dimanche 3 juin 2007

CHRONIQUE D’ EOLIS III

Janvier 2007



Nous avons passé la première partie du mois de janvier en Martinique.

" Martinino "- l'île aux femmes- ou bien " Madinina " -l'île aux fleurs ? Sans doute les premiers Indiens Caraïbes aimaient-ils contempler cette splendeur de verdure après qu'ils eussent dévoré les Arawaks d'origine et " annexé " leurs épouses... Quoi qu'il en soit depuis le passage de l'hispano-génois Christophe Colomb qui la découvrit le 15 juin 1502, s'écriant que c'était la plus charmante contrée qu'il y ait au monde, on n'y revit plus personne avant l'arrivée en force du français Pierre Belain d'Esnambuc le 1er septembre 1635. Un têtu ce normand ! après une vie d'aventures aux trousses des galions espagnols dans la mer des Caraïbes, Richelieu lui permet de fonder une " Compagnie des Isles de l'Amérique " : s'entourant de colons très au fait des choses de la terre et munis de matériel en quantité suffisante, l'industrieux d'Esnambuc achemine ses pionniers vers la réussite ! mais c'est son neveu, Jacques du Parquet, qui fera la Martinique : il racheta d'ailleurs toute l'île, qu'il conserva jusqu'à sa mort en 1676 ! il œuvre  avec tant d'intelligence que quatre ans seulement après son arrivée, l'île compte 2000 habitants satisfaits de leur sort...

La Martinique est bien partie ! voici que s'édifie Fort-Royal, qui deviendra plus tard Fort-de-France et l'île s'annonce comme le chef de file des Antilles françaises.

Mais rien n'est définitif dans cette région volcanique à plus d'un titre, où les accords d'un jour ne sont qu'une pause éphémère dans la partie de quatre coins que ne cessent de jouer  Anglais, Hollandais, Espagnols et Français !...

La colonisation s'étend régulièrement. Les Anglais ne l'ignorent pas. Malgré le traité d'Utrecht (1713) par lequel Louis XIV se voit obliger de leur céder Terre-Neuve et l'embouchure du Saint-Laurent, les hostilités s'éternisent. (Françoise d'Aubigné, future madame de Maintenon, future madame Louis XIV, élevée au bourg du Prêcheur au nord de l'île où son père avait été nommé gouverneur, sut intéresser le Roi-Soleil à ce petit territoire !)

En 1762 l'île tombe entre les mains des Anglais, mais neuf mois plus tard, le traité de Paris accouche d'un compromis par lequel, en échange de l'Inde, de la Louisiane et du Canada, ils consentent à nous rendre la Martinique. Les Français vont d'une certaine manière prendre leur revanche en faisant de l'île une base de ravitaillement pour les Américains lancés à la conquête de leur indépendance...

En 1789 les aristocrates martiniquais ne veulent rien entendre de la prise de la Bastille et transforment même leurs grandes maisons en centres d'accueil pour les émigrés...Rochambeau débarque offensivement et débaptise Fort-Royal en République-Ville ! Les planteurs finissent par appeler l'ennemi héréditaire à leur secours au moment où la Convention proclame ce qu'ils ne sauraient tolérer : l'abolition de l'esclavage dans les colonies ! Par le  traité d'Amiens de 1802 ils tiennent finalement pour acquis le rétablissement de l'esclavage par un Bonaparte que suggestionne puissamment  une épouse experte  en l'art d'aimer :  la créole Marie-Josèphe Rose Tascher de la Pagerie, originaire de Trois-Ilets.

La suite, en gros, s'illustre ainsi :

1848 : le ministre Schoelcher libère les esclaves

1862 : la première ligne transatlantique est créée

1902 : la catastrophe de la montagne Pelée

1946 : elle devient département français d'Outre-Mer (DOM)



Notre arrivée  en Martinique par le sud nous fait toujours faire escale d'abord à Sainte-Anne : c'est une magnifique baie bordée d'une très belle plage de sable fin blanc et l'on se croirait dans un lagon...bains de mer dans une eau cristalline...c'est la commune la plus au sud de la Martinique et une bonne partie de son territoire donne sur la mer et forme une presqu'île presque perpendiculaire à celle de la Caravelle.

