LU POUR VOUS
international - insolite
Venezuela :
le gouvernement a créé un vice-ministére
pour le "bonheur suprême du peuple"
Par La rédaction de RTL.fr , Avec AFP | Publié le 25/10/2013 à 22h52 international - insolite
lu pour vous dans
Venezuela : Le vice-ministére du bonheur suprême,
Coca-Cola et la
« Happy Meal » de McDonald’s (Aporrea)
par Luigino Bracci
« Pour les chavistes et pour les gens de gauche il est normal de se
moquer du nom choisi pour le nouveau vice-ministére pour le bonheur suprême. Il
est normal car nous sommes des vénézuéliens, nous sommes des déconneurs, nous
critiquons beaucoup, et il était tout simplement inévitable qu’on se moque d’un
nom si pittoresque. Maduro lui-même a dû choisir le nom et penser qu’il allait
être charrié.
Comment obtenir un certificat que détermine si l’on est suprêmement
heureux ? Faudra-t-il payer un gestionnaire ? Faudra-t-il corrompre
quelqu’un ? Faudra-t-il regarder du Stand-Up Comedy pendant des
heures ? Peut-être pas. J’ai beaucoup d’amis qui sont gagas avec leurs
enfants qui viennent de naître ; j’imagine que leurs enfants sont en
quelque sorte leurs gestionnaires de ce certificat. Ou encore la petite copine
d’un jeune amoureux, ou la maman qui manque à quelqu’un qui ne l’a pas vu
pendant des mois. Ou alors des petits gestes, comme aider une personne âgée ou
voir que le travail que l’on a fait bénévolement a permis d’améliorer la vie de
beaucoup de personnes. Nous sommes tous des « gestionnaires » de ce
vice-ministére, dans la mesure où nous contribuons à améliorer cette société…
autrement dit, [dans la mesure où nous contribuons] à CE que nous soyons plus
heureux.
Mais vous savez ce qui est vraiment triste ? Voir à un escualido [1]
se moquer du nouveau vice-ministére, en disant que le gouvernement à l’air
ridicule lorsqu’il emploi le mot « bonheur ».
Ceci peut nous servir d’argument, nous qui critiquons l’industrie publicitaire,
motivés par les discours du professeur Roberto Malaver, qui explique
qu’actuellement cette industrie ne se focalise sur la présentation des
produits, mais plutôt sur la manipulation de nos émotions, pour nous faire
croire que le seul moyen d’atteindre le bonheur c’est en achetant ces produits.
Beaucoup de personnes, ne font pas cette analyse et au lieu de rejeter
l’industrie publicitaire, se laissent manipuler par celle-ci.
Coca-Cola est connu non seulement comme une boisson gazeuse, mais aussi comme
un symbole du capitalisme états-unien. Qu’est-ce que nous voyons dans n’importe
quelle publicité de Coca-Cola ? Nous en avons un exemple avec le
« Coca-Cola Happiness Machine » (ou la machine du bonheur
Coca-Cola) : concrètement il s’agit d’un distributeur de [Coca-Cola] qui
devient fou et commence à donner des bouteilles dans un restaurant
universitaire. Ainsi, les jeunes « atteignent le bonheur » lorsqu’ils
ont le plus de bouteilles de Coca.
En Amérique Latine, Coca-Cola a fait sa propre version avec le
« Camion du bonheur Coca-Cola ». Nous avons tous regardé à la télé,
les pubs où un enfant dit être très fier de son père qui travaille comme
chauffeur d’un camion rouge de Coca-Cola qui amène des bouteilles dans le monde
entier. Cette pub fini avec le message suivant « Mon père conduit un
camion rouge, mais il distribue aussi du bonheur ».
Ces pubs s’adaptent à chaque région, ainsi le camion va dans chaque pays
de l’Amérique Latine pour distribuer du « bonheur », ce qui, venant
de cette entreprise, pourrait se traduire par : la mondialisation, les
caries, le diabète, l’obésité, la privatisation de l’eau, l’exploitation de
nous ressources et l’assassinat des syndicalistes. Mais évidemment, nous ne
verrons pas cela dans ces pubs, ni dans les médias qui sont sponsorisés par la
transnationale.
Dans cette version de la publicité nommée « Le Camion du Bonheur
Coca-Cola : Caracas » les spécialistes marketing, font que le camion
se déplace dans la capitale vénézuélienne pour offrir des sodas. « L’Avila
[ou Guaraira Repano, est le nom de la montagne qui entoure la vallée de
Caracas, ndlt] a été témoin de l’arrivée d’un camion plein de bonheur »,
et devinez ce qu’on voit dans la vidéo : des gens qui font la queue pour
qu’on leur offre un soda.
Lorsque les gens font la queue dans un MERCAL [est le nom d’une mission
sociale crée par Hugo Chavez pour distribution d’aliments, dans des marchés
ambulants constitués en réseaux, qui vendent des produits à des prix très bas,
grâce à la subvention de l’Etat, ndlt] ou dans un point de la Misión Identidad
[Mission sociale créée afin de faciliter les démarches pour l’obtention de leur
carte d’identité et pour réduire le nombre de vénézuéliens qui n’ont pas de
papiers, ndlt ], ils [l’opposition] parlent de quelque chose d’
« irréprochable, d’absurde et propre des régimes communistes », mais
lorsque les gens font la queue pour avoir un soda, ils le font « pour être
heureux ». Vraiment Coca-Cola, vous êtes sérieux ?
Un ami sur twitter m’avait donné un autre exemple beaucoup plus grave et
plus dangereux : le happy meal de McDonald’s. Un produit qui est fