Au départ, au départ Un homme, une rose à la main Elkabbach au placard La Bastille, la pluie qui vient Au départ, au départ La guillotine au panier Il aurait dit quelle histoire Cinquième semaine de congé
Au départ, au départ Tu sais c’est comme pour nous deux J’y croyais sans trop y croire Au départ c’est toujours mieux Et puis la rigueur, et puis Les mots qui blessent, les tensions Moi c’est moi et lui c’est lui
Et la cohabitation
Au départ, au départ C’est toujours le mois de mai Echarpe rouge et chapeau noir La lettre à tous les français Au départ, au départ Des accords à Matignon RMI, Michel Rocard Les affiches génération
Au départ, au départ Tu sais c’est comme pour nous deux J’y croyais sans trop y croire Au départ c’est toujours mieux Et puis au bord du canal Un premier mai sans raisons Nos amours se tirent une balle
Et la cohabitation
Au départ, au départ Odeur de gaz et de poudre Les matraques à Saint Bernard J’ai décidé de dissoudre Au départ, au départ C’est tout beau, c’est tout pluriel 35 heures et ça repart c’est les mariages arc-en-ciel
Au départ, au départ Tu sais c’est comme pour nous deux J’y croyais sans trop y croire Au départ c’est toujours mieux Et puis 21 avril Coup de tonnerre, de canon Nos amours qui se défilent
Fin de cohabitation Au départ, au départ Tu sais c’est comme pour nous deux J’y croyais sans trop y croire Au départ c’est toujours mieux Et puis 21 avril Coup de tonnerre, de canon Nos amours qui se défilent Fin de cohabitation
Au départ, au départ Un homme, une rose à la main Au départ, au départ La Bastille, la pluie qui vient Au départ, au départ C’est toujours le mois de mai Au départ, au départ La lettre à tous les français
ARCHIVES. 10 mai 1981 : François Mitterrand, les raisons de la victoire
La volonté de changement, la sérénité de Mitterrand, le rejet de Giscard, les réticences de Chirac ont permis l'élection d'un président socialiste, analysait L'Express.
Par Albert du Roy (en 1981)
Dans L'Express du 12 mai 1981
Quel est l'homme politique qui a dit : "Nous avons gagné, et maintenant les problèmes commencent" ? Il est 19 h 10, le dimanche 10 mai, à l'hôtel du Vieux-Morvan, à Château-Chinon. François Mitterrand, vingt et unième président de la République française, a glissé la question à l'oreille de son vieil ami Guy Ligier avant de s'isoler dans sa chambre. Une demi-heure plus tôt - les grandes villes n'avaient pas encore fini de voter - il avait accueilli par un "Bien, très bien" l'annonce des premières estimations confidentielles réalisées à partir des résultats des petites communes.
Il est 20 heures juste lorsque les Français apprennent la nouvelle. En face du Palais de l'Elysée, dans le faubourg Saint-Honoré silencieux, une fenêtre s'ouvre à la volée et un homme hurle : "Mitterrand est élu !" Devant les portes closes de la présidence, un policier confie à son collègue : "Il va y avoir du changement." A partir de cet instant, de la Bastille à la Canebière, de la place du Capitole de Toulouse aux Champs-Elysées, c'est un déferlement de joie. Voilà vingt-trois ans au moins - depuis la naissance de la Ve République - que les mêmes hommes et femmes, la gauche, avaient accueilli avec tristesse les soirées d'élections.
Les sondages avaient raison
Au même moment, au Q.G. giscardien de la rue de Marignan, on ferme les portes sur un buffet vite déserté. L'amertume a changé de camp. Huit jours avant le second tour, les sondages, dont la loi interdit la publication, mais non la réalisation, couraient le petit monde politique : ils donnaient tous Giscard battu. Et, cette fois, ne se trompaient pas. Mais jusqu'à la dernière heure, devant la course-poursuite forcenée entreprise par le président sortant, on pouvait se demander si, dans l'isoloir, un nombre suffisant de Français n'allaient pas changer d'avis, hésiter devant un geste qui engage le pays pour sept ans.
