jeudi 13 mai 2021

QUELLE ASCENSION...

 


Napoléon, le petit Corse devenu Empereur

Napoléon



Quel roman que ma vie !' A sa mort en 1821, la légende - noire ou dorée - de Napoléon Bonaparte est déjà en marche. Celle du 'petit caporal' corse devenu l'Empereur d'un vaste territoire, jusqu'à la chute ultime de Waterloo.



"Vivant, il a manqué le monde ; mort, il l'a conquis", disait Chateaubriand de ce Français au destin hors norme, qui a su profiter de l'écroulement de l'Ancien Régime et du tumulte de la Révolution française pour se hisser, dans l'imaginaire collectif, parmi les plus grands héros de l'Histoire.

Adoré ou abhorré, concentré de passions françaises, il est tantôt "l'Aigle", brillant stratège, tantôt "l'Ogre" guerrier, misogyne et qui a rétabli l'esclavage. Propagateur, en conquérant l'Europe, des acquis de 1789 ou au contraire fossoyeur d'une démocratie naissante. "Il n'y a pas un", résume à l'AFP l'historien Jean Tulard, "mais deux personnages: on a Bonaparte héros de la République et Napoléon qui crée l'Empire et rétablit une monarchie héréditaire". Né le 15 août 1769 à Ajaccio, au lendemain de l'annexion française, il est le deuxième enfant d'une famille de la noblesse insulaire désargentée.

Premier Consul auto-couronné

Son ascension est celle d'un homme "qui sait profiter des circonstances en ayant toujours la volonté de réussir et ce que Machiavel appelait la "virtù", c'est-à-dire à la fois les qualités requises mais aussi de la chance", explique Thierry Lentz, qui dirige la Fondation Napoléon.

A 10 ans, il parle à peine le français. A 20, quand éclate la Révolution, le sous-lieutenant d'artillerie va gravir à toute vitesse les échelons. Promu général à 24 ans puis général en chef de l'armée de l'Intérieur à 26, il est déjà en vue sous le Directoire. "Il est vraiment insaisissable. De très banal de caractère, il devient d'un coup complètement exceptionnel", note l'historien Charles-Eloi Vial.

Il s'éprend follement de la veuve d'un vicomte guillotiné, Joséphine de Beauharnais. L'épouse dans la foulée avant d'aller mener, sabre au clair, la campagne d'Italie. Le début de son épopée. Il remporte victoire sur victoire et, surtout, le fait savoir dans la presse : "Bonaparte vole comme l'éclair et frappe comme la foudre".

Héros après le Pont d'Arcole, il gagne encore en popularité pendant la campagne d'Egypte. "C'est un propagandiste de génie. Aucun, à ce jour, ne l'égale", juge Tulard. "Avec le bicorne "en bataille" et son manteau", ajoute Vial, "il crée son personnage à la silhouette immédiatement reconnaissable". Homme-clé du coup d'Etat du 18 brumaire (9 novembre 1799), il rafle la mise en s'emparant du Consulat avant de confisquer le pouvoir comme Premier consul "à vie".

En 1802, lors de la - brève - trêve avec les Anglais, il récupère la Martinique. L'esclavage y est en vigueur alors qu'il vient d'être aboli en Guadeloupe. L'alignement se fera... sur la Martinique. "Napoléon a l'ordre des sexes, des classes et des races chevillé au corps. Il a une dimension raciste", affirme l'historienne Mathilde Larrère. Pas d'accord, Thierry Lentz juge que l'esclavage, alors généralisé, est rétabli par "pragmatisme économique".

Bourreau de travail, Napoléon parachève l'Etat moderne, centralisé, et promulgue en 1804 le Code civil, son chef-d'oeuvre, qui lui a survécu. Le despote amplifie le culte de la personnalité et se couronne lui-même Empereur des Français le 2 décembre 1804, en grande pompe, à Notre-Dame. Tout lui réussit, notamment sur les champs de bataille. Comme à à la bataille d'Austerlitz, un an jour pour jour après son sacre: "la plus belle victoire de notre histoire", pour Tulard; il est le "dieu de la guerre", s'incline alors le général prussien Clausewitz.

