En Martinique, les baies du Marin et de Sainte-Anne sont envahies par les bateaux de tourisme. Cette situation exaspère les habitants de l’île, qui ont décidé de former un collectif pour réglementer le mouillage.
Des centaines de bateaux sont ancrés dans les eaux turquoise au sud de la Martinique. Les baies du Marin et de Sainte-Anne sont victimes de leurs succès : trop de voiliers y mouillent en toute anarchie. 80 % des plaisanciers vivent toute l’année sur leur bateau, et jettent l’ancre en-dehors de toute zone de mouillage organisée. Les plaisanciers viennent à terre y jeter leurs poubelles, ou faire des courses. Mais à Sainte-Anne, ils ne sont plus les bienvenus. La cohabitation est difficile, et les habitants sont excédés.
La biodiversité menacée
Les habitants, inquiets, ont créé un collectif pour préserver leur littoral. "En matière d’environnement, il y a la destruction des fonds marins, notamment des récifs coralliens avec toute la biodiversité", explique Jérémy Ferdinand, membre du collectif. Le directeur de l’espace maritime inspecte régulièrement les eaux. Plus de 300 épaves ont été enlevés par l’Etat, mais le désordre règne. "Il y a un vrai besoin de rationaliser pour organiser de façon plus performante", estime Nicolas Le Biannic. Le mouillage organisé reste bien plus écologique.
C'était le dernier rendez-vous à l'agenda du ministre : une rencontre des agents des Douanes et un échange sur les priorités d'action de la douane dans la zone Caraïbe.
Ainsi se termine le déplacement de Bruno Le Maire, après un point en fin de matinée avec les acteurs du tourisme.
Le Club Med Les Boucaniers va se refaire une beauté et s'agrandir
À l'occasion de la visite officielle de Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, le Club Med et ses partenaires ont inauguré, samedi, le chantier de rénovation du Club Med Les Boucaniers, à Sainte-Anne, et ont présenté le futur projet d'extension haut de gamme.
Le Club Med Les Boucaniers va monter en gamme. Le premier Club Med des Caraïbes (équivalant d'un hôtel 4 étoiles), le Groupe Monplaisir, Alderan et la Banque des Territoires ont signé un partenariat concernant la rénovation et le futur projet d'extension du Club Med Les Boucaniers pour un investissement global de 41M€. Pour Yan Monplaisir, le président du Groupe Monplaisir, il s'agit d'une « renaissance ». Ouvert depuis 1969 à Sainte-Anne, la dernière grande rénovation du resort remonte à 2005. L'intégralité du site sera rénovée en plusieurs phases de travaux entre maintenant et novembre 2024 pour la somme de 19M€ : les 291 chambres, mais aussi la réception, le bar, le théâtre, les salles de restaurant, le spa, les espaces et équipements sportifs. Des investissements seront également réalisés sur le volet énergétique pour réduire la consommation du resort. Pour limiter au maximum la durée de fermeture et préserver l'emploi et l'activité locale, le village restera quasiment tout le temps ouvert pendant les travaux et les premières chambres rénovées seront disponibles à la fin de l'année. Le nouveau design s'inspirera de la Martinique.
Concernant la partie extension, qui sera réalisée sur les actuels terrains de tennis, elle comprendra la construction d'une « Zen Oasis », réservée aux adultes. Ce nouvel espace haut de gamme possèdera 56 nouvelles chambres (dont 20 suites), ainsi qu'une nouvelle piscine et 6 terrains de padel tennis. À cet ensemble seront ajoutés de nouveaux logements pour les équipes avec une trentaine de nouvelles chambres. Le tout pour 22M€. La date de lancement de ces travaux n'est pas encore fixée. « Le permis de construire est en instruction. Comme toute construction, il y a des fouilles archéologiques avant le début du chantier et de jolies choses ont été découvertes. Cela peut prendre du temps et c'est l'occasion de contribuer à l'émergence du patrimoine. C'est un bon projet qui, on l'espère, démarrera l'an prochain. Si ce n'est pas le cas, ce sera en 2025 », a précisé Anne Browaeys, la directrice générale des marchés France, Europe, Afrique du Club Med.
