mercredi 7 juillet 2010

PORLAMAR




Porlamar, Saint Tropez du Vénézuela: 15 septembre




D’abord, je n’aime pas Saint Tropez.
Encore moins la Costa Brava.
L’arrivée à Porlamar, capitale de l’île de Margarita, 300.000 habitants est frappante. A 5 milles nautiques de la côte, l’impression d’une grande ville moderne, d’un littoral complètement mité et saccagé par de grands ensembles, à l’espagnole. A 2 milles de la côte, nous nous rendons compte qu’il y a un problème, que le littoral ressemble davantage à Beyrouth qu’à Bénidorm : la plupart des immeubles ne sont pas achevés depuis bien longtemps, les voiries sont défoncées voire inexistantes.


D’immenses espaces de terrains vagues se succèdent entre les différentes implantations balnéaires, ils génèrent à juste titre ou non, un fort sentiment d’insécurité. Le versus vénézuélien de Torre Molinos, le Saint Tropez local est mort-né dans les années 80, quand les promoteurs immobiliers, abandonnés par les financiers, ont tout laissé en l’état sur des milliers d’hectares. Les immenses panneaux du maire local vantant ce paradis sur terre sont, dans ce contexte, complètement surréalistes.




Aujourd’hui, les plages de Porlamar seraient fréquentées par les riches Vénézueliens qui, le temps d’un week-end posent leurs fesses sur la plage en dégustant leur Chivas Régal détaxé (Margarita a un statut de zone franche), soit 10€/L pour du 12 ans d’âge.



Je ne suis pas convaincu par cette hypothèse : les plages bondées du week-end nous ont semblé beaucoup plus populaires, fréquentées par les gens du coin en famille, dans la crasse et la bonne humeur, décapsulant force Polar, la Jupiler locale. Notre référentiel (gauf au suc) est complètement bousculé. La préoccupation environnementale n’est pas encore passée par ici. Des tas de détritus partout, sauf dans le centre-ville qui lui est très propre (nous ne sommes pourtant pas aussi obsessionnel que les Suisses). Le ramassage des ordures est pourtant organisé. Comme dans tous les pays du Sud, le Sac et les bouteilles plastiques sont omniprésents, même en pleine mer. Nous avons traversé des océans de bouteilles.




L’insécurité, pressentie comme faisant partie intégrante de la vie au Vénézuela, est dans toutes les bouches et alimente toutes les rumeurs : en septembre, un plaisancier italien s’est fait trucider au couteau par des quidams à qui il avait refusé de payer son dû lors des manœuvres de déséchouage de son voilier. Ayant payé 200 € aux premiers, il aurait refusé de remettre la main au bassinet pour les seconds, intervenus en 2ème rang. Malheureusement pour lui, ils seraient nuitamment revenus pour lui régler son compte, ce qu’ils ont fait en lui soldant définitivement. Les quartiers entre la plage et le centre-ville seraient infréquentables, le front de mer totalement « non secure ». Radio Ponton a émis, la rumeur s’est amplifiée entre les plaisanciers comme une trainée de poudre et personne ne sait où se situe la vérité. Le sentiment d’insécurité reste pour nous une pure abstraction, nous ne l’avons jamais expérimenté dans nos chairs mais la prudence ( ?) nous impose des précautions dans nos déplacements. Comme dirait JP, à 2 € le taxi, on aurait tort de se priver.
Du coup, Porlamar est un ghetto : interdiction de se promener en dehors du centre-ville, soit 2 rues piétonnes et très commerciales, interdiction de laisser son annexe ailleurs qu’à la Marina Juan, qui garde votre embarcation jusqu’à 18 heures. Après, comme dit le dicton : annexe à l’eau c’est annexe cadeau.
Le centre-ville a un certain charme, avec sa basilique et les rues autour, trépidantes d’activité. Classiquement, beaucoup de commerces ayant pignon sur rue sont tenus par les Libanais et les Chinois. Spécialisés dans l’électroménager, les textiles et le change du marché parallèle.
En rue, cela vit dans tous les sens, les petits commerces foisonnent, c’est le royaume de l’économie informelle.