Il est 18H30. Je porte une robe verte un peu brillante. Ma cuisine ressemble à une décharge dont on ne voit plus le sol ou les plans de travail. Un premier coup de sonnette me fait sursauter, et je referme la porte du four d’un coup sec pour aller ouvrir. Bienvenue dans mon Réveillon imaginaire, où toute ressemblance avec des personnages existants est largement préméditée excepté qu’ils ne sont jamais venus chez moi.
C’est mon copain Tahar, Tahar Rahim qui est venu m’aider à ouvrir les huitres. Je lui donne un gant, un couteau, et lui propose un verre, qu’il accepte. Tout content, il m’annonce que sa femme, Leila (Bekhti) et lui attendent leur troisième bébé. « Déjà ? C’est super, Tahar ! Je suis ravie pour vous ! Leila est enceinte de combien ?
- Cinq mois.
- Quoi ? et tu ne m’as rien dit avant ? Mais votre numéro 2 a quoi, 6 mois ? Mais ce n’est pas un peu rapide quand même ? Ils auront moins de 2 ans d’écart ? Ça va être sport !
- Ecoute, peut-être, mais nous, on est vachement content ! On en voulait trois de toute façon."
Il parait vexée, et je me sens idiote de porter des jugements d’un autre âge.
Vers 19H, tout le monde débarque d’un coup.
Ma mère, Brigitte (Macron), est super déprimée parce que son nouveau mari est malade et qu’elle n’a pas pu fêter son anniversaire. Elle était tellement triste le 21 Décembre qu’elle a failli aller le retrouver à la Lanterne, leur maison de campagne. Il y est tout seul, juste avec un médecin et deux collaborateurs. Eux qui sont si fusionels, ne se parlent qu’en visio, elle dépérit complètement ! Elle espère qu’elle pourra encore le retrouver ce soir s’il est testé négatif, mais les infos sont rares sur leur programme. C’est fou, depuis qu’ils sont ensemble, ils ne sont quasimment jamais quittés ! On dit même (dans Voici) qu’elle seule, réussit à lui faire faire des pauses, des moments hebdomadaires qu’il lui consacre, pendant lesquels il pose son téléphone. De là, à dire que s’ils ne se voient pas, il ne sait pas s’arrêter de travailler, il n’y a qu’un pas et elle stresse qu’il ne se remette pas rapidement.
Déjà assise dans le canapé, un coupe à la main, il y aussi ma tante, Jane (Birkin), so charming et volubile, je l’adore. Vous pouvez compter sur elle pour faire vivre les souvenirs, avec une nostalgie intelligente et douce. Elle est un peu trash parfois, mais à l’Anglaise, toutes ses paroles sont nimbées d’un chic naïf. Elle parle, elle parle, et elle se livre sans filtre. Elle m’apprend, par exemple, qu’elle n’a pas vu sa fille Charlotte pendant 6 ans après la mort de son ainée, Kate. Elle évoque son premier mari aussi, pour qui, selon elle, elle n’était qu’une ado hystérique qui se griffait jusqu’au sang, et pleurait des nuits entières en lui demandant « est-ce que tu m’aimeras encore dans 10 ans ? »… Une assiette de minis blinis passe de main en main, et elle part sur des souvenirs d’été, en Normandie - deux mois entiers qu’elle imposait à ses filles et à son Serge (Gainsbourg). Lui, il maugréait et allait noyer son ennui dans des cocktails au Grand Hôtel de Cabourg. Elle pourrait continuer des heures (ITW à lire dans Paris Match) mais une tornade la stoppe net :
Ma belle soeur Charlène (de Monaco) vient d’arriver et son apparence punk tranche un peu avec le thème « Vert sapin et scintillance ». Un blouson rock, un masque à sequins noirs et une nouvelle coupe, hum, courte et asymétrique : mèche déstructurée à gauche et crâne rasé à droite. Elle a l’air sûre d’elle et un peu survoltée. L’assemblée a pensé sans le dire à haute voix qu’elle cherchait sûrement à se venger de son mari : une nouvelle requête de paternité vise (le Prince) Albert et le problème c’est que cette fois-ci, l’affaire aurait eu lieu alors qu’ils étaient déjà ensemble… Charlène est fumasse, et ça se voit.