Mais c'est un colosse aux pieds d'argile. A son apogée - il porte la France à son extension maximale, avec 88 millions d'âmes en 1811 -, la machine se dérègle. Grisé, Napoléon ne sait pas lever le pied au traité de Tilsit (1807). La campagne d'Espagne marque le début de la fin. "Il lui manque la capacité de se projeter en temps de paix et de stabiliser ce qu'il a créé. Il ne prend plus que de mauvaises décisions", dit Thierry Lentz.

Autour de lui, on s'alarme. "L'Empereur est fou, tout à fait fou et tout cela finira par une épouvantable catastrophe", prédit dès 1809 un ministre. Napoléon a mis la France au pas et instauré un Etat policier mais a parfois la main qui tremble, comme avec Fouché et Talleyrand, qui complotent. "Tu humilies trop et ne punis pas assez", l'avait averti Joséphine avant sa répudiation.

Elbe puis Sainte-Hélène

Empâté, il est divisé entre une vie bourgeoise aux Tuileries avec sa seconde épouse Marie-Louise, qui lui a donné l'héritier tant attendu, et des offensives en Russie qui laissent le pays et ses finances exsangues. L'Europe coalisée l'étrangle. Poussé à l'abdication le 6 avril 1814, Napoléon est exilé sur l'île d'Elbe, face à sa Corse natale.

Il ne ronge pas son frein longtemps et part à la reconquête de son trône, occupé par Louis XVIII. Après un débarquement surprise à Golfe-Juan et une remontée expresse du pays à cheval, le voilà revenu au pouvoir, sans coup férir, le 20 mars 1815.

Un succès bancal. Les alliés reprennent les armes, les armées napoléoniennes ne font plus le poids et sont battues lors de la bataille de Waterloo. C'est la fin des Cent-Jours, Napoléon abdique à nouveau, le 22 juin : "je m'offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France". Cette fois, les Anglais le neutralisent définitivement en le déportant aux antipodes. Sur un caillou perdu dans l'Atlantique sud: Sainte-Hélène, l'île-prison, où Las Cases rédige "Le Mémorial", bréviaire du bonapartisme. Malade, l'empereur déchu meurt le 5 mai 1821. Il a demandé à reposer sur les bords de Seine. Dernières volontés exaucées 20 ans après, aux Invalides, lors de funérailles grandioses.

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GEO (avec AFP)

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mercredi 12 mai 2021

POUR QUE SURVIVE NOTRE JEUNESSE

 Parents, grands-parents, je lance un appel : je vous demande de faire pour la jeunesse ce que d'autres, avant nous, avant vous, ont fait pour la vieillesse. 


https://francoisruffin.fr/jeunesse-appel/


C’est aux parents et aux grands-parents que je m’adresse, c’est à vous, pour vos enfants, pour vos petits-enfants, que je lance un appel. Et j’irai droit à l’essentiel.

Dans l’épreuve que traverse notre nation, vous avez une dette envers la jeunesse.
Depuis l’an dernier, pourquoi les jeunes sont-ils confinés ? Pourquoi a-t-on fermé leurs universités ? Pourquoi leur a-t-on imposé enfermement et couvre-feu ? Pour vous protéger, vous, leurs ainés, les plus âgés, et ce sacrifice, les jeunes l’ont largement accepté.

Mais c’est un sacrifice.
D’après Santé Publique France, un jeune sur trois est en dépression, la moitié se disent inquiets pour leur santé mentale, 20 % ont des idées suicidaires.

Et comment sont-ils remerciés ? Comment les récompense-t-on pour leur civisme, pour leur altruisme ? En leur imposant une double peine : c’est eux, qui vont payer, qui paient déjà, la crise sociale.

