Porlamar, Saint Tropez du Vénézuela ?
D’abord, je n’aime pas Saint Tropez.
Encore moins la Costa Brava.
L’arrivée à Porlamar, capitale de l’île de Margarita,
300.000 habitants est frappante. A 5 milles nautiques de la côte, l’impression
d’une grande ville moderne, d’un littoral complètement mité et saccagé par de
grands ensembles, à l’espagnole. A 2 milles de la côte, nous nous rendons
compte qu’il y a un problème, que le littoral ressemble davantage à Beyrouth
qu’à Bénidorm : la plupart des immeubles ne sont pas achevés depuis bien
longtemps, les voiries sont défoncées voire inexistantes.
Aujourd’hui, les plages de Porlamar seraient fréquentées
par les riches Vénézueliens qui, le temps d’un week-end posent leurs fesses sur
la plage en dégustant leur Chivas Régal détaxé (Margarita a un statut de zone
franche), soit 10€/L pour du 12 ans d’âge.
Je ne suis pas convaincu par cette hypothèse : les plages
bondées du week-end nous ont semblé beaucoup plus populaires, fréquentées par
les gens du coin en famille, dans la crasse et la bonne humeur, décapsulant
force Polar, la Jupiler locale. Notre référentiel (gauf au suc) est
complètement bousculé. La préoccupation environnementale n’est pas encore
passée par ici. Des tas de détritus partout, sauf dans le centre-ville qui lui
est très propre (nous ne sommes pourtant pas aussi obsessionnel que les
Suisses). Le ramassage des ordures est pourtant organisé. Comme dans tous les
pays du Sud, le Sac et les bouteilles plastiques sont omniprésents, même en
pleine mer. Nous avons traversé des océans de bouteilles.
L’insécurité, pressentie comme faisant partie intégrante de
la vie au Vénézuela, est dans toutes les bouches et alimente toutes les
rumeurs : en septembre, un plaisancier italien s’est fait trucider au couteau
par des quidams à qui il avait refusé de payer son dû lors des manœuvres de
déséchouage de son voilier. Ayant payé 200 € aux premiers, il aurait refusé de
remettre la main au bassinet pour les seconds, intervenus en 2ème
rang. Malheureusement pour lui, ils seraient nuitamment revenus pour lui régler
son compte, ce qu’ils ont fait en lui soldant définitivement. Les quartiers
entre la plage et le centre-ville seraient infréquentables, le front de mer
totalement « non secure ». Radio Ponton a émis, la rumeur s’est amplifiée entre
les plaisanciers comme une trainée de poudre et personne ne sait où se situe la
vérité. Le sentiment d’insécurité reste pour nous une pure abstraction, nous
ne l’avons jamais expérimenté dans nos chairs mais la prudence ( ?) nous impose
des précautions dans nos déplacements. Comme dirait JP, à 2 € le taxi, on aurait
tort de se priver.
Du coup, Porlamar est un ghetto : interdiction de se
promener en dehors du centre-ville, soit 2 rues piétonnes et très commerciales,
interdiction de laisser son annexe ailleurs qu’à la Marina Juan, qui garde votre
embarcation jusqu’à 18 heures. Après, comme dit le dicton : annexe à l’eau
c’est annexe cadeau.
Le centre-ville a un certain charme, avec sa basilique et
les rues autour, trépidantes d’activité. Classiquement, beaucoup de commerces
ayant pignon sur rue sont tenus par les Libanais et les Chinois. Spécialisés
dans l’électroménager, les textiles et le change du marché
parallèle.
En rue, cela vit dans tous les sens, les petits commerces
foisonnent, c’est le royaume de l’économie informelle.