Toujours pas mal de vent si bien qu'on a pas pu affaler le génois qui est à recoudre. La nuit du réveillon les feux d'artifice ont rivalisé le long de la côte mais celui du Club Med était le plus rasqueux ! La sono a bien résonné toute la nuit et la lune presque pleine a éclairé le ciel toute la nuit... c'est marrant, on a de nouveau été voisin du suisse Aquataurus comme l'an dernier, celui qui avait pavoisé son bateau le 2 mars 2003 lorsque Alingui avait remporté la coupe de l'America ! décidément on se suit !

Sainte Anne a été le théâtre de nombreux combats maritimes : les fortins des pointes Borgnesse et Dunkerque qui commandent l'entré de la baie ont été violemment bombardés par les anglais et on peut encore voir en ces lieux les vestiges des bastions ainsi que des abris de canons de l'époque. En 1808 eut lieu un engagement au cours duquel périt le commandant  de sainte Anne et c'est en souvenir de ce glorieux défenseur de l'île que la commune a pris son nom (et non en souvenir d'Anne d'Autriche, la mère de Louis XIV !).

L'artisanat est en restructuration, en particulier avec la poterie dite de Mme Dillon, épouse du général Bertrand, compagnon de Napoléon venu s'installer après Sainte Hélène sur la propriété de son épouse Fanny Dillon, fille du général Arthur, comte de Dillon.



Ensuite escale prolongée au Marin, escale technique pour les différentes réparations - il y en a toujours - les approvisionnements, la laverie...

Le Cul-de-Sac du Marin est une grande baie profonde avec marina, centre de carénage, chargée d'histoires marines (débarquements, batailles navales et invasions ont jalonné l'histoire de la ville...) a résolument fait le pari de la plaisance comme vecteur de développement durable...C'est l'un des plus beaux sites portuaires des Antilles, protégé de la houle de l'Atlantique par des barrières de coraux.

Pilier architectural du patrimoine marinois, l'Eglise Saint-Etienne est l'un des lieux de culte les plus visités : construite en pierre de taille, la façade, de style " jésuite ",  est ornée de deux ordres toscans superposés, le dernier couronné par un fronton rectangulaire. Au-dessus de la porte d'entrée, logé dans une niche, saint Etienne veille...L'édifice religieux se singularise par l'emplacement de son clocher et son beffroi en bois d'Inde. A l'intérieur on découvre une voûte qui évoque la carène d'un bateau renversé, œuvre de charpentiers de marine. Le maître-autel est un véritable joyau, en marbre blanc incrusté de marbre de couleur avec un bas-relief où sont sculptés les personnages de la Cène. La légende raconte que cet ouvrage, promis à la cathédrale de Lima, fut embarqué sur un navire qui fit naufrage sur les côtes  du Cap, à l'est du Marin...



En route maintenant vers Fort-de-France, nous passons devant le rocher du Diamant, îlot de forme tronconique aux falaises abruptes, in mini Gibraltar, qui a connu la célébrité suite  à un épisode héroïque de la guerre franco-anglaise : voulant maîtriser l'accès maritime de la Martinique, les anglais y installèrent 200 hommes dès 1804 leurs canons pour le transformer en bastion imprenable. Pendant 17 mois, résistant à tous les assauts, ils pilonnèrent à loisir les vaisseaux français croisant vers Fort-de-France. Suite à cet exploit, les Britanniques élevèrent cet îlot au rang de " navire de Sa royale Majesté ", " Her Majesty Ship " Diamant Rock ! H.M.S. Diamant Rock sur les cartes marines, salué à la sirène par les navires anglais le doublant !sacrés anglais !! il devrait son nom moins poétiquement à l'éclat particulier que produit sous le soleil le résultat de la digestion des oiseaux de mer qui y ont élu domicile ! Suivant la légende, les Français - sous les ordres de l'amiral Villaret de Joyeuse ( !) - n'eurent raison des troupes anglaises qu'en faisant échouer sur l'îlot quelques embarcations chargées de fûts de rhum... Ivre mort, l'ennemi capitula sans autre violence... cette version n'est pas retenue dans les annales britanniques !...of course !!



Et voici Fort-de-France : les habitants s'appellent les Foyalais  (quand faut y aller !...) en souvenir de l'ancien nom de Fort-Royal ! avec le " o " créole qui mange les " r " et que Joséphine allait mettre à la mode avec les " me(r)veilleux " et les " inc(r)oyables "...