Mais non ! Valéry Giscard d'Estaing a bel et bien perdu. Plus nettement même qu'il n'avait gagné en 1974. Pourquoi cette défaite ? La victoire de Mitterrand était, d'abord, inscrite en filigrane dans les résultats du premier tour. Si le total des voix de gauche atteignait à peine 47 % , le score remarquable du candidat socialiste et l'échec flagrant de Georges Marchais interdisaient au Parti communiste de mener ouvertement une stratégie anti-Mitterrand. C'eût été suicidaire. Le P.c. a donc joué le jeu. Sans enthousiasme, certes, mais cette discrétion même était un atout pour le candidat socialiste, puisqu'elle ne permettrait pas de réveiller l'anticommunisme de la grande majorité des électeurs. On redoutait un 1er Mai de combat : il fut terne à souhait. Dès lors, il était sûr qu'il manquerait plus de voix de droite au président sortant que de voix de gauche à son adversaire.
C'est la deuxième raison de la défaite de Giscard. Ses concurrents issus de la majorité, Jacques Chirac, Michel Debré et Marie-France Garaud, avaient affiché, dans leur campagne, une telle sévérité à l'égard du bilan giscardien qu'il leur était impossible, ensuite, d'être suivis par tous leurs électeurs pour barrer la route de l'Elysée à Mitterrand. Marie-France Garaud ne les y incita même pas, puisqu'elle a voté blanc. Debré y consentit sèchement, à contrecoeur. Et si Chirac le fit par deux fois, mollement le 27 avril, avec plus de détermination le 6 mai, on devinait tant d'arrière-pensées que la mobilisation ne pouvait être totale. Elle ne le fut pas. Bernard Pons, secrétaire général du parti chiraquien, l'a reconnu en remarquant : "Les électeurs de Chirac n'étaient pas décidés à reporter leurs suffrages sur le candidat qui avait fait le même choix de société au second tour." Les militants giscardiens l'avaient bien senti qui, rue de Marignan, accueillirent l'apparition de Chirac sur les écrans par des cris : "Il ose se montrer, alors que c'est sa faute. "
Les Français tournent le dos à Giscard
La troisième raison est l'erreur stratégique commise par Giscard. Non seulement tout au long de sa campagne, mais surtout dans ses derniers jours. Devant le résultat du 26 avril, le président sortant entreprit une double action : rassembler la majorité -- on a vu que ce fut un échec -- et créer un "effet" anti-Mitterrand. Ce fut, par exemple, l'attaque violente contre le Projet socialiste ou, à un autre niveau, l'annonce par le général Alain de Boissieu, grand chancelier de la Légion d'honneur, qu'il démissionnerait si le candidat socialiste était élu. Le message était clair : la France était mise en garde contre un changement de société et contre le passage à l'anarchie. Le faible pourcentage d'électeurs flottants qui devait recevoir ce message ne l'a pas entendu. Ou n'y a pas cru. C'est là que se révèle l'efficacité de la campagne "tranquille" de Mitterrand, qui, face aux questions trop précises, aux critiques trop acerbes, réussit à ne pas se départir du "flou" dont il a entouré son programme économique.
La quatrième raison tient à Giscard lui-même. On sait que le bilan de son septennat a été jugé négatif par une majorité de Français. Mais saura-t-on jamais de quelle désaffection personnelle a souffert le président sortant ? Désaffection due à sa manière froide, voire hautaine, d'exercer le pouvoir, au comportement souvent maladroit de son entourage politique, eu poison distillé dans le pays par l'affaire des diamants. La défaite, pour lui, n'est pas tant politique que personnelle. Quant à son vainqueur, dans la déclaration faite le soir-même de Château-Chinon, il devait donner la cinquième raison de l'événement : "Les Français ont choisi le changement."
Ce que disait, au même moment, à la télévision, avec les mêmes mots, mais évidemment dans un autre esprit, Claude Labbé, président des députés R.p.r. Si la satisfaction d'avoir "changé"a lancé dans les rue des dizaines de milliers de gens, style 1936 revu 68, Ies déclarations faites le soir même par les leaders de parti évoquent plus la IVe République. Chaque phrase était calculée en fonction du jeu politique des semaines à venir. Dans la perspective de l'échéance fixée par le nouveau président : les élections législatives de la fin de juin.