Devenir le nouveau fleuron du Club Med
Ce projet d'envergure destine le Club Med Les Boucaniers à devenir le nouveau fleuron du Club Med dans les Antilles françaises. Il continuera à contribuer au développement de la Martinique et renforcera l'attractivité de la destination auprès de la clientèle internationale. « On a actuellement une clientèle très francophone et on veut renouer avec l'âge d'or du Club Med et retrouver des clients nord-américains et anglo-saxons. On aura un produit plus séduisant et plus haut de gamme qui répondra aux attentes des clients, a déclaré Anne Browaeys. Ce resort est un village iconique et emblématique du Club Med, connu dans le monde entier sur un site magnifique et contribuant pleinement au rayonnement et à l'attractivité de la destination Martinique. » Ce projet ambitieux permettra également la création de 40 emplois directs et 40 emplois indirects, en plus de la pérennisation des emplois actuels, dont la majorité sont des emplois locaux. La rénovation du Club Med et son extension vont générer d'autres retombées importantes pour la Martinique comme la mise en valeur de la culture et du savoir-faire martiniquais, l'appel aux entreprises locales de construction et des retombées supplémentaires pour les commerçants locaux.
Par ailleurs, dans le cadre du programme Happy to Care, le Club Med vise l'obtention de la certification BREEAM, une certification internationale d'écoconstruction et d'écogestion parmi les plus exigeantes et reconnues dans le monde pour les travaux de construction et de rénovation des bâtiments. Et la certification Green Globe pour les opérations du village sera renforcée. Bruno Le Maire apporte tout son soutien à « ce magnifique projet ». D'après le ministre, la transition écologique est une opportunité pour avoir un développement plus durable et attractif. « Le projet du Club Med correspond à cela, avec un site respectueux de l'environnement. »
Le financement des travaux
Les travaux sont financés par les partenaires investisseurs du Club Med : le Groupe Monplaisir, Alderan et la Banque des Territoires, ainsi que par des subventions du FEDER (fonds européen de développement régional) et régionales (5,6M€ pour la rénovation) et un financement bancaire consenti par un pool regroupant le Crédit Agricole Centre France, le Crédit Agricole de Martinique, BPI France et l'Agence française de développement. Ces travaux s'inscrivent dans le cadre d'un partenariat durable avec les acteurs institutionnels et économiques de la Martinique.
Un taux d'occupation de 93% depuis le début de l'année
Le Club Med est ouvert 330 jours par an. 25 000 clients sont accueillis chaque année. Le taux d'occupation annuel est de 81%. Depuis début 2023, le Club Med Les Boucaniers est rempli à 93%. « C'est un vrai succès. Les Clubs Med de Martinique et Guadeloupe sont restés très populaires », s'enthousiasme la directrice générale des marchés France, Europe, Afrique du Club Med.
« La Martinique deviendra l'une des destinations touristiques phares »
Cette table ronde, entre Bruno Le Maire, les élus et les acteurs du tourisme, était l'occasion d'évoquer les enjeux majeurs dans le secteur touristique. Le ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique a d'abord mis en avant le problème du recrutement. « Comme au niveau national, il est de plus en plus difficile de recruter dans le domaine touristique. » Le deuxième enjeu est l'accès au financement et à l'investissement. « Les jeunes entrepreneurs ont des obstacles pour avoir accès aux crédits, a reconnu Bruno Le Maire. Il y a des projets de création de sociétés d'investissement martiniquaises, c'est très intéressant pour mobiliser l'épargne et cela pourrait être une des solutions. » Le troisième enjeu est les sargasses. « C'est invivable pour les habitants. Ce problème prioritaire cause des soucis de santé, c'est totalement incompatible avec le tourisme. Il faut prendre des mesures de précaution et l'État est prêt à renforcer ces mesures notamment avec des filets dérivants et des bouées flottantes au large de l'île », a-t-il assuré. Le ministre trouve intolérable que l'île et ses habitants puissent être menacés par les sargasses. Il faut, selon lui, traiter le problème à la racine avec des mesures de prévention et porter le sujet au niveau international pour régler le problème le plus rapidement possible.