Nous sommes mouillés sous le Fort Saint-Louis, d'architecture militaire de type Vauban du 17ème et 18ème siècle, construction remarquable surplombant toute la baie de FdeF : il est édifié en roches volcaniques de la montagne Pelée. C'est la forteresse la mieux conservée de l'archipel des Antilles. Son histoire débute en 1638 lorsque le premier gouverneur de la Martinique, Jacques du Parquet, décide de renforcer cette position qui deviendra une base navale. Classée monument historique en 1973 cette construction est la gardienne du patrimoine unique et culturel de la mer des Caraïbes. A ce  jour le Fort est le siège du commandant de la Marine Française de la zone maritime couvrant les Antilles et le Golfe du Mexique.

Nous sommes aussi en face de la célèbre place de la savane avec ses cinq hectares arborés et fleuris, avec sa statue de Joséphine (décapitée par des sauvageons !). Un peu derrière on ne peut pas rater, ni par les yeux ni par l'oreille, la cathédrale Saint-Louis, " antisismique ", toute en poutrelles d'acier fourrées d'un nougat de briques, avec son clocher de 60mde haut dont les cloches sonnent tous les 1/4 d'heure une jolie mélodie.

A voir aussi la bibliothèque Schoelcher, expédiée pièce par pièce de Paris, montée en 1893 à l'emplacement de l'ancien hôtel du Petit Gouverneur. Elle doit beaucoup à l'emploi d'une structure en fer et  s'inspire visiblement des grandes envolées métallo-lyriques en faveur lors de l'Exposition de 1889  de Paris, où l'architecte Henri Pick présentait, à côté de l'œuvre de son  confrère Gustave Eiffel, un autre bâtiment issu de l'accouplement contre nature d'une gare d'Austerlitz en vadrouille avec une église byzantine égarée...Partisan obstiné de l'abolition de l'esclavage, Victor Schoelcher avait offert à la bibliothèque qui porte son nom une collection de 1200 livres sauvée de l'incendie de 1890. L'édifice, considéré comme le plus beau monument de la ville, est inscrit à l'inventaire des monuments historiques depuis 1973.

A visiter aussi : la théâtre municipal, l'hôtel de la préfecture, le musée d'archéologie précolombienne...

Grâce à nos amis Céline et Stéphane et au passage de la maman de Céline nous sommes allés avec eux voir d'autres sites en campagne.

Le canal des esclaves, rebaptisé, pour être politiquement martiniquement " correct " le canal de Beauregard : promenade originale sur le bord extérieur d'un ancien canal d'irrigation, accroché à flan de morne. Construit en 1760 il alimentait les distilleries du Carbet et celles de Saint-Pierre. On marche à l'ombre des frondaisons, traversant des plantations d'anthuriums, d'alpinias et de roses porcelaine...vue remarquable sur la rivière du Carbet que l'on domine d'une centaine de mètres. Ce sentier circule souvent au niveau de la cime des arbres d'en dessous et rappelle les " levadas " de Madère que nous avons  parcourues avec bonheur...

Le sentier est limité à la bordure du canal, soit une trentaine de centimètres de large, et moi, dont la marche est encore hésitante et qui suis sujette au vertige, j'ai eu quelques difficultés mais après j'étais super contente de l'avoir fait !...

Nous avons fait ensuite une halte fraîcheur à la cascade du Saut Gendarme, où un petit sentier aménagé par l'ONF permet d'accéder à la chute. La promenade est facile et on peut se baigner dans une eau vivifiante...La seule évocation du nom fait penser à l'époque de la maréchaussée à cheval. En fait il y a 2 (3) versions de la légende : pour les uns, jadis halte privilégiée pour se rafraîchir et faire boire les chevaux des gendarmes montant à Saint-Pierre ; pour les autres, cascade témoin de l'escalade ratée d'un gendarme (de type " asiatique ", précise-t-on ?) ; plus récemment, suite à l'éruption en 1902, lieu de prédilection des gendarmes en poste à Deux-Choux qui surveillaient les pillards revenant de Saint-Pierre en ruine...

Enfin, arrêt au Sacré Cœur de Balata, le Montmartre martiniquais (réplique faite au 1/5ème  de la basilique parisienne), projet grandiose de Mgr Lequien, évêque depuis 1015 et du Père Charles de Jaham, édifié à partir de 1922  et achevé en 1929.



Nous suivons ensuite la côte sous le vent, passant devant l'anse Madame, Schoelcher (anciennement Case-Navire), apercevant les grands bâtiments modernes de l'Université des Antilles Guyane, le petit village de Case-Pilote,  l'un des plus anciens de toute la Martinique, avec le cap Enragé, les plages de la Batterie et du Fond Bourlet. La mère de Gaston Monnerville (président du Sénat de 1948 à 1968), était la sœur du maire. Des falaises monumentales se succèdent, grottes, criques, plages, au caractère géologique prononcé.



