dimanche 22 janvier 2023

21 JANVIER 1793

 

De Jean-Clément Martin au bourreau Sanson en personne, de Marina Bujoli-Minetti aux caricaturistes britanniques... Pour les 230 ans de l'exécution de « Louis Capet », historiens d'un côté, contemporains et acteurs de l'événement de l'autre vous content ce jour de janvier 1793 qui marqua irrémédiablement l'histoire de la Révolution.
 
 
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vendredi 20 janvier 2023

LE COIN DES CURIOSITÉS

 

jeudi 12 janvier 2023

Napoléon III (1808-1873)

 

Les cendres de Napoléon III reviendront-elles un jour en France?

C’était notre dernier Empereur


Les cendres de Napoléon III reviendront-elles un jour en France?
L’Empereur Napoléon III, Empereur des Français en uniforme de Général de Brigade dans son grand cabinet des Tuileries, en 1862, Hippolyte Flandrin, Wikimedia commons.

Tout au long de l’année 2023, des manifestations et commémorations seront organisées en hommage à Napoléon III (1808-1873). Le dernier Empereur des Français est décédé il y a 150 ans. En novembre dernier, le député (RN) Jean-Philippe Tanguy a annoncé qu’il avait l’intention de demander officiellement le retour des restes de l’Empereur qui reposent au Royaume-Uni. Des cendres qui sont jalousement gardées par les moines bénédictins de Farnborough.


C’est durant son adolescence, à l’heure où les consciences politiques se forgent, que le député Jean-Philippe Tanguy s’est pris de passion pour l’Empereur Napoléon III dont on fête cette année le 150e anniversaire de la mort. De nombreuses manifestations, reconstitutions d’époque et commémorations seront organisées tout au long de 2023. L’occasion pour le député de la Somme d’annoncer, dans une édition du Journal du Dimanche, qu’il avait le projet de déposer au Palais Bourbon, une motion officielle de restitution des restes du souverain. Des cendres qui reposent à l’abbaye Saint-Michel de Farnborough, au Royaume-Uni, loin de cette France que le neveu de Napoléon Ier a tant aimée. Jean-Philippe Tanguy, qui affirme rendre hommage aux deux Napoléon depuis ses 16 ans, entend se placer dans les pas de Philippe Séguin et reprendre son combat. L’ancien président de l’Assemblée nationale, passionné de Napoléon III, avait consacré une biographie éloquente à celui qui avait occupé également le poste de président de la République (1849-1851) avant de devenir le monarque que l’on connaît.

Un héritage qui n’est plus controversé

Autoritaire à ses débuts, le Second Empire (1852-1870) est devenu progressivement libéral. « C’est un règne qui a profondément transformé la France. C’est la plus grande période de prospérité de notre histoire » indique le prince Joachim Murat, joint par téléphone. « Droit de grève, inspection du travail, assurance maladie et caisse de retraite, repos hebdomadaire, accès à l’éducation scolaire gratuite, augmentation des salaires de 47%, Napoléon III a mis en place un véritable programme en faveur de la classe ouvrière » explique le descendant du plus célèbre maréchal du Premier Empire. Il égrène un à un toutes les réussites et les acquis sociaux de ce chapitre incontournable de l’histoire de France, d’une monarchie qui redessiné les principales villes de France sous l’autorité du préfet Haussmann et dont les institutions ont inspiré la Ve République avec son esprit référendaire. Paris reste d’ailleurs encore un des témoins, un des fleurons architecturaux de cette époque « que Napoléon III a parfois lui-même dessiné » précise le prince Joachim Murat. Il balaye la légende noire qui entoure ce souverain et qui lui colle encore à la peau aujourd’hui.  « On la doit en partie à Victor Hugo qui s’est exilé de son propre chef et qui n’a jamais été honnête vis-à-vis de l’héritage et des acquis sociaux de Napoléon III » affirme l’héritier au trône de Naples. 

« Par les réformes de libéralisation qu’il a accomplies jusqu’à la fin, Napoléon III a confirmé que son but était bien d’atteindre un régime démocratique. Je rappelle que sa méthode a été largement soutenue par le peuple, puisque le plébiscite de 1870 (quelques mois avant la défaite de Sedan qui signe la chute de l’Empire NDLR) enregistre encore le soutien de 83% des exprimés et même 67% de tous les inscrits. Napoléon III a réagi face à la volonté de certaines élites de supprimer le suffrage universel masculin, déjà bien insuffisant par son exclusion des femmes. Le Second Empire a par ailleurs favorisé la modernisation économique, éducative et administrative de la France pour en faire la grande puissance artistique, scientifique et industrielle du XXème siècle » explique le député dont les propos font échos à ceux du prince Murat. « Les deux empereurs qui ont permis à la France de devenir une démocratie et une république stables ont été investis par le suffrage populaire, non par un choix aristocratique ou le principe dynastique » renchérit encore Jean-Philippe Tanguy.