D'autres problèmes ont été soulevés par les acteurs du tourisme : la rénovation et la construction d'hôtels pour une montée en gamme nécessaire, la basse saison, le manque de compétitivité de la Martinique dans la Caraïbe, le prix exorbitant des billets d'avion, le recul du trait de côte. Ces derniers ont confié que les hautes saisons 2022 et 2023 ont été très correctes. Ils s'inquiètent toutefois de la forte hausse du prix des billets d'avion (le prix a doublé entre Fort-de-France et Paris) pour la prochaine haute saison. Cela pourrait empêcher de nombreux touristes de venir sur notre île et les Martiniquais de se déplacer. Sur ce sujet, le ministre ne peut rien promettre mais reconnaît qu'il faut trouver des solutions face à ce problème. Bruno Le Maire se dit disposé à travailler toutes les options pour que le prix des billets baisse et soit plus compétitif.
« La montée en gamme des hôtels est une nécessité absolue »
« La Martinique est une destination d'exception, très attractive. La montée en gamme des hôtels est une nécessité absolue, a clamé le ministre de l'Économie et des Finances. Cela fera le succès du tourisme en Martinique. L'offre actuelle ne correspond plus aux attentes des clients. Il faut investir. » Il a déclaré que l'État peut intervenir en garantissant un certain nombre d'investissements, en ouvrant la porte à de nouveaux investisseurs et en aidant à trouver des financements. « Cette montée en gamme permettra de préserver la beauté de l'île et sa biodiversité, a affirmé Bruno Le Maire. Le tourisme doit être compétitif en Martinique. L'offre doit être attractive pour les clients et les salaires doivent permettre de garantir un bon recrutement. Ce sont les enjeux clés sur le long terme. L'État apportera tout son soutien. » Pour rendre le tourisme plus attractif, il est important de valoriser le patrimoine, ont souligné les élus et le ministre. « Avec les ambitions et la volonté de tous, je suis persuadé que la Martinique deviendra l'une des destinations touristiques phares de la planète », a lancé Bruno Le Maire. Pour Yan Monplaisir, le président du Groupe Monplaisir, « l'avenir de la Martinique, c'est le tourisme ». Le maire de Saint-Joseph a fait savoir que c'est une des clés de notre développement et de la création d'emplois. « Le tourisme compte pour environ 17% du PIB de la Martinique, alors que c'est 60% du PIB de Sainte-Lucie et 62% du PIB de la Barbade. Il faut progresser encore ! » Dans ce sens, il est nécessaire de développer les infrastructures liées au transport, d'améliorer les transports terrestres et aériens (avec de nouvelles lignes aériennes dans la Caraïbe et vers les États-Unis), ont mis en lumière le ministre et les acteurs du tourisme. Concernant les déchets, le ministre a prononcé qu'il est absolument urgent de créer un centre de gestion de (re)traitement des déchets chez nous.
Par ailleurs, Bruno Le Maire s'est exprimé sur les deux risques qui pèsent sur la Martinique : le départ des jeunes et l'insécurité. « Il faut offrir aux jeunes des emplois et des carrières ici. Puis nous devons garantir la sécurité totale en Martinique. Il faut lutter contre tous les trafics et les trafiquants avec la plus grande fermeté. Il faut stopper le trafic de stupéfiants », a-t-il martelé. La visite du ministre s'est conclue, samedi après-midi, justement par une rencontre avec les agents de la direction interrégionale des douanes Antilles-Guyane afin d'échanger sur les priorités d'action de la douane dans la zone Caraïbe.
Le palmarès de la 76e édition du Festival de Cannes :
Palme d’or
Anatomie d’une chute de Justine Triet
Couple et blessures.
Après Victoria et Sibyl, la cinéaste imagine le procès d’une héroïne accusée de l’homicide de son mari, dans un film passionnant et limpide.