Voici d'abord Giscard : "Je continuerai, bien entendu, à défendre les intérêts essentiels de notre pays." Est-ce l'annonce que le président battu, surmontant instantanément la défaite, se prépare à la prochaine bataille ? Cette ambition, si elle se confirme, risque de provoquer une querelle de légitimité avec l'autre grand patron de ce qu'il faut désormais s'habituer à appeler "l'opposition" : Jacques Chirac. Lui aussi s'est "placé" , le soir même, pour demain, par un appel solennel aux électeurs "à se rassembler sans esprit partisan et à marquer avec cohésion et détermination leur volonté". On ne peut plus nettement prétendre au rôle de chef !
Le premier que cet appel agaça fut le président de l'autre fraction de l'ex-majorité, Jean Lecanuet, U.d.f., qui lâcha amèrement : "Chirac n'est pas le mieux placé pour assurer le rôle de rassembleur." Si Chirac ne l'est pas, qui l'est ? Le vaincu du 10 mai ?
Le PC en embuscade
Les incertitudes politiques qui minent la droite depuis cinq ans n'ont pas été gommées, à gauche, par la victoire. Au contraire. Elles surgissaient en arrière-plan des commentaires. Et d'abord au P.c., où l'annonce du résultat fut accueillie par la clameur des militants présents : "Des ministres communistes !" "Nous sommes prêts à prendre toutes nos responsabilités !" télégraphiait Marchais à Mitterrand. Puis, devant les caméras, il affirmait : "Pour se réaliser, le changement a absolument besoin du P.c." Et il faisait aussitôt savoir aux dirigeants socialistes qu'il était prêt à discuter d'un "contrat de gouvernement". Même si Paul Quilès, secrétaire national du P.s., accueillait les propos du chef communiste d'un "Impeccable, parfait !" fort optimiste, la pression du P.c. risque de faire souffrir le P.s. dans les semaines qui viennent.
A l'intérieur du P.s. aussi, une pression s'amorce : celle de Michel Rocard. Le grand absent de la campagne - il n'apparut qu'in extremis sur le devant de la scène, pour contrer l'opération anti-Projet socialiste de Giscard - n'a pas perdu plus de dix minutes, après la proclamation du résultat, pour se placer sur une orbite originale : "Je n'oublierai pas, dit-il d'emblée, de son fief de Conflans-Sainte-Honorine, que des millions de femmes et d'hommes sont déçus et inquiets, et je sais qu'il appartient à François Mitterrand et aux socialistes de lever leur inquiétude." Aucun autre dirigeant socialiste, dans la soirée, ne s'adressera ainsi, directement, aux vaincus pour leur assurer qu'on penserait aussi à eux. Rocard, quelques instants plus tard, était noyé dans la foule du siège du P.s. rue de Solférino, embrassé par ses censeurs les plus acides, applaudi par tous. Bref, récupéré, banalisé.
Le troisième tour de l'élection présidentielle - les législatives - a donc commencé. Il se conclura vite : dans sept semaines. Les partis auront-ils, en si peu de temps, la volonté de sortir des ornières où, de part et d'autre, ils se sont embourbés ? "Il faut un président à la France", rappelaient les affiches. Elle en a un. Il lui reste à choisir une majorité de gouvernement.
Chacun a son musée imaginaire. À l’heure où rouvrent les musées, nous vous proposons le nôtre, au gré d’une déambulation picturale subjective en cinq volets. Aujourd’hui, un voyage dans la peinture de genre montrant des scènes familières et anecdotiques, apparue au XVIe siècle en Hollande avec Bosch et Bruegel ; et la peinture de grand genre, ou peinture d’histoire, comprenant les sujets historiques et mythologiques. Depuis la Renaissance et le classement hiérarchique de Leon Battista Alberti, et comme l’indique l’adjectif qualificatif, la seconde domine la première. Au XVIIe siècle, les académies européennes de peinture reprendront cette distinction. Puis ce sera au tour des Salons d’avantager le grand genre au détriment du (petit) genre et des tableaux de chevalet. Diderot jugeait « superflues » ces divisions académiques que la Révolution française fragilisa par la suite. Elles demeurent pourtant jusqu’à la fin du XIXe siècle (l’impressionnisme, du point de vue institutionnel, n’existe pas face aux grands peintres d’histoire pompiers) et disparaissent au XXe siècle. Reste à savoir si l’art actuel commentant et critiquant l’actualité, défendu par l’institution, placé lui aussi au sommet de la hiérarchie artistique, n’est pas la forme contemporaine et académique de la scène de genre. > > Lire l’article
Cent tableaux à voir et à revoir, toute la semaine sur Télérama.fr : chaque jour, découvrez un volet de notre « musée rêvé », accompagné d’un tableau commenté en vidéo.