Le retour des soupes populaires

Les images ont frappé, glacé : ces files de jeunes gens, des queues infinies, des centaines de mètres, pour aller quérir un colis alimentaire, le soir, dans la rue ou dans un gymnase, à l’occasion d’une distribution caritative…

Qui n’est pas stupéfait par cette vision ? Qui ne retrouve pas, comme en un écho visuel, le souvenir de ces clichés en noir et blanc aperçus dans les manuels d’histoire, au chapitre de la grande dépression, prises aux Etats-Unis lors des soupes populaires ?

Mais il ne s’agit pas des années 30, là, ni de la lointaine Amérique. Il s’agit de notre pays, aujourd’hui, au XXIe siècle, et c’est l’avenir de notre Nation qui est réduit à la mendicité.

Comment y répond-on ?

La générosité comme palliatif

L’Etat se met à la bienfaisance, avec des aumônes : 150 € en juin, 200 € en octobre. Et partout, pour les jeunes, ce sont des appels à dons, des cagnottes sur Leetchi, des collectes dans les supermarchés, des caddys remplis de raviolis, de conserves, de sachets de purée. Chacun y va de sa bonne action.

Moi-même j’y participe, à Amiens, avec le restaurateur Thierry Martin et ses copains, qui préparent des repas quotidiens, avec ma permanence de député submergée, de la cave à l’entrée, jusqu’au canapé, par les cartons de tampons hygiéniques, gels douches, tubes de dentifrice… C’est formidable, non, cette générosité ?

Eh bien non. C’est lamentable, cette générosité.

Car à qui accorde-t-on notre charité ? Ce n’est plus à des continents lointains, après une famine, un tremblement de terre, un tsunami. Ce n’est même plus aux pauvres de chez nous, aux découragés, aux relégués de l’emploi. Non, c’est à nos étudiants, à nos jeunes, et il faudrait s’applaudir, applaudir ce scandale ?

Ce rapport, je l’ai mené en reporter, avec les ministères, certes. Mais surtout, d’un Foyer de jeunes travailleurs à une résidence universitaire, d’une Maison familiale rurale à une Mission locale, des sortants de l’Aide sociale à l’enfance au Mouvement des jeunes chrétiens…

« La peur de ne pas y arriver »

Avec, partout, des témoignages vibrants.

Des témoignages sur la peur, je cite, « la peur de ne pas y arriver, de ne pas payer son loyer, la peur de ne plus avoir, la peur de ne pas manger, la peur de l’été qui arrive, de la bourse qui ne sera plus versée. »

Des témoignages sur la faim : « Je ne mange qu’un repas par jour, soit le matin, soit le soir. Je suis allée deux fois aux Restos du Cœur, mais comme il y avait une queue monstre, là-bas je suis partie… »

Des témoignages de découragement, surtout, ce désarroi qui saisit Laurelyne : « La seule solution, c’est de faire des gosses. Ma sœur, elle a 19 ans, elle vient de faire un gosse. Je lui ai dit, ‘c’est bon, maintenant t’auras droit aux allocs…’ »

Des témoignages sur un rétrécissement, sur des existences qui se rétractent, recroquevillées sur la pauvreté : « Je ne suis jamais parti en vacances de ma vie, rapporte Rachid. C’est un exemple bête, mais je ne connais rien à part mon quartier, rien du tout. Ma vie, c’est quoi? Je me réveille le matin, je sors, je passe la journée dehors, je rentre. Je n’avance pas. Et ça c’est triste. »

J’en ai des kilomètres de témoignages. Mais à la place, je vous propose un symbole, juste un. Cette petite boite. C’est Maxime qui me l’a remise.

Un Etat qui bricole

Lui étudie en Master de psychologie à l’Université de Picardie. Ses parents ne peuvent pas l’aider, « zéro, zéro », me dit-il, sauf à l’occasion un sac de courses. Il perçoit 100 € de bourse, 150 € d’APL, voilà qui ne couvre pas son loyer. Cette année, il effectue son stage, obligatoire, dans un centre de pédopsychiatrie, du lundi au vendredi, parfois le samedi. Ce stage est non-rémunéré. Et impossible, à côté, d’occuper un petit boulot.