Et voici Saint-Pierre, et la montagne Pelée, que l'éruption du 8 mai 1902 anéantit...

La rade est immense et ce n'est pas la place qui manque pour jeter l'ancre face à ce site remarquable... Appelée le " Petit Paris des Antilles ", elle était auparavant la capitale économique et culturelle de l'île. Seules quelques ruines (de l'ancien théâtre en particulier), épaves et le célèbre cachot de Cyparis -le seul rescapé de l'éruption volcanique, mis ai trou pour état d'ivresse la veille - témoignent à ce jour du terrible cataclysme...Un siècle après ces évènements on ne peut pas dire que la ville soit très folichonne !!quelque chose d'immanent semble peser sur la bourgade surgie cahin-caha des pans de murs calcinés et de pierres effondrées que l'on remarque partout...Un vrai champ de batailles, dont les victimes ne sont pas des héros hélas...Il règne ici une sorte de lassitude, un morne accablement, entretenu par la présence de l'énorme montagne dont les nuages voilent presque toujours la face, comme si elle interdisait à quiconque qu'on la regardât dans les yeux...malgré cette somnolence quasi léthargique, Saint-Pierre est devenue un des hauts lieux touristiques de l'île. Mais ce ne sont que ruines... des fragments d'escalier : c'était le théâtre, avec sa scène, encore visible...là se trouvait une église remplie de fidèles venus implorer le ciel...ici des murailles un peu larges, en terrasse sur la mer, avec des canons rapportés d'on ne sait où...la forteresse : sorte de caveau voûté, d'où l'on tira le seul survivant du drame, que le cirque Barnum promena ensuite dans le monde comme un témoignage paradoxal de la clémence de Dieu... La magnificence de l'endroit arrache au visiteur plus d'une réflexion pseudo-philosophique sur l'impossible rêve d'un Eden privilégié. L'impression en est soigneusement entretenue au petit musée volcanologique où l'on a rassemblé des montres arrêtées à l'heure de la mort, des objets fondus, déformés, agglomérés par la fusion, des aliments calcinés et autres touchantes épaves...et sur la route menant de Saint-Pierre au Prêcheur, ce ne sont que  blocs de lave et bombes volcaniques tordues qui parsèment le sol et les collines arides ou les ravins desséchés, comme un troupeau de gros cochons noirs...



Au revoir la Martinique...

Voici que se découpent à l'horizon les côtes de la Dominique...

La Dominique, un nom de baptême pour une île aperçue un dimanche par notre copain Christophe Colomb, toujours lui...Mais impossible d'y débarquer : il y a trop de Caraïbes qui ne se laissent pas faire... il faudra attendre le 18ème siècle pour que les Français s'y implantent en force, inaugurant une série de bagarres avec les Anglais qui finissent par l'emporter. Comme la plupart des autres îles ex-britanniques, la Dominique est aujourd'hui indépendante, tout en demeurant un Etat associé à la Couronne...

L'île a un littoral élevé, fragmenté, déchiré, avec des falaises rongées par les vagues, des pics et des effondrements, des vallées perdues, sans lien apparent entre elles, le tout recouvert, presque sans faille, d'une forêt qui retient prisonnière une plantation par ci, quelques cases par là, une forêt tenace qui ne le cède en force qu'à la mer dans laquelle elle s'achève...

Sévère, impressionnante, dramatique sont les mots qui me viennent à l'esprit en voyant cette masse au visage froissé, presque hostile...

Le Terre, dans sa forme primitive...à la fois sauvage et magnifique, c'est ici qu'il faut venir la chercher, dans cette Dominique encore à peine égratignée par les hommes qui se sont pourtant évertués pendant des siècles à étendre leurs razzias sur toutes les Caraïbes...

Fait unique dans toutes les Antilles : depuis la côte du Venezuela jusqu'à Hispaniola (actuelle république Dominicaine) les derniers Caraïbes survivant aux grands massacres des siècles sont là ! ils doivent incontestablement leur existence - leur survie - à la nature même de l'île, qui les abritai de toute poursuite... ils ont environ mille, dont la moitié seulement ont conservé leurs caractères ethniques d'origine, assez semblables à ceux des indiens d'Amérique : peau jaunâtre, cheveux noirs et raides, pommettes saillantes, yeux bridés légèrement...ils vivent en communauté dans une réserve de 1800 hectares, concédée en 1903 par la reine Victoria et où personne n'a le droit de s'installer. Ils élisent un chef pour 9 ans. Ils habitent encore de petites cases couvertes de feuillages et construisent le " kanassa ", taillé comme autrefois dans un tronc de gommier, qui demeure la meilleure embarcation des îles. On peut aller les voir, par une route (accidentée) qui traverse l'île et mène à leur réserve sur la côte au vent, côté atlantique. Ils survivent et subsistent grâce aux produits de l'agriculture et à la vente d'objets tressés en fibres.