Bicentenaire de Napoléon: 10 mai 1796, la gloire en Italie
Après avoir écrasé les Sardes, Napoléon remporte à Lodi une victoire éclatante sur les Autrichiens.
Par Jean Tulard La page corse est tournée. Bonaparte se retrouve projeté dans l'histoire d'une Révolution qu'il a jusqu'alors dédaignée. Il réintègre une armée qui n'est plus royale mais révolutionnaire. Il devient montagnard, la cause fédéraliste s'étant confondue avec un Paoli désormais honni.
Le voilà capitaine d'artillerie, assiégeant en septembre 1793 Toulon avec l'armée de la Convention. C'est là que se révèle son génie militaire. Ses canons précipitent la chute du port alors aux mains des royalistes et des Anglais. L'époque est aux promotions foudroyantes. En récompense, le 22 décembre 1793, il est nommé général de brigade. Mais il doit cette nomination au frère de Robespierre. La chute de l'Incorruptible le 9 Thermidor (27 juillet 1794) lui vaut dès lors d'être destitué et, un temps, mis en état d'arrestation. S'est-il à nouveau trompé dans son choix ?
En proie aux difficultés financières, il est à Paris à la recherche d'un commandement lorsque la Convention doit faire face à une insurrection royaliste. Barras, qui défend l'Assemblée, sollicite les généraux républicains qui se trouvent dans la capitale. Parmi eux, ce Bonaparte qu'il a rencontré lors d'une mission dans le Midi. Les canons du jeune général vont une nouvelle fois faire merveille le 13 Vendémiaire (5 octobre 1795) alors que la Convention est cernée par 25 000 insurgés. Bonaparte n'avait pas assisté en vain à la prise des Tuileries, le 10 août 1792. Il avait été marqué par la violence et l'efficacité de l'émeute. Il empêche cette fois la concentration des sections contre-révolutionnaires en interdisant les avenues donnant accès au quartier par des pièces d'artillerie. Il y est aidé par un jeune chef d'escadrons : Joachim Murat. Sans doute ne canonnent-ils pas la foule sur les escaliers de Saint-Roch, comme le prétendra la légende (la topographie des lieux s'y oppose), mais ils dispersent sans faiblesse les émeutiers. Il n'y aura pas de restauration monarchique. La place est libre pour le Directoire. Paris, selon le mot de Michelet, va redevenir très gai.
Bonaparte est pour la première fois dans le camp des vainqueurs. Il y a gagné la main d'une ancienne maîtresse de Barras, Joséphine de Beauharnais, et le commandement de l'armée d'Italie qui doit faire une manœuvre de diversion quand les armées de Sambre-et-Meuse (sous Jourdan) et du Rhin (sous Moreau) porteront les coups décisifs aux Autrichiens et marcheront sur Vienne. Ce commandement, Bonaparte l'a passionnément souhaité, car il avait déjà élaboré plusieurs plans d'invasion de la péninsule sous Robespierre.
Le 26 mars 1796, il est à Nice. Le lendemain, il reçoit les généraux placés sous ses ordres : Masséna, Augereau, Laharpe et Sérurier. Ils ont mal accueilli sa nomination : ce général ne compte à son actif qu'une opération peu glorieuse de maintien de l'ordre, il est nouveau sur les champs de bataille de l'Europe. Masséna le considère comme un intrigant, Augereau le tient pour un imbécile. La légende veut que, d'un seul regard, il les ait subjugués. Autre légende : le dénuement de l'armée d'Italie, qui a été exagéré. Dernière légende : la fameuse proclamation que lui aurait adressée Bonaparte : « Soldats, vous êtes nus, mal nourris ; le gouvernement vous doit beaucoup, il ne peut rien vous donner. (…) Je veux vous conduire dans les plus fertiles plaines du monde. (…) vous y trouverez honneur, gloire et richesses. » Rien de tout cela n'est vrai. La harangue date de Sainte-Hélène.