Il n’y a pas de beurre dans les épinards. Il n’y a ni beurre ni épinard : « Depuis que je suis à la fac, je ne mange plus de viande, plus de poissons, plus de légumes frais. C’est mieux de prendre des paquets de pâtes au Leclerc. » Son logement engloutit tout le budget. Le cinéma, le théâtre, les concerts, il ne connaît pas. Lui qui brillait au saut en longueur, il a arrêté le sport : sa licence d’athlétisme lui coûtait trop cher.

« Mais le pire, me confie-t-il, le pire, c’est la santé. Je suis malentendant. J’ai mes appareils auditifs ici. Mais ça a un coût. C’est 100 € par mois d’entretien, et je ne peux plus les mettre. Avant, c’était à demi-remboursé. Maintenant, ce n’est plus du tout remboursé par la Sécu. Ils estiment que mon handicap n’est pas assez grand. Du coup, je ne les porte plus.

Et en plus, avec les masques, moi qui avais l’habitude de lire sur les lèvres, je ne peux plus. Donc mon handicap, que je masquais, je suis maintenant obligé de l’avouer. Je demande aux gens de répéter, même à la caissière du supermarché, l’autre fois. Je vois des soupirs. Je surprends des « il est sourd, celui-là », eh bien oui. En stage, là, c’est infernal, je leur fais répéter tout le temps. »

Le choix de l’Etat : maltraiter la jeunesse

Ce cas, nous l’avons présenté à Sarah El Haïry, secrétaire d’Etat à la jeunesse : comment Maxime peut-il s’en sortir ? « Maxime, moi j’ai deux conseils à  lui donner, nous a-t-elle répondu. D’un côté, c’est de demander le fonds d’urgence auprès du Crous. Donc, ça ferait le versement de 100 euros par mois en plus. Et de l’autre côté, parce qu’il fait des études hyper-utiles, humainement et socialement, il pourrait aujourd’hui, Maxime, faire une mission de service civique. C’est 680 euros par mois sur les douze prochains mois. »

Je suis retourné vers Maxime, avec ces suggestions ministérielles : « L’aide exceptionnelle, je l’ai demandée et obtenue… mais c’est 100 € par an, et non par mois ! Autrement dit, une aumône. Et pour le service civique, il faudrait donc que je mène ça en parallèle de mon stage, de mes études. J’ai déjà fait plusieurs demandes, toutes refusées : les administrations, ou les associations, qui pourraient me recruter, quand je les contacte, elles privilégient les jeunes avec plus de temps libre, et je les comprends.

Mais quand même, tient-il à ajouter : la ministre me paraît à côté de la plaque. Elle ne connaît pas la réalité. Elle croit ses dispositifs magiques, universels… »

La secrétaire d’Etat bricole, avec des bouts de service civique par-ci et de contrat par-là.
Le gouvernement bricole depuis un an.
L’Etat bricole depuis trente ans.
Et c’est un choix, c’est un choix politique, d’être à côté de la plaque.
C’est le choix de faire souffrir notre jeunesse, c’est le choix de maltraiter la jeunesse dans la durée.

L’aveu de Macron

Quand, dans L’Opinion, la semaine dernière, Emmanuel Macron fait paraître une tribune, quand il écrit : « Nous travaillons pour qu’en avril 2025, puisse paraître une Une sur notre jeunesse qui aurait tourné la page », ça se veut de l’empathie, ça se veut une espérance, mais c’est tout l’inverse : c’est un aveu ! quatre ans ! Quatre ans ! Les jeunes devront attendre quatre ans, en suer durant jusque 2025, pour « tourner la page » !

Quand l’Etat veut, pourtant, l’Etat peut. Dès le premier confinement, dès le premier jour, l’an dernier, pour les entreprises, pour toutes les entreprises du pays, pour leurs salariés, l’Etat a dressé un filet de sécurité. Avec deux mesures, deux mesures d’ampleur, deux mesures simples, sans critère et sans condition, qui valaient pour la PME du coin comme pour la multinationale : le chômage partiel et le prêt garanti. Un vaste filet de sécurité, et je ne le conteste pas ici.

