mardi 18 septembre 2012

DES AVES à PUERTO LA CRUZ via CARENERO

SEPTEMBRE 2012

des Avès à Puerto La Cruz
en passant par Carenero, les Roquès et la Tortuga


Bonjour

Le retour vers l'est est toujours problématique : en effet, si à "l'aller" nous étions portés par l'alizé, lorsque nous mettons le cap à l'est, évidemment c'est l'inverse ! boute au vent!
Alors, pour éviter de tirer trop de bords il y a une solution : tirer un long bord à terre et faire escale sur "le continent", dans notre cas, à Carenero.

EOLIS III aux AVES










Les oiseaux, toujours les oiseaux !
les Avès =  «los aves » en espagnol


Toutes ces îles portent bien leur nom !
Les oiseaux y pullulent, une vraie basse-cour…

Mais attention, ils peuvent redoubler d'agressivité dès que nous mettons pied à terre, réalisant bien qu'un « envahisseur » débarque sur leur territoire ! Et ils se déchainent carrément lorsque nous avançons entre les touffes d'herbe, craignant pour leurs nids qui sont au ras du sol. La densité est parfois telle que nous devons prendre garde où nous mettons les pieds !


Plusieurs espèces sont représentées : les sternes fuligineuses, qui sont de loin les plus nombreuses et les plus virulentes, car ce sont elles qui organisent ce monumental concert d'aigus perçants et stridents !
Nous ne sommes pas les seuls objets de leur méchanceté : les quelques « noddis » qui arpentent le bord de la plage restent prudemment à l'écart… En revanche elles doivent accepter la présence des fous parmi elles, et la cohabitation n'est pas sans histoires…à en juger par l'attitude, au nid, des femelles, qui tournent constamment la tête en lançant à la ronde des coups de bec dissuasifs !

Les fous à pieds rouges eux, ont résolu le problème, en allant nicher sur les grosses branches des palétuviers de la mangrove, arbres desséchés, salés, ventés et courbés, qui forment comme une forêt inextricable.

La violente odeur n'est pas due seulement aux fientes mais provient aussi des nombreux cadavres en décomposition…
Ces sternes criardes font penser à une volée de mégères piaillantes et effarouchées !...



Les petits fous conservent leur duvet jusqu'à ce qu'ils aient pratiquement atteint la taille adulte, et c'est amusant d'observer la mère qui veille sur son oisillon aussi gros qu'elle ! Et si, apeurée à notre approche, elle s'envole, le duveteux – et paresseux - pépère ne panique pas, et s'esquive, peinard, en se dandinant, bec ouvert, gorge tremblante, dans un louable effort de ventilation, bien compréhensible par cette chaleur !


De vagues monticules forment de petits tertres et on ne sait si ce sont des tombes ou des oratoires, en tout cas ils sont surmontés d'une croix…

L'île d'à-côté se perd dans l'immensité vert jade qui la prolonge…
C'est désert, oublié, âpre, presque nu,
C'est très beau

la barrière, à cet endroit, est faite de grandes pierres tabulaires entrecoupées de trous et de tranchées, véritables canyons, dans lesquels on se glisse avec nos palmes et nos masques, absorbés par le fluide turquoise, à la découverte de failles et de niches dont les occupants ouvrent de grands yeux ronds – surtout les diodons au regard si doux – en nous voyant défiler à leur porte au gré du courant… ils n'ont pas à se méfier de nous eux,
par contre, si nous voyons dépasser des antennes, leur propriétaire a du souci à se faire !...
 
La plupart de nos plongées sont vraiment féériques, tant par la densité de la faune rencontrée que par l'atmosphère de cette mer inondée par les rayons du soleil au zénith…



Fondus, intégrés dans ce monde, acceptés par les poissons – qui n'ont jamais vu un fusil de chasse sous-marine de leur vie – et qui se laissent approcher à une distance de bras, nous craignons presque de troubler la quiétude et l'harmonie qui se dégagent ici…entourés de poisson-chirurgiens (attention à leur fameux scalpel dorsal)

et d'un nuage de bébés chromis, trois raies mantas et des barracudas nagent au-dessus des coraux en forme de cerveaux ou de cornes d'élan…

Des mérous et des perroquets déambulent aussi tranquillement, tandis que des petits poissons « papillon », plats et merveilleusement colorés, créent une note d'enjouement et de gaieté.
Tout au fond, bien dissimulés sous des rochers, des langoustes – des "bêtes à cornes" - alignées comme à la parade, ne savent pas encore qu'elles vont finir à la casserole !...

Paradis insulaire ou île paradisiaque ?

Une superbe plage s'étend sur plus de deux kilomètres, bordée par de magnifiques cocotiers, et, chose rare, regarde le grand large sans en subir les assauts…
Une ceinture de récifs casse la houle, offrant des étendues d'eau calme propices à la baignade et à la pêche…

Le coup d'œil est magnifique
Les couleurs éclatantes
L'air nous semble incroyablement pur à respirer
Régénéré constamment par l'alizé, il est vivifiant, tonique
L'eau est d'une transparence absolue : à douze mètres de fond la chaîne d'ancre apparaît aussi nettement que si elle était à deux mètres de profondeur !


EOLIS III à CARENERO




En tirant nos bords le long du Venezuela nous nous apercevons que la côte nord  est une ligne de montagnes sur lesquelles il y a parfois tout juste une baraque !