En face, l'armée austro-sarde compte 80 000 hommes contre à peine 60 000 pour les Français, mais elle est commandée par des généraux âgés : Beaulieu a soixante-dix ans, Wurmser soixante et onze. Bonaparte, comme Joubert, en a vingt-six. Il va appliquer là, d'emblée, ce qui va devenir son principe favori : la surprise. Elle repose sur la rapidité de ses déplacements, et la concentration de ses forces pour affronter les uns après les autres sans se disperser ses adversaires. Il surgit par le col de Cadibone le 11 avril 1796, entre les forces autrichiennes et l'armée sarde, et en trois jours les sépare. Il repousse les Autrichiens à Montenotte le 12 avril, écrase sur sa gauche les Sardes à Millesimo le 13 puis sur sa droite les Autrichiens à Dego le 15. Déjà très éprouvés, coupés des Autrichiens, les Sardes sont enfin anéantis à Mondovi le 21 avril et poursuivis jusqu'à Turin.
Bicentenaire de Napoléon: 10 mai 1796, la gloire en Italie
WEBSÉRIE 2/12 -Le Figaro Hors-Série consacre un numéro exceptionnel à Napoléon Bonaparte. Après avoir écrasé les Sardes, Napoléon remporte à Lodi une victoire éclatante sur les Autrichiens.
Par Jean Tulard
Publié
La page corse est tournée. Bonaparte se retrouve projeté dans l'histoire d'une Révolution qu'il a jusqu'alors dédaignée. Il réintègre une armée qui n'est plus royale mais révolutionnaire. Il devient montagnard, la cause fédéraliste s'étant confondue avec un Paoli désormais honni.
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Le voilà capitaine d'artillerie, assiégeant en septembre 1793 Toulon avec l'armée de la Convention. C'est là que se révèle son génie militaire. Ses canons précipitent la chute du port alors aux mains des royalistes et des Anglais. L'époque est aux promotions foudroyantes. En récompense, le 22 décembre 1793, il est nommé général de brigade. Mais il doit cette nomination au frère de Robespierre. La chute de l'Incorruptible le 9 Thermidor (27 juillet 1794) lui vaut dès lors d'être destitué et, un temps, mis en état d'arrestation. S'est-il à nouveau trompé dans son choix ?
En proie aux difficultés financières, il est à Paris à la recherche d'un commandement lorsque la Convention doit faire face à une insurrection royaliste. Barras, qui défend l'Assemblée, sollicite les généraux républicains qui se trouvent dans la capitale. Parmi eux, ce Bonaparte qu'il a rencontré lors d'une mission dans le Midi. Les canons du jeune général vont une nouvelle fois faire merveille le 13 Vendémiaire (5 octobre 1795) alors que la Convention est cernée par 25 000 insurgés. Bonaparte n'avait pas assisté en vain à la prise des Tuileries, le 10 août 1792. Il avait été marqué par la violence et l'efficacité de l'émeute. Il empêche cette fois la concentration des sections contre-révolutionnaires en interdisant les avenues donnant accès au quartier par des pièces d'artillerie. Il y est aidé par un jeune chef d'escadrons : Joachim Murat. Sans doute ne canonnent-ils pas la foule sur les escaliers de Saint-Roch, comme le prétendra la légende (la topographie des lieux s'y oppose), mais ils dispersent sans faiblesse les émeutiers. Il n'y aura pas de restauration monarchique. La place est libre pour le Directoire. Paris, selon le mot de Michelet, va redevenir très gai.
Bonaparte est pour la première fois dans le camp des vainqueurs. Il y a gagné la main d'une ancienne maîtresse de Barras, Joséphine de Beauharnais, et le commandement de l'armée d'Italie qui doit faire une manœuvre de diversion quand les armées de Sambre-et-Meuse (sous Jourdan) et du Rhin (sous Moreau) porteront les coups décisifs aux Autrichiens et marcheront sur Vienne. Ce commandement, Bonaparte l'a passionnément souhaité, car il avait déjà élaboré plusieurs plans d'invasion de la péninsule sous Robespierre.