Mais pour les jeunes, rien. Rien pendant un an. Rien sauf des aumônes. Et quand le scandale est devenu trop criant, trop évident, l’Etat a bidouillé des « dispositifs », des « dispositifs » avec des critères et des conditions, cette fois, des « dispositifs » avec des trous partout, des « dispositifs » même pas financés, sans enveloppe, des « dispositifs » bidons. Mais tout, pour les jeunes, tout, sauf un vaste filet de sécurité.

Un filet de sécurité sociale pour les jeunes

C’est ce filet de sécurité que je viens réclamer ici. Le minimum du minimum. Avec une idée guère originale, plus que banale, mais de bon sens, une évidence : dans notre pays, la majorité politique est à dix-huit ans : un Français peut voter. Dans notre pays, la majorité pénale est à dix-huit ans : un Français peut aller en prison. Pourquoi la majorité sociale n’est-elle pas à dix-huit ans ? Pourquoi, jusque vingt-cinq ans, les jeunes sont-ils exclus du RSA ? Pourquoi cette discrimination par l’âge ?

Quelle décision politique étrange, tout de même, et qui dure : une mesure supposée lutter contre la pauvreté écarte… les plus frappés par cette pauvreté ! Elle évite ce qui devrait être sa première cible !

Mais au-delà, parents, grands-parents. Je vous demande de faire pour la jeunesse ce que d’autres, avant vous, avant nous, ont fait pour la vieillesse.

Après la Seconde Guerre mondiale, dans une France exsangue, qu’ont décidé nos anciens ? De mettre en place « un vaste plan de sécurité sociale »avec notamment les retraites, avec le minimum vieillesse. Et ce fut un miracle : depuis des millénaires, vieillesse signifiait pauvreté dans les milieux populaires. On vieillissait, quand on avait la chance de vieillir, au crochet de ses enfants, ou de la charité. C’était la norme, qui appartenait au paysage. Et voilà qu’en trente ans, cette malédiction séculaire fut brisée : le taux de pauvreté chez les personnes âgées fut divisé par quatre, il a glissé sous la moyenne nationale. Et pourquoi, comment ? Parce qu’on est passé d’une solidarité familiale à une solidarité nationale, à une solidarité sociale.

Sortir les jeunes de la pauvreté : appel aux parents et grands-parents

C’est le même mouvement qu’il nous faut poursuivre, aujourd’hui, pour la jeunesse. Car les statistiques se sont inversées : c’est chez les jeunes, désormais, que la pauvreté est massive, quatre fois plus élevée que chez les retraités. C’est chez les jeunes, désormais, que cette pauvreté est devenue la norme, qui ne choque plus, qui appartient au paysage. Et ce sont les jeunes, désormais, qui vivent au crochet de leurs familles, un peu ou beaucoup, selon les fortunes : pour les plus aisés, leur loyer est payé, pour les autres, ils sont dépannés d’un sac de courses.

Cette solidarité familiale, inégale, ne suffit pas : là encore, il nous faut aller vers une solidarité sociale, une solidarité nationale. Il nous faut un socle offert à toutes, à tous, pour se former, pour se loger, pour se soigner, pour découvrir notre pays, pour s’envoler du nid, sans une aile cassée, sans un plomb à la patte.

C’est dans la pire des épreuves à la sortie de la nuit nazie que notre pays s’est grandi. A notre tour dans l’épreuve que traverse notre nation à notre tour de nous grandir pour notre jeunesse pour nos enfants pour nos petits-enfants.

Aller plus loin : « Un an qu’ils crèvent de faim et vous vous arrivez les mains dans les poches ! »

12 MAI...

 

















PLOUMANAC'H

 


Le pardon de Saint-Guirec annulé

Traditionnellement organisé le jeudi de l'Ascension, le pardon de Saint-Guirec, à Perros-Guirec, est une nouvelle fois annulé.