Grand prix
The Zone of Interest de Jonathan Glazer
Banale idée du mal. A grand renfort d’ambitions formelles, Jonathan Glazer expose le spectateur au quotidien de la famille de Rudolf Höss, commandant du camp d’Auschwitz-Birkenau. Lire notre critique
Prix de la mise en scène
La Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hung
Papille fait de la résistance. Le long métrage de Tran Anh Hung (intitulé The Pot-au-Feu en anglais) célèbre la bonne chère et une jouissance domestique aux accents passéistes. Lire notre critique
Prix du jury
Les Feuilles mortes d’Aki Kaurismäki
Spleen dating. Le génial cinéaste finlandais revient avec un nouveau chef-d’œuvre mi-cocasse mi-mélancolique, qui érige l’amour naissant comme unique antidote à la guerre. Lire notre critique
Prix du scénario
Monster de Kore-eda
Enfance confuse. Sélectionné pour la huitième fois en compétition, le Japonais noie son intrigue dans un scénario, écrit par Sakamoto Yuji, aux détours inutilement trompeurs. Lire notre critique
Prix d’interprétation féminine
Merve Dizdar dans les Herbes sèches
Anatolie de l’enfer. Dans un film aux relents misanthropes, un prof exilé à la campagne se cherche dans les mornes plaines enneigées. Lire notre critique
Prix d’interprétation masculine
Koji Yakusho dans Perfect Days
Wenders paie sa tournée. Koji Yakusho (vu chez Aoyama, Imamura, Miike, Kiyoshi Kurosawa, Iñárritu), joue dans Perfect Days Hirayama qui brique avec ferveur les cuvettes et les parois des toilettes, dans un quotidien bien réglé. Lire notre critique
Caméra d’or
L’Arbre aux papillons d’or de Thien An Pham
Vaporeux événement. Epopée contemplative en campagne vietnamienne, le premier film de Thien An Pham est un ovni planant. Lire notre critique
Palme d’or du court métrage
27 de Flóra Anna Buda
Et une mention spéciale à Far de Gunnur Martinsdóttir Schlüter.
Pour la première fois, on est sorti de la période de convalescence post-Covid où tout le monde était prudent, conscient que le cinéma et tout le secteur qui tournait autour de lui avait pris un sérieux coup dans l’aile. La résilience générale et les bons chiffres de fréquentation des salles en Europe, et en tout particulièrement en France, ont rallumé la flamme et vu réapparaître une envie générale d’en découdre.
En lien direct avec le reste du pays – c’est possible, Justine Triet l’a prouvé en recevant son prix, déterminée et inattendue, abrégeant les politessespour en venir au politique:«Le pays a été traversé par une contestation historique, extrêmement puissante, unanime, de la réforme des retraites, cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante. Et ce schéma de pouvoir dominateur, de plus en plus décomplexé, éclate dans plusieurs domaines. Evidemment, socialement, c’est là où c’est le plus choquant. Mais on peut aussi voir ça dans toutes les hautes sphères de la société. Et le cinéma n’y échappe pas. La marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend est en train de casser l’exception culturelle française. Cette même exception culturelle sans laquelle je ne serais pas là aujourd’hui devant vous. Ce prix, je le dédie à toutes les jeunes réalisatrices, jeunes réalisateurs et à ceux qui n’arrivent pas aujourd’hui à tourner. Cette place que j’ai prise il y a quinze ans dans un monde un peu moins hostile qui considérait encore possible de se tromper et de recommencer.»
Tous ceux qui craignaient que la mobilisation sociale, historique, se fasse oublier à Cannes en auront eu pour leur compte. Ceux qui craignaient qu’elle perturbe le Festival ou réémerge avec esclandre aussi.
Telle la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, qui a réagi au discours avec une extraordinaire rapidité (comme elle l’avait fait, le 24 avril, lors de la cérémonie des Molières). «Heureuse de voir la palme d’or décernée à Justine Triet, la dixième pour la France ! Mais estomaquée par son discours si injuste. Ce film n’aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma, qui permet une diversité unique au monde. Ne l’oublions pas.» L’inquiétude d’un démantèlement du modèle de l’exception culturelle gronde depuis des mois dans le milieu du cinéma, défiant le rêve macroniste d’une Silicon Valley à la française. Initialement envisagé comme un projet de série, Anatomie d’une chute témoigne du meilleur de ce que la recherche et le tâtonnement peuvent produire hors de tout souci de recettes ou d’efficacité. C’est une vision d’artiste souveraine, toujours en chantier, préservée de la mode, des diktats toujours plus bruyants que des thuriféraires du modèle américain de «réussite» et de mise aux normes du marché (généralement escorté d’un discours anti-subventions) essayent petit à petit d’imposer en France.