Le 26 mars 1796, il est à Nice. Le lendemain, il reçoit les généraux placés sous ses ordres : Masséna, Augereau, Laharpe et Sérurier. Ils ont mal accueilli sa nomination : ce général ne compte à son actif qu'une opération peu glorieuse de maintien de l'ordre, il est nouveau sur les champs de bataille de l'Europe. Masséna le considère comme un intrigant, Augereau le tient pour un imbécile. La légende veut que, d'un seul regard, il les ait subjugués. Autre légende : le dénuement de l'armée d'Italie, qui a été exagéré. Dernière légende : la fameuse proclamation que lui aurait adressée Bonaparte : « Soldats, vous êtes nus, mal nourris ; le gouvernement vous doit beaucoup, il ne peut rien vous donner. (…) Je veux vous conduire dans les plus fertiles plaines du monde. (…) vous y trouverez honneur, gloire et richesses. » Rien de tout cela n'est vrai. La harangue date de Sainte-Hélène.
En face, l'armée austro-sarde compte 80 000 hommes contre à peine 60 000 pour les Français, mais elle est commandée par des généraux âgés : Beaulieu a soixante-dix ans, Wurmser soixante et onze. Bonaparte, comme Joubert, en a vingt-six. Il va appliquer là, d'emblée, ce qui va devenir son principe favori : la surprise. Elle repose sur la rapidité de ses déplacements, et la concentration de ses forces pour affronter les uns après les autres sans se disperser ses adversaires. Il surgit par le col de Cadibone le 11 avril 1796, entre les forces autrichiennes et l'armée sarde, et en trois jours les sépare. Il repousse les Autrichiens à Montenotte le 12 avril, écrase sur sa gauche les Sardes à Millesimo le 13 puis sur sa droite les Autrichiens à Dego le 15. Déjà très éprouvés, coupés des Autrichiens, les Sardes sont enfin anéantis à Mondovi le 21 avril et poursuivis jusqu'à Turin.
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Le souverain du Piémont-Sardaigne signe la paix le 15 mai et reconnaît par le traité de Paris l'attribution de la Savoie et du comté de Nice à la France. Il faut maintenant affronter à nouveau les Autrichiens de Beaulieu. Celui-ci a pour principal souci de défendre Milan. Bonaparte franchit le Pô à Plaisance le 7 mai. L'affrontement a lieu à Lodi. Beaulieu a abandonné la ville aux Français pour se replier sur la rive gauche de l'Adda, de l'autre côté d'un pont vétuste qu'il n'a pas pu détruire. Au terme d'une bataille acharnée, les Français le franchissent. L'armée de Beaulieu bat en retraite. La route de Milan est ouverte. Bonaparte y fait une entrée triomphale immortalisée par Stendhal dans La Chartreuse de Parme : « Le 15 mai 1796, le général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait de passer le pont de Lodi, et d'apprendre au monde qu'après tant de siècles César et Alexandre avaient un successeur. » Une légende est, de fait, en train de naître. « Après Lodi, dira plus tard Napoléon, je me regardai non plus comme un simple général mais comme un homme appelé à influer sur le sort d'un peuple. »
commentaires
le 14/04/2021 à 01:23
La grande majorité des guerres napoléoniennes ont être déclarées par les ennemis de la France et financées par les Anglais.
le 14/04/2021 à 01:22
Vive l’Empereur qui a sauvé la révolution et a propagé les idées révolutionnaires dans toute l’Europe.
le 13/04/2021 à 22:19
Lodi ... Après Waterloo, des milliers de soldats français se sont enfuis en Amérique. Des villes américaines portent les noms de victoires, notamment Lodi, en Californie. Vous avez aussi un Marengo dans l'Illinois. Credence Clearwater Revival a écrit en 1969 une chanson intitulée "Lodi", qui se prononce "low-die", un nom fort pessimiste. vous pouvez l'écouter sur YT.
le 14/04/2021 à 01:23
La grande majorité des guerres napoléoniennes ont être déclarées par les ennemis de la France et financées par les Anglais.
le 14/04/2021 à 01:22
Vive l’Empereur qui a sauvé la révolution et a propagé les idées révolutionnaires dans toute l’Europe.
le 13/04/2021 à 22:19
Lodi ... Après Waterloo, des milliers de soldats français se sont enfuis en Amérique. Des villes américaines portent les noms de victoires, notamment Lodi, en Californie. Vous avez aussi un Marengo dans l'Illinois. Credence Clearwater Revival a écrit en 1969 une chanson intitulée "Lodi", qui se prononce "low-die", un nom fort pessimiste. vous pouvez l'écouter sur YT.