A Perros-Guirec, l’oratoire et les vieux gréements sont parés de drapeaux à l’occasion du pardon de Saint-Guirec.
A Perros-Guirec, l’oratoire et les vieux gréements sont parés de drapeaux à l’occasion du pardon de Saint-Guirec. (©Le Trégor)

Traditionnellement, à l’Ascension, le pardon de Saint-Guirec réunit habitants de Perros-Guirec, vacanciers et gens de mer pour une célébration et une procession dans l’anse de Saint-Guirec. Un moment fort de la vie religieuse, mais également de la vie locale pour les habitants de Ploumanac’h, qui restent particulièrement attachés à cette tradition.

Comme l’an passé l’Association pour le pardon de Saint-Guirec s’est pourtant vue dans l’obligation de l’annuler pour raisons sanitaires.

Visites de la chapelle

Ce jeudi 13 mai, la chapelle sera ouverte et fleurie, mais les visites, avec port du masque obligatoire, seront limitées et réglementées. L’enclos est assimilé à un espace public comme le sentier des douaniers, avec les mêmes règles sanitaires.


mardi 11 mai 2021

BOB MARLEY L'AFRICAIN 🎵🎶🎶🎼🎙🎵🎼🎵

 

DISPARU À 36 ANS LE 11 MAI 1981, SA MORT EST PASSÉE PRESQUE INAPERÇUE...




Bob Marley 

ENTRETIEN. Alain Gardinier : « Bob Marley est le plus universel des musiciens »

Décédé il y a quarante ans des suites d’un cancer, le musicien jamaïcain garde une aura resplendissante. Entretien avec le journaliste Alain Gardinier, qui lui consacre un beau livre.

Robert Nesta Marley (1945-1981), l’artiste le plus célèbre d’une Jamaïque qui n’a pas manqué de musiciens exceptionnels, est une icône populaire qui symbolise bien plus que sa seule musique. Entretien avec le journaliste et écrivain Alain Gardinier, qui lui rend hommage dans un livre très documenté.











Pourquoi Bob Marley reste-t-il populaire quarante ans après sa mort ?

Il est le plus universel des musiciens, dans tous les sens du terme. Je ne suis pas certain que les gamins des faubourgs de Lomé ou Bagdad écoutent Michael Jackson, mais ils écoutent Bob Marley. Il suscite toujours une incroyable ferveur quarante ans après sa mort. Cela vient de la simplicité (apparente) et du côté joyeux de sa musique et de sa personnalité. Même si ses textes sont politisés, sa façon de les amener est accessible. Il n’y a pas besoin de codes pour entrer dans la musique de Bob Marley. Mais si on connaît les codes et l’histoire, on apprécie encore plus.

Quarante ans après sa mort, la légende du reggae fait toujours recette. | INFOGRAPHIE OUEST-FRANCE

A-t-on trop sanctifié Bob Marley ?

Il a fait des enfants avec toutes les femmes qu’il a rencontrées (il en a reconnu douze de sept femmes différentes), mais ça lui a été pardonné. Il a grandi pauvre, s’est battu avec succès pour imposer un style de musique du tiers-monde. Il a réchappé à une tentative d’assassinat, s’en est sorti indemne. Cela a rajouté à son aura d’invincibilité.  Il est mort jeune (36 ans). Tout justifie le mythe populaire.

La fin de Marley a été pitoyable. Pourquoi est-il allé se faire soigner par un charlatan allemand ?

Il avait peur du cancer, et je crois qu’il était très influençable pour tout ce qui ne concernait pas sa musique. Son entourage proche a considéré qu’il pouvait s’offrir cette clinique bavaroise, où le Dr Issels utilisait des médicaments interdits ailleurs, contrebalancés par un strict régime de fruits et de légumes.

Quel est pour vous le disque le plus important de Bob Marley ?

Natty Dread (1974). Après que Peter Tosh et Bunny Wailer ont quitté le groupe, The Wailers devient la formation du seul Bob Marley. C’est son disque le plus complet et le plus percutant, avec des chansons emblématiques comme Lively Up Yourself ou No Woman, No Cry. Mais ses disques live sont incroyables, notamment le premier (Live !), enregistré en 1975 à Londres.