Un peu après, pile à l’heure, je me suis levée pour accueillir mon oncle Tom. Il vient d’Amérique aussi mais la comparaison s’arrête là… Ce Tom (Cruise) là fait du cinéma, j’ai toujours eu un faible pour lui, mais il est un peu inquiétant au fond. Il est arrivé en trombe, une vraie boule de nerfs : en tournage à Londres, il a chopé deux de ses techniciens épaule contre épaule en train de regarder le même écran. « Tu comprends, on ne peut pas se permettre de stopper la production encore une fois ! Ils sont complètement irresponsables ces deux là ! Je te les ai atomisé ! ». Une soufflante dans les règles, l’enregistrement a fuité. Tom est un peu à cran, en ce moment. D’ailleurs, il porte deux masques superposés, un chirurgical et par dessus, un noir, pour le style sans doute. En revanche, c’est dommage, mais il n’a quasiment rien dit de sa nouvelle copine, Hailey Atwell, sa partenaire de tournage. Apparemment, ils se sont pas mal rapprochés ces derniers temps, passant des heures ensemble entre deux prises, se tenant par la main mais Tom ne veut rien officialisé. Il attend d’être sûr. De quoi ? Va savoir.
Après, ce sont mes cousins (les princes) Harry et William qui sont arrivés bras dessus, bras dessous, et juste derrière eux, on entendait leurs femmes qui gloussaient dans l’ascenseur. Et ça fait plaisir parce que cette année, ils étaient particulièrement en froid. Apparemment, Harry s’est décidé à enterrer la hache de guerre, Meghan et lui ont envoyé un tas de cadeaux à leur neveux et nièce. Une attention qui a beaucoup touché William et qui réouvert le dialogue. Bonne ambiance en perspective.
Soudain, ce n’est pas la porte mais le téléphone qui sonne. Mon Grand-Père, Mick (Jagger), nous plante, il ne viendra pas finalement. A 77 ans, il a annoncé qu’il allait épouser la mère de son huitième enfant, Mélanie Hamrick. Et les femmes de la famille ont du mal à accepter la petite. Elle est sympa, mais 44 ans d’écart, ça fait beaucoup pour elles qui l’ont connu avec Bianca et Jerry, ses ex. Je les soupçonne d’être un peu jalouses aussi, parce que pour Noël, quand elles reçoivent un foulard, ou le dernier Goncourt, Mélanie, elle, vient de se faire offrir une villa en Floride. Ca peut agacer. Un peu. Non ?
Du coup, tout le monde est là, assis dans le salon. Un peu de champagne, un petit blinis, du tarama. L’absence de mon frère Bob Sinclar est largement commentée. Les réflexions sur ses drôles d’habitudes fusent : tout nu tout nu, c’est son crédo. Et quand il envoie des photos de lui à Saint Barth, c’est dans le plus simple appareil, en compagnie de sa nouvelle copine. Je ne la connais pas encore, mais ils travaillent ensemble depuis quelques temps déjà. Sur les photos (Public), elle a l’air d’avoir la même passion que lui pour l’A-poilisme ! L’histoire ne dit pas s’ils étaient seuls, ou bien si le couple avait choisi une plage naturiste, délibérément. Ma mère et sa soeur se disent outrées, mais en vrai, je pense qu’elles sont un peu amusées aussi.