Le député RN Jean-Philippe Tanguy © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

« Je ne considère pas Napoléon III comme le dernier souverain français mais comme l’un de nos plus importants chefs de l’État. L’historiographie française, de Pierre Milza à Eric Anceau, a désormais fait un bilan objectif de l’œuvre de Napoléon III et du leg du Second Empire. Il mérite de retrouver sa juste place dans l’histoire nationale, ni plus, ni moins » plaide-t-il. Pour Jean-Philippe Tanguy, le retour des cendres de Napoléon III devrait être considéré comme une priorité. « Le 9 janvier 2023 marque les 150 ans de la mort de Napoléon III. C’est donc l’occasion d’ouvrir ce débat pour enfin prendre cette décision. La France doit faire la paix avec toute son histoire, en particulier une période qui a déterminé tant d’aspects de notre société présente » explique encore le député. « (…) Ce geste d’unité, de continuité et de fierté nationales ne demande rien d’autre qu’un peu de courage, de hauteur de vue et de dignité » poursuit-il, tout en rappelant qu’il est conscient que les problèmes de ses concitoyens sont d’une autre nature. Ce n’est pas la première fois que le Rassemblement national s’empare de ce sujet impérial. En 2017, alors en pleine campagne présidentielle en Corse, Marine Le Pen (qui siège dans l’hémicycle comme députée et présidente de son groupe), avait proposé également de ramener les cendres de l’Empereur. Une annonce qui n’avait pas manqué de faire réagir les nostalgiques des deux Empires. « J’avais écrit à Marine Le Pen après cette déclaration et elle n’a jamais daigné me répondre » s’agace David Saforcada. Président de l’Appel au Peuple (AuP), une formation politique qui a compté de nombreux députés et sénateurs durant l’Entre-deux-guerres, récemment reformée, il s’étonne même de cette tentative de récupération par l’ancien parti frontiste.

Le Rassemblement national et le bonapartisme

Le RN, bonapartiste ? « Qu’il s’agisse de la défense de la souveraineté populaire et de l’indépendance nationale, du rétablissement de l’ordre et du mérite, du patriotisme économique et des révolutions technologiques à mettre en place, du rétablissement d’une école du mérite et du respect des savoirs, l’essence du programme mariniste poursuit l’œuvre bonapartiste » répond Jean-Philippe Tanguy, revendiquant ouvertement une étiquette gaullo-bonapartiste. Quitte à faire s’étrangler d’énervement le leader de l’AuP. « Le RN a peut-être la saveur du bonapartisme mais n’a certainement rien de bonapartiste en soi. Je ne me souviens pas que Jean-Philippe Tanguy, ancien de Debout La France, ait soutenu à un moment notre proposition de ramener ces cendres que nous avions faîtes à Nicolas Dupont-Aignan avec lequel nous avons collaboré un temps » tacle David Saforcada. Jean-Philippe Tanguy balaye toutes accusations de récupération par son parti. « Il n’y a que ceux qui ne font rien qui n’essuient pas de critiques. (…). J’estime que l’histoire de France est un bloc et que nous devons tout assumer. Imaginons que Robespierre ait fuit son destin tragique pour mourir, par exemple, aux Etats-Unis : j’aurais alors soutenu aujourd’hui que ses cendres soient ramenées dans sa patrie » affirme-t-il sur un ton qui ne laisse pas de place aux doutes. « Lors de la célébration du bicentenaire de Napoléon Ier, seule Marine Le Pen a fait un discours engagé et remarquable sur le leg du Consulat et de l’Empire » renchérit celui qui est aussi, à 36 ans, président d’une commission d’enquête parlementaire.

Avant le député Jean-Philippe Tanguy, d’autres ont tenté de ramener l’Empereur. D’abord Philippe Seguin dans les années 90 ou encore Christian Estrosi, maire de Nice. Alors Secrétaire d’État à l’Outre-mer, une demande déposée en 2007 n’avait pas eu l’effet escompté. Si l’AuP est favorable au retour des cendres de Napoléon III, le mouvement tient à temporiser l’ardeur du RN. « Ce serait un vrai moment de rassemblement populaire mais imaginer une telle opération sous le quinquennat d’Emmanuel Macron serait contre-productif » explique David Saforcada. « Les Français ont malheureusement d’autres soucis que de penser à ramener Napoléon III ou Charles X de là où ils reposent. Ils ne comprendraient pas l’importance de l’événement, encore moins si c’est Emmanuel Macron qui préside ce genre de cérémonie en lieu et place des descendants de la maison impériale qui ont plus de légitimité » renchérit-il. Un avis que rejoint le prince Joachim Murat. « Avant de penser à son retour, il faudrait déjà faire un effort de redécouverte pédagogique sur l’héritage « magiquissime » que Napoléon III nous a laissé ». Considéré comme une étoile montante de la droite souverainiste, Joachim Murat salue cependant l’initiative du député RN mais doute que cela puisse se réaliser. « Tout au plus son action est symbolique » dit le prince qui rappelle que l’aspect « diplomatique entre la France, l’Angleterre et le Vatican » n’est pas à négliger dans cette entreprise. « Enclave catholique sur un territoire anglican, l’abbaye Saint-Michel bénéficie d’une bulle papale qu’il faudrait casser » pointe du doigt cet ancien officier parachutiste. « Encore faut-il que nous ayons pour ce retour l’accord indispensable du prince Jean-Christophe Napoléon, actuel chef de la maison impériale. En admettant qu’il donne son accord, il faut aussi que les moines acceptent de nous rendre ses cendres. Enfin, où devons-nous inhumer l’Empereur ? Napoléon III aurait souhaité l’Église de Saint-Augustin, situé à Paris. Mais rien n’a été vraiment décidé par la famille impériale » explique Joachim Murat. Autant dire que l’initiative du député Jean-Philippe Tanguy, si elle reste louable, a toutes les chances de finir comme les autres tentatives de ses prédécesseurs. Avec un certain panache mais sans suites.