mardi 11 novembre 2003

VICTOIRE " à LA PYRRHUS "

 
Pyrrhus


Une victoire à la Pyrrhus est une victoire avec un coût dévastateur pour le vainqueur. L'expression est une allusion au roi Pyrrhus Ier d'Épire, dont l'armée souffrit de pertes irremplaçables quand il défit les Romains pendant sa guerre en Italie à la bataille d'Héraclée en 280 av. J.-C. et à celle d'Ausculum en 279 av. J.-C.


Après cette bataille, Plutarque relate dans un rapport de Denys d'Halicarnasse :


« Les armées se séparèrent ; et on raconte que Pyrrhus répondit à quelqu'un qui célébrait sa victoire que "encore une victoire comme celle là et il serait complètement défait". Il avait perdu une grande partie des forces qu'il avait amenées, et presque tous ses amis et principaux commandants ; il n'avait aucun moyen d'avoir de nouvelles recrues (...). Tandis que, comme une fontaine s'écoulant continuellement de la ville, le camp romain se remplissait rapidement et abondamment d'hommes frais, pas du tout abattus par la défaite, mais gagnant dans leur colère une nouvelle force et résolution pour continuer la guerre[1]. »

À chaque victoire de Pyrrhus, les Romains perdaient plus d'hommes que lui mais ils pouvaient facilement recruter de nouveaux soldats ; leurs pertes affectaient donc beaucoup moins leur effort de guerre que celui de Pyrrhus.


La citation : « Si nous devons remporter une autre victoire sur les Romains, nous sommes perdus[2] », bien qu'associée à un contexte militaire, est utilisée en analogie dans d'autres champs d'activité comme l'économie, la politique, la justice, la littérature et le sport pour décrire une lutte similaire, qui est ruineuse pour le vainqueur.

Sommaire


Exemples historiques


Batailles



Exemples en Politique (en France)


  • L'élection sur le fil de Martine Aubry comme premier secrétaire du Parti socialiste en novembre 2008 a été présentée comme telle sur le coup[3].
  • La loi organique présentée à l'Assemblée par l'UMP début 2009, visant à limiter le temps de parole et les amendements, a aussi été présentée comme telle par Noël Mamère[4]
  • Le sénateur Jack Ralite y fit référence en l'associant à la loi Hadopi : « Nous sommes dans une situation Hadopitoyable ! Le texte d'aujourd'hui est Hadopire ! Vous n'aurez qu'une victoire à l'Hadopyrrhus ! »[5]
  • Frédéric Lefebvre, à propos de l'annulation par le Conseil constitutionnel de la loi sur la « taxe carbone » : « Je préfère (...) être dans le camp de ceux qui subissent un revers pour avoir eu raison trop tôt que (dans celui de) ceux qui connaissent une victoire à la Pyrrhus pour avoir mené un combat d'arrière garde » (en référence au camp socialiste qui a obtenu l'annulation par le Conseil constitutionnel de la loi)[6].
  • Elisabeth Guigou s'exprimant sur l'adoption par le parlement de la réforme des retraites, le 26 octobre 2010 considère qu'il s'agit d'une "victoire à la Pyrrhus", le gouvernement ayant selon elle perdu "la bataille de la conviction" : " C'est une victoire à la Pyrrhus car sur le fond la France et les Français ont compris que le président a perdu la bataille de l'opinion."


Notes


  1. Plutarque, « Pyrrhus [archive] » sur classics.mit.edu, The Internet classics archives.
  2. Plutarque, Apophtegmes de rois et de généraux, « Pyrrhus », 3. Extrait de la traduction de F. Fuhrmann pour la Collection des Universités de France, 1988.
  3. Didier Pourquery, « Défi », dans Libération, 26 novembre 2008 [texte intégral [archive] (page consultée le 26 janvier 2009)] .
  4. Clash Copé-mamère à l'Assemblée [archive] sur www.dailymotion.com. Consulté le 26 janvier 2009.
  5. Compte rendu officiel de la séance du 8 juillet 2009 au Sénat [archive] sur www.senat.fr. Consulté le 9 juillet 2009.
  6. http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hVAyrW2Uu3zW7AMXKMkyjjZebByQ [archive]


Sources secondaires



  • (en) John Denson, The Costs of War: America's Pyrrhic Victories, Transaction Publishers, 1997 (ISBN 1-560-00319-7) .

Victoire à la Pyrrhus


Explication de cette expression


Victoire à la Pyrrhus : Pyrrhus (319-272 avant JC), roi d'Épire de -295 à –272, remporta sur les romains les victoires d'Héraclée en -280 et d'Ausculum en -279. Ces batailles lui coûtèrent de telles pertes qu'il s'écria : « Encore une autre victoire comme celle-là et je rentrerais seul en Épire ! ». C'est de là que vient l'expression de victoire à la Pyrrhus.


Statue du roi d'Epire

Biographie de Pyrrhus 1er


Pyrrhus 1er prétendait être un descendant d'Achille et un parent d'Alexandre.
Son père fut chassé de son royaume puis tué. Le roi d'Illyre restitua le trône à Pyrrhus qui le perdit au profit de son cousin.
En épousant la fille de Bérénice et de Ptolémée, il put partager le trône avec son cousin. A la mort de ce dernier par empoisonnement, Pyrrhus se lança à la conquête du monde.
Il conquit la Macédoine et finalement le tout (vers 287 avant J.C.).