Il est impératif d’arriver de jour à Carenero (quoique lorsque l’on connaît et qu’on a la trace sur le GPS ce n’est pas si difficile…). Il y en a même qui attendent le lever du soleil dans l’anse d’à côté, l’anse des corsaires (Ensenada de Corsarios), juste à l’abri ouest du Cabo Codera ("coudière").

Ensuite, pour entrer dans Carenero même, il faut arrondir largement la Punta Crusesita débordée par des installations flottantes. Après cela les dangers sont en principe au moins marqués par des bidons : il y a un terminal pétrolier avec plusieurs « tonnes » d’amarrage pour les cargos et des marques de balisage jaune à croix jaune en croix. ensuite il faut repérer les deux bouées d’entrée, la rouge et la verte (attention, balisage inversé de ce côté-ci de l'Atlantique!) et passer entre les deux ! On pénètre alors dans une immense mangrove, genre trou à cyclone, cernée de grands hôtels, dont celui de Baya dos Piratos (!) dont on peut capter le réseau wifi. On se trouve dans un grand complexe nautique bien gardé par des vigiles.

On est à l’ancre devant la marina elle-même, en face de la station service PDV. Cela semble sûr : il y a des gardes armés et des chiens !


Le soir, le vent tombant, ce sont les moustiques les plus agressifs et les plus méchants !... il y en a qui laissent ici leur bateau pour aller faire des excursions.
L’inconvénient vient donc des moustiques qui pullulent ici vu que l’eau est saumâtre, pas claire, donc, peuplée uniquement par des poissons-chats, même pas bons à manger…




Excursion en annexe


Ça vaut quand même le détour : on peut aller en annexe se promener dans les coins et recoins de la mangrove (enduits de crème anti-moustiques bien sûr), puis, ayant remonté le hors-bord, continuer à la rame, et avancer sous des voutes de racines de palétuviers, sans bruit, pour observer les colonies de hérons blancs, d’ibis rouges, que l’on peut découvrir juste après un « pont » de palétuviers qui débouche sur une sorte de mer intérieure genre lagon (attention car il y a aussi des cul-de-sac et il faut alors faire demi tour !)

C’et un spectacle rare que de se trouver au milieu de ce paradis des oiseaux dans la lagune de Carenero.


On passe donc sous les branchages des palétuviers, c’est très étendu et peu profond, on arrive à une sorte d’étang d’eau salée merveilleusement calme…tout y paraît figé, comme ce pêcheur en arrêt, à vingt mètres de sa barque, de l’eau jusqu’à mi-cuisse, qui ressemble aux hérons et aux aigrettes que l’on voit perchés sur les branches… il faut approcher doucement à la rame… soudain, un jaillissement dans le bleu clair au-dessus du vert intense de la végétation : le vol rouge, rapide et délicat, d’un oiseau très fin, presque fragile, avec un long cou recourbé vers le bas : le fameux ibis rouge !...d’autres congénères arrivent en escadrilles de six à huit et le rideau vert se décore d’une multitude de taches rouges du plus bel effet…on dirait des arbres de Noël !


Puis c’est au tour des « bombardiers »d’atterrir : ce n’est plus le vol furtif et agile des ibis mais celui de lourds pélicans, en escadre eux aussi, qui approchent en planant et s’immobilisent sur les branches : ils sont rigolos, le bec replié sur leur long cou, dodelinant de la tête, et nous observant de leur œil curieux en forme de bouton de bottine…





Le décor est planté…







Egayé de points rouges et blancs, le rideau vert s' assombrit peu à peu, dans le silence qui entoure le clapotis de l’annexe qui s’éloigne doucement …



Le quai où nous laissons l'annexe (on nous a volé le grappin!) pour débarquer est un vaste garage à bateaux : des vedettes sont garées (rangées ?) dans des sortes d’alvéoles genre jeu de lego, avec chacune au minimum 300 CV au cul – à un centime d’euro le litre de carburant, on comprend que faire le plein ne leur revient pas à cher !
(à propos, il paraît qu'en France on a frôlé les 2€ le litre?)

Ça n’a pas l’air pauvre par ici !



HIGUEROTE



De la marina on peut prendre le bus pour la ville voisine (pour 2 Bs aller-retour, gratuit pour les "vieux" de plus de 60 ans!). La route longe un chenal où il y a plein d’oiseaux qui sont perchés sur les hautes branches des palétuviers qui bordent le cours d’eau. De l’autre côté c’est une longue plage de sable qui n’en finit pas et dont on ne voir pas le bout ! C’est pas très propre...
Mais quand on entre en ville, quelle différence!…

une Vierge del Carmen accueille les visiteurs :



Higuerote est l’ancienne patrie du cacao





Pendant près de trois siècles, elle a hérité des esclaves la joie de vivre et la musique des tambores ce qui fait qu’il y a de la sono partout !



En ville on trouve des supermarchés, des marchands de fruits et légumes à même le trottoir… le Flamengo est le plus grand, mais il faut prendre un autre bus pour y aller, ou bien un taxi, et il est mieux achalandé. Enfin, tout est relatif, bien sûr…il y a aussi beaucoup de commerces tenus par des asiatiques ou des pakistanais (libanais ?).


Le soir il n'est pas rare d'assister à un vol d’ibis rouges dans le soleil couchant…

Ah, qu’on est bien !