Bob Marley a-t-il été « marketé » pour devenir un artiste qui plaise à tous ?

Chris Blackwell, le patron d’Island, ne lui a rien imposé. Marley adorait la musique américaine. Quand on lui a proposé d’inclure en studio des musiciens formidables, il avait conscience que cela augmentait le potentiel de sa musique. Musique qu’il a entièrement contrôlée un peu plus tard.

Le message de Marley sonne plus inclusif que lié à une communauté. C’est sa force ?

Il ne s’en est pas rendu compte tout de suite. Il a des textes simples, faciles à capter, mais avec beaucoup de contenu, mais pas trop spécifique. Ce sont des messages auxquels on peut s’identifier. Son discours sur l’esclavage ou la colonisation a particulièrement frappé les pays du tiers-monde, mais pas seulement. Marley délivre le plus souvent son message avec positivisme, sans la rancœur de la victime. Il dit qu’on peut sortir de sa condition. Lui-même était métis. Et s’il l’a mal vécu étant gamin, il n’en faisait pas une fixation.

Sa passion du foot a contribué à en faire une figure populaire ?

Sans doute. Le premier truc quand il arrivait quelque part pour un concert, après avoir repéré la salle, était de savoir où était le terrain de foot. J’évoque son match contre cinq Canaris, le 2 juillet 1980, avant son concert à la Beaujoire, à Nantes. Les Nantais ont gagné 4-3, mais pas facilement. Dans son équipe, Bob avait un international jamaïcain, et son cuisinier jouait avant-centre dans une équipe jamaïcaine. Cela ne rigolait pas.

Parmi les détails réjouissants que vous exhumez, il y a son goût pour les BMW…

Avant tout, au départ, parce que BMW, ce sont les initiales de Bob Marley and the Wailers. Un musicien lui a vendu sa première BMW parce qu’il trouvait qu’elle n’avançait pas. Bob l’a gardée des années avant de changer de modèle.

Reste-t-il des trésors discographiques inédits ?

Je ne crois pas. À part quelques live. Marley n’était pas Prince. Je pense que tout ce qui a été enregistré et pouvait être écouté est sorti. Pour l’album d’inédits de 1983, Confrontation, Blackwell avait déjà bien raclé les fonds de tiroirs.

La descendance musicale Marley est pléthorique. Entre ses enfants, neveux, petits-enfants, plusieurs formations revendiquant le nom Wailers…

À part l’un des garçons qui s’est consacré au motocross, tous ont essayé une carrière musicale, avec plus ou moins de bonheur. Celui à écouter en premier est quand même Ziggy, qui a le physique et la voix de son père. Pas le même charisme, mais il a l’âme de Marley, sa gentillesse et son sens du partage.

Qu’avez-vous découvert sur Marley en préparant ce livre ?

Des milliers de choses. J’ai tout vérifié et constaté que pas mal de bouquins comportaient des erreurs, reproduites de livre en livre. Je vais vous citer quelque chose qui me tracassait depuis que j’étais ado. Sur Natty Dread, trois chansons étaient créditées Vincent Ford, alors que Marley était censé avoir tout écrit. J’avais compris que c’était un ami à qui il avait cédé les droits. Je n’ai appris l’histoire que bien plus tard. C’était en fait un homme handicapé (il avait perdu ses deux jambes à cause du diabète) qui tenait une échoppe de soupe dans la rue, dans le quartier de Trenchtown. Pendant des mois voire des années, il avait offert des soupes à Marley et aux autres Wailers quand ils étaient des gamins sans argent. Quand Marley était encore empêtré avec des problèmes de droits (cédés hâtivement à son label précédent), il a crédité l’homme qui l’avait aidé. Qui du coup s’est retrouvé plus tard avec une jolie somme d’argent.


Bob Marley et la légende du reggae, Gründ, 208 pages, 19, 95 €





Photo datant de 1976 du chanteur Bob Marley, décédé à 36 ans, le 11 mai 1981, des suites d’un cancer.
AFP


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