurs ici seraient très différentes de celles observées en Amérique du Nord, souligne Jérémy Dupuy. Certaines espèces sont similaires, donc les résultats devraient être presque identiques. »

Les Bernard-Hermite

La pollution plastique décime les populations de bernard-l’hermite

Aux îles Cocos, territoire australien de l’océan Indien, les bernard-l’hermite élisent domicile dans des coques et contenants en plastique échoués, au lieu de se réfugier dans des coquilles naturelles. Résultat, ces crustacés sont plus d’un demi-million à mourir chaque année, piégés par les déchets. Et ce ne serait pas un phénomène isolé.
Les îles Cocos sont un territoire australien. (Carte : Ouest-France)
De longues plages de sable blanc, une eau d’un bleu cristallin, des palmiers, et… des centaines de tonnes de plastique. Les plages des îles Cocos, un territoire australien composé de 27 atolls dans l’océan Indien, sont surchargées de déchets.
Le constat a été dressé par la docteure Jennifer Lavers, une biologiste australienne, en 2017. Selon ses calculs, plus de 400 millions de fragments de plastique polluent les plages de l’archipel peuplé d’environ 550 habitants.
Cela représente 238 tonnes de déchets, expliquait une étude publiée au mois de mai dernier par la scientifique dans la revue spécialisée Nature Scientific Reports.
Un aperçu des déchets qui s’entassent sur les plages des îles Cocos. (Photo : Silke Struckenbrock / University of Tasmania / AFP)
La chercheuse de l’Université de Tasmanie, en Australie, en était arrivée à cette conclusion après avoir réalisé des travaux de recherche, sur place, avec une équipe scientifique.
Mais en arpentant les plages des îles Cocos, Jennifer Lavers et les autres chercheurs ont été intrigués par un autre phénomène. Souvent, les bouteilles et autres emballages n’étaient pas vides. Les objets contenaient des bernard-l’hermite. Et la plupart du temps, ces crustacés étaient morts, rapporte le quotidien américain The Washington Post.
Jennifer Lavers et son équipe viennent de publier une nouvelle étude consacrée à ce phénomène, dans la revue scientifique Journal of Hazardous Materials. Et selon les chercheurs, ces centaines de millions de morceaux de plastique tueraient quelque 508 000 bernard-l’hermite par an, sur les seules îles Cocos.
Piégés dans le plastique
Ces déchets représentent des « pièges potentiellement mortels pour les bernard-l’hermite », écrivent les auteurs de l’étude dans un communiqué publié sur le site de l’Université de Tasmanie.
En effet, ces crustacés n’ont pas de carapace naturelle et leur abdomen est mou. Pour se protéger, ils doivent se trouver des coquilles, dont ils changent régulièrement au fil de leur croissance. Les bernard-l’hermite sont par exemple capables de « voler » celle d’un gastéropode.
Des déchets, sur une plage des îles Cocos. (Photo : Jennifer Lavers / University of Tasmania / AFP Photo)
Mais ils peuvent aussi se tromper et considérer qu’une bouteille en plastique est une carapace potentielle. Le problème, c’est que c’est dangereux pour eux.
Un exemple : si « l’ouverture d’un contenant en plastique est positionnée vers le haut, un crustacé aura des difficultés à s’en sortir et sera piégé dedans », écrivent les chercheurs. Privés d’eau, les crustacés meurent au bout de 5 à 9 jours.
Effet domino
Ensuite, les événements s’enchaînent. « Quand un bernard-l’hermite meurt, il émet un signal chimique indiquant à ses congénères qu’une coquille est devenue libre », explique le biologiste Alexander Bond, l’un des auteurs de l’étude, au Washington Post.
Les bernard-l’hermite meurent par centaines de milliers, tous les ans, sur les îles Cocos. (Photo d’illustration : WilliamBKH / Wikimédia Commons / Domaine public)
Résultat, quand un crustacé meurt dans un contenant en plastique, il en attire donc un autre, et ainsi de suite… « Cela crée un effet domino, ajoute-t-il. Ils viennent dans ces bouteilles les uns après les autres en pensant qu’il s’agit de leur prochaine maison. En réalité, c’est leur dernière ».
À partir de la quantité de déchets estimée sur les îles Cocos, les scientifiques ont ensuite réalisé des calculs mathématiques pour tenter d’estimer le nombre de crustacés piégés dans les déchets plastiques. C’est ainsi qu’ils en sont arrivés à ce chiffre de 508 000.
Il est difficile de savoir comment ce phénomène affecte la population de crustacés de l’archipel, les scientifiques ne sachant pas combien exactement vivent sur les îles Cocos, souligne Jennifer Lavers auprès du Washington Post.
Un phénomène à l’échelle mondiale
En tout cas, cette hécatombe a des impacts sur tout l’écosystème des îles. « Les bernard-l’hermite jouent un rôle crucial dans les environnements tropicaux, explique Jennifer Lavers sur le site de l’Université de Tasmanie. Ils aèrent et fertilisent le sol, dispersent des graines », qui deviendront ensuite de nouveaux végétaux, entre autres vertus.
Et ce n’est pas tout. Les auteurs de l’étude se sont également demandé si cette situation était spécifique à l’archipel australien, ou si le même phénomène se reproduisait ailleurs.
Ils ont effectué les mêmes travaux et les mêmes calculs sur l’île Henderson, un territoire britannique situé au beau milieu de l’océan Pacifique, à plus de 13 000 kilomètres à vol d’oiseau des îles Cocos
L’île Henderson. (Ouest-France)
Classée sur la Liste du Patrimoine mondial de l’Unesco en raison de son « écologie pratiquement intacte », cette île est aujourd’hui noyée sous le plastique.
Selon l’équipe de Jennifer Lavers, ici, ces déchets tuent environ 61 000 bernard-l’hermite par an. Et le phénomène pourrait être généralisé. C’est la conclusion de l’autrice principale de l’étude : « Il est probable que la mortalité des bernard-l’hermite sur les plages du monde entier soit conséquente. ».
Maintenant, les chercheurs veulent réaliser de nouvelles études, pour mieux évaluer l’étendue de ce phénomène et ses implications à l’échelle de la planète.