Et puis, comme parfois dans les familles, quand on ne se voit pas suffisamment, les silences sont apparus au milieu de la conversation. Mais j’avais prévu le coup : tous les magazines People de la semaine étaient à portée de main, sur la table basse. Alors on s’est un peu collé, lisant à haute voix, et regardant les photos par dessus l’épaule ou se donnant des coups de coude complices, on a bien cancané :
Ma soeur a dit : « Y’a un tarif spécial pour aller à Saint Barth, cette année, ou bien ? Tout le monde y va, ça devint d’un commun. Maintenant, c’est Alexandra Sublet, en une de Closer, sur la plage. Oh ! et en plus elle part en vacances avec ses deux enfants et son ex ! Mais au moins, elle, elle n’a pas oublié son maillot à Paris ! »
Les ados ont adoré la page de comparaison entre les couples Gims/Demdem et Kanye/Kim dans Public. Les pauses lascives sur des grosses cylindrées pour les filles, l’engagement politique pour les gars (mais c’est tellement moderne cette vision du couple !) ou les trajets en jet : les photos juxtaposées sont parlantes, j’admets. Mais il faudrait rajouter un zéro au nombre de followers des frenchies pour vraiment entrer dans la compétition.
Et puis, en tournant les pages, Barth et Lucas ont demandé aussi qui était ce pépé qui descendait leurs idoles en flèche : « Fais voir ? » Oncle Tom a dit « ch’connais pas » et Jane a dit « Ben c’est Eddy ! » Eddy Mitchell, désormais véritable Tonton flingueur a décrété que la nouvelle génération, Clara Luciani, Vianney ou Kendji Girac, n’avait pas de coffre. Bang bang.
Grâce à Public, ma cousine et moi avons fait un voyage dans le passé : deux doubles pages consacrées aux Boys Band. L’hebdo donne des nouvelles de ces pauvres garçons, ringards dès leurs débuts, qui fondaient des groupes uniquement sur leurs plastiques. Les 2B3, Worlds Apart, Take That, Alliage… Mais où avions-nous la tête ? Les filles hurlaient les paroles de leurs chansons. Aujourd’hui, certains sont restés beaux, d’autres ont mal vieilli, reconvertis dans la sécurité, ou dans la télé. Sur ces ribambelles de jolis coeurs, il ne reste a que deux stars d’envergure : Mat Pokora, et Robbie Williams. Evidemment, et en totale mauvaise fois, ma cousine m’assure que c’étaient ses préférés déjà à l’époque…
Tom adore la photo de Sophie Turner avec une chèvre sur le dos. Apparement, l’actrice de Game of Thrones a essayé et adopté la nouvelle tendance du Yoga outre atlantique : exercer avec des chèvres naines autour de vous, qui sont libres de se déplacer où elles l’entendent (??). L’actrice en plein étirement, se retrouve donc avec un petit animal juché sur le dos. Mhh, l’effet thérapeutique, c’est dans le contact avec les sabots ou dans l’odeur ?? En parlant d’odeur, tu savais toi Tom, toi que Brad Pitt et Jason Priesley de Beverly Hills étaient colloc’ quand ils étaient jeunes ? Il parait qu’ils faisaient une compétition pour savoir lequel resterait le plus longtemps sans se laver, ni se raser ? Et bien, c’est Brad qui gagnait chaque fois. ça casse le mythe, hein ?
Et puis, tout en sirotant du champagne, on a dit du mal de Madonna, qui expose ses cicatrices et ses bleus post séance de ventouses, on a moqué tous les people en costumes de Noël ridicules, on a versé une larme en tombant sur la liste des disparus dans l’année, on a jalousé la taille de guêpe d’Amel Bent et les nouveaux biceps du chanteur Slimane en se goinfrant de fois gras, on a décrété que les cheveux bleus de Kylian Mbappé, c’est moche et qu’en revanche, les yeux bleus de la nouvelle Miss France, c’est beau, et puis on a félicité Céline Dion d’avoir si bien gagné sa vie cette année, malgré le confinement et les tournées annulées, et on l’a même un peu enviée intérieurement, au moment de tendre une crème pour les mains à Jane, et du chocolat Made in France à Tom…