mercredi 12 novembre 2014

LA ROUTE DU RHUM = 1978/1982/1986/1990/1994/1998/2002/2006/2010/2014

Mais pourquoi cette course ?

1978/1982/1986/1990/1994/1998/2002/2006/2010/2014

Les plus belles images de la Route du Rhum
PREMIER
 




route du rhum au large du cap fréhel.
Route du Rhum au large du cap Fréhel.





 




Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas un navigateur qui est à l'origine du nom de cette course transatlantique. La Route du Rhum a été créée dans le but de faire la promotion de l'alcool éponyme.
En 1975, Bernard Hass, secrétaire général du Syndicat des Producteurs de Sucre et de Rhum des Antilles, cherche une idée pour mettre en valeur la filière du rhum. Il contacte alors Florent de Kersauson, frère du célèbre navigateur Olivier, et homme d'affaires. Ensemble, ils décident de proposer une nouvelle course à la voile dont l'arrivée se ferait aux Antilles, grosse région productrice de sucre et de rhum.
A la recherche de financement et de soutien, Florent de Kersauson présente le projet à Eric Tabarly, avec lequel il a eu l'occasion de naviguer, et Gérard Petitpas, de la société Pen Duick. Mais ces derniers ne veulent pas d'une épreuve supplémentaire. Les courses au large pullulent déjà sur les océans.
De Kersauson et Hass se tournent alors vers Michel Etevenon, publicitaire de Kriter, alors sponsor d'Olivier, le frère de Florent. Celui-ci accepte de développer le projet et la 1re édition de la Route du Rhum, entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, se tient en 1978.

A la fin des années 1970, la consommation de rhum diminue en France métropolitaine. On passe de 200000 à 70000 hectolitres. Les rhumiers ont bien une opération culinaire « la Poêle d’or » pour faire connaître le rhum, mais elle leur coûte de l’argent et ne porte pas ses fruits.

En 1975, Bernard Hass, secrétaire général du Syndicat des Producteurs de Sucre et de Rhum des Antilles cherche alors une idée pour valoriser la filière du rhum.

Il en parle à Florent de Kersauson qui imagine une course à la voile en direction des Antilles où l’on produit le rhum et le sucre. Haas et de Kersauson présentent le projet à Eric Tabarly qui ne donne pas suite.les rhumiers de la Martinique qui ne sont pas






Ils contactent alors Michel Etevenon, publicitaire, spécialiste du sponsoring des événements nautiques, alors sponsor d’Olivier de Kersauson, le frère de Florent. Etevenon accepte et se met en relation avec intéressés. Il prend contact alors avec Louis Claverie Castetnau, l’ancien directeur général de l’usine Darboussier à Pointe-à-Pitre et le créateur de « la

Poêle d’or », qui récompense la meilleure recette à base de rhum. Celui-ci est emballé et entraîne derrière lui toutes les sucreries de la Guadeloupe, sauf une et deux distillateurs. Ainsi naît la Route du Rhum.







Cette course transatlantique a un franc succès car il n’y a aucune restriction de taille pour les bateaux, c’est la course de la liberté pour rejoindre la Guadeloupe. Elle est une réplique à la décision des Anglais de limiter à 17,06 mètres la taille des voiliers de l’Ostar, la célèbre transat en solitaire.




Et le rhum ?




Si en Europe les religieux succèdent aux alchimistes du Moyen Age pour la distillation des liqueurs, il en est de même aux Antilles. C’est tout d’abord le Père Dutertre qui mentionne la fabrication d’eau-de-vie à partir de la canne à sucre dans des « vinaigreries », ces appareils de distillation. A cette époque, c’est seulement la corporation des vinaigriers qui a le monopole de la distillation.




Mais dans les Antilles françaises,le grand inventeur du rhum est le Père dominicain Labat.




Il nous décrit dans Voyage aux îles françaises de l'Amérique l’eau-de-vie-des Antilles en ces termes :
« L’eau-de-vie que l’on fait aux îles, avec les écumes et les sirops de sucre, s’appelle guildive ou tafia. Les sauvages, les nègres, les petits habitants et les gens de métier n’en font point d’autre, et leur intempérance sur cet article ne se peut dire; il leur suffit que cette liqueur soit forte, violente et à bon marché; il leur importe peu qu’elle soit rude, désagréable et enivrante. »




A ses propos, on voit bien qu’il n’aime pas la guildive et on comprend alors qu’il ait cherché à l’améliorer. Il fait venir de la région des Charentes du matériel de distillation qu’il adapte à la fabrication du rhum.




Dans La fabuleuse aventure du rhum de P-B Alibert, on peut lire que « L’alambic utilisé était constitué simplement par une chaudière en cuivre qui mesurait environ 0,80 m. de diamètre sur 1,30m. de hauteur, surmontée d’un chapiteau en cuivre. Ce dernier était relié à un serpentin plongé dans un tonneau renfermant de l’eau froide que l’on renouvelait de façon continue. La distillation s’opérait en deux fois, c’est-à-dire par repasse. »




Quant au Père Labat, il explique que « la première liqueur obtenue, après avoir enlevé le début et la fin de la distillation, était conservée pendant les cinq premiers jours de la semaine et on remplit une ou deux chaudières pour la repasser le samedi. » On appelle aujourd’hui cette première liqueur « cœur de chauffe ».
La production de rhum s’intensifie mais son exportation vers la France rencontre des difficultés. En effet, la guildive et le tafia apparaissent comme de dangereux concurrents pour les eaux-de-vie de vin. C’est ainsi qu’un édit royal du 24 février 1713 interdit le commerce des eaux-de-vie de mélasse et de sirop. On consomme donc localement le rhum, on l’exporte dans les colonies espagnoles d’Amérique centrale et des Grandes Antilles. Déjà en 1696, le Père Labat nous dit à ce propos : « On en porte quantité, aux Espagnols de la côte du Carac, de Carthagène, des Hondures et des Grandes Isles : ils n’y mettent aucune différence avec celle qui est faite de vin, pourvu qu’elle soit dans des bouteilles de verre d’Angleterre, bouchées et liées avec du fil d’archal ou des cannevettes de Hollande de dix ou douze flacons. »
L’Edit de 1713 ne met nullement fin à ce commerce qui continue sous forme de contrebande, car la « Nouvelle Angleterre », qui deviendra les Etats-Unis, a une très grande consommation de rhum à laquelle ne peuvent subvenir seules les îles anglaises.