C'est une île au climat difficile pour ce qui concerne les pluies ; 2 m au niveau de la mer, plus de 10 m sur l'échine de la montagne !

Il faut absolument aller jusqu'aux " Trafalgar Falls " dont les flots se déversent en grondant à travers la forêt puis gagner les " fresh water Lake " et l' "Emerald Pool " (qui tient son nom de la couleur des flots). Attention : les routes sont passablement tourmentées, et même parfois difficiles... c'est le prix à payer pour pénétrer cette île inextricable... en 4x4 ou jeep ou landrover...utilisées ici comme une attraction à touristes pour un safari-photo dans la nature la plus sauvage qui soit... on vous fera goûter le fameux poulet de montagne... sous les mines hilares des locaux ! et oui ! ce n'est autre que du gros crapaud....et je me suis bien fait avoir...mais je n'ai pas été malade !

Sisserou et son copain Jacquot se cachent là dedans : ce sont les plus grands et les plus beaux des perroquets verts, bleus et rouges, du genre " amazona ". Leurs couleurs les protègent, paraît-il, de la vue des chasseurs...

Nous avons mouillé en baie de Portsmouth au nord de l'île.



Et voici qu'apparaissent les Saintes, los Santos, découvertes par...Christophe Colomb le jour de la Toussaint 1493.

En 1782 les Anglais provoquent la fameuse bataille qui allait terrasser la flotte de l'amiral de Grasse et leur permettre de s'emparer de l'île. Terrible Trafalgar avant l'heure, mettant aux prises près de 70 bateaux armés et plus de 5000 canons, faisant 7000 morts !... la bataille des Saintes, dans le canal qui les sépare de la Dominique, vit, en ce 12 avril 1782, la défaite dramatique du comte de Grasse face aux 50 vaisseaux de l'amiral anglais Rodney... Ce n'est qu en 1816 que le calme revint, lorsque les Français reconquirent les Saintes de manière définitive, juste au moment où les Anglais reconnaissaient l'indépendance des Etats-Unis d'Amérique...

Petit à petit la population augmente : des Bretons et des Poitevins, car, la canne ne poussant pas sur ce sol aride, on n'eut pas recours aux esclaves et la population est pour ainsi dire blanche (à quelques nuances près !). Pendant longtemps les Saintois arborèrent un couvre-cher typique, le " salako ", étrange chapeau de paille d'origine tonkinoise, importé par des ouvriers asiatiques embauchés dans une poterie de Grande-Baie et devenu depuis le symbole des saintois avec une réplique en madras pour les touristes !

J'aime beaucoup les Saintes.

Sa grande baie, la 3ème plus belle au monde, disent les guides, après Rio et Along !? un accueillant plan d'eau en arc de cercle, et même un " Pain de sucre " miniature, sentinelle avancée sillonnée d'orgues basaltiques. Dès l'arrivée on remarque tout de suite une construction bizarroïde, en forme de proue de paquebot, une sorte de maison-navire pittoresque (à gauche en arrivant), bleu et blanc, avec hublots, bastingage et chaîne d'ancre, qui n'est autre que la maison du médecin de l'île, le docteur Ballabriga !

Sinon le bourg s'étire tout en longueur avec, au centre, une mairie toute pimpante, d'inspiration coloniale, à côté d'un square ombragé. Au bout du quai la gendarmerie, en bleu et blanc, semble sortir d'un décor d'opérette ! l'église marque la limite entre le quartier résidentiel dit  du " Mouillage " et celui du Fond-Curé où habitent les pêcheurs. Cette église se différencie des autres églises antillaises par sa forme et son clocher légèrement décalé ! les petites maisons aux toit rouges (en tôle ondulée) autour de la rade affichent un certain goût pour l'exotisme...

Il ne faut pas rater la visite du Fort Napoléon (environ une heure à pied), forteresse massive d'où l'on a une magnifique vue sur l'archipel.