BEQUIA est l'île la plus au nord des Grenadines. Elle dépend de St Vincent, république indépendante depuis 1979 dans le cadre du Commonwealth.
NEVIS est au sud-est.
Bequia (prononcer "bécoué")
Puis escapade aux Tobago Cays, barrière de corail circulaire où se protègent mérous, poissons coffres et tortues vertes
Bequia, le plus grand rocher des Grenadines (neuf kilomètres sur deux) se révèle un port d'attache idéal pour découvrir cette partie des Caraïbes préservée du tourisme de masse. De façon étonnante, cette île paisible de près de 5000 habitants a réussi à conserver sa singularité malgré ses 200 villas luxueuses ouvertes à la location. Malgré aussi la régate annuelle de Pâques qui rassemble à Port Elisabeth pendant quelques jours l'intelligentsia de la voile. Malgré enfin sa voisine, la jet-setteuse île Moustique, d'où vient parfois Mick Jagger pour s'approvisionner chez Mac's Pizzeria en pizza... à la langouste!...
NEZ À NEZ AVEC L'OCÉAN
La terre de Bequia doit posséder le gène de l'aventure. Jadis, les Indiens Arawak aidés des Caraïbes noirs (des anciens esclaves) réussirent à repousser plusieurs décennies durant les colons anglais et français avant de capituler au début du XVIIe siècle. Encore aujourd'hui, les défis ne font pas peur aux îliens : c'est un des seuls endroits au monde où l'homme peut braver les baleines et en tuer jusqu'à quatre par an – une seule l'a été en 2012 – Une tradition bicentenaire et périlleuse – la chasse se fait sur une petite coque à rames – surveillée de près par "l'international whaling commission" et qui donne à la caste des "whalers" (baleiniers) un statut à part sur l'île.
Dans les années 1970, Bob Dylan y a fait construire son voilier, l'Ocean Pearl, réplique parfaite du mythique Freedom rose, qui a longtemps été le seul moyen de relier Bequia aux autres îles. A la même époque, en pleine période hippie, des étudiants de l'université américaine de Princeton ont imaginé à la pointe ouest un lieu communautaire, "Moon hole", rivalisant d'architectures "baba chic" qui se fondent dans la nature. C'est désormais une réserve naturelle privée, battue par les vents et les embruns, que l'on peut apercevoir en se baladant sur la plage. Depuis des décennies, Bequia est une adresse discrète que se passent en douce les voileux de tous bords. "Tous les visiteurs tombent sous le charme" explique Bengt Mortstedt, ancien juriste londonien qui sait de quoi il parle. Navigateur émérite, il a succombé à la "maladie" de l'île et vient d'ouvrir, en début d'année, le Bequia Beach Hotel premier complexe hôtelier où le visiteur se retrouve nez à nez avec l'océan sur la Frienship bay.
DES VISAGES INSOLITES
Bequia est de fait idéalement dimensionnée pour des vacances : assez petite pour ne pas laisser de côté trop de choses, assez grande pour ne pas tourner en rond. Sur le port, les enfants s'amusent à construire des voiliers avec des noix de coco. A quelques palmiers de là, les rastas – réputés très bon jardiniers ! – animent le marché couvert quotidien où s'amoncellent fruits de l'arbre à Pain, Cristophines, Mangues, piments et épices.
Le dimanche, sur la plage de Lower bay, des îliens et leurs familles venues par le ferry de Saint-Vincent se retrouvent pour jouer au volley. D'autres dégustent face à la mer de délicieux curry de Conches, ce grand coquillage à l'intérieur rose dénommé Lambi en Guadeloupe et qui foisonne dans la mer.
Le dimanche, sur la plage de Lower bay, des îliens et leurs familles venues par le ferry de Saint-Vincent se retrouvent pour jouer au volley. D'autres dégustent face à la mer de délicieux curry de Conches, ce grand coquillage à l'intérieur rose dénommé Lambi en Guadeloupe et qui foisonne dans la mer.
Vallonnée, l'île offre au détour des chemins, des visages insolites : forêts tropicales sur ses coteaux, étonnantes prairies sur ses hauteurs...
Un véritable paradis à découvrir lors des multiples balades qui rejoignent les différentes criques de l'île. A pied, vélo ou en "minimog" (mini-jeep) de location, un de ces périples mène au sanctuaire des tortues, havre de paix au nord est de l'île créé par le septuagénaire Orton "Brother" King. Depuis plus de vingt ans, cet ancien pécheur récolte les œufs de tortues marines sur les plages leur évitant le funeste destin d'être dévorés par des chiens errants. Les bébés cocoonés, que l'on peut voir dans les différents bassins organisés par âge, seront relâchés au bout de sept ans en mer.
Bequia est aussi l'emplacement rêvé pour rayonner dans l'archipel. Le ferry matinal, vers 7 heures du matin, vous amène à douce allure sur la grande Saint-Vincent. Cette île à la terre volcanique noire est bénie des dieux comme le montre la profusion du marché quotidien de Kingston, à arpenter le matin pour faire son plein d'épices, de fruits et de légumes. Un lieu à visiter de préférence un vendredi : après la journée de travail, vers 17 heures, toutes les générations dansent sur Heritage square, le long de petites échoppes colorées éclairées au néon à la tombée de la nuit.
Si la douce indolence de Bequia ne vous guette pas trop, vous pouvez sillonner la mer et organiser de petites escapades dans les îles de Canouan, Mayreau et sa belle petite église perchée, ou encore la paisible Union Island qui accueille le bureau de préservation de la faune et la flore. Dernier conseil : se renseigner sur les matchs de criquets, Commonwealth oblige, organisés dans l'île. Voir des rastas jouer à cette pratique "so British" est une incongruité unique au monde.
Tuba et masque ajustés, il faut d'abord s'acclimater à ce fond de sable blanc recouvert d'"herbe à tortue" vert clair. Le regard en devine alors une, puis une autre. Une troisième encore plus loin. Des carapaces sombres à losanges, pratiquement posées au fond de la mer, dont de petites têtes s'échappent pour se délecter d'algues avec zèle. Nous voici dans les Caraïbes à Tobago Cays, parc national de préservation de la vie sauvage créé par le gouvernement de Saint-Vincent et les Grenadines, un des cinquante-quatre territoires du Commonwealth.
L'idéal est de se placer juste au-dessus d'une carapace, et de nager lentement – sinon la plus rapide des tortues marines, qui mesure plus d'un mètre de long à l'âge adulte, vous laisse sur place à plus de 30km/heure ! En étant patient, la magie opère alors : la tortue monte lentement à la surface pour respirer. On peut alors la caresser doucement, et même faire un petit bout de chemin avec elle, si elle le désire. Une expérience intense qui nous renvoie étonnamment a des sensations primitives. Ce moment d'intimité avec un animal qui peut vivre jusqu'à 200 ans laisse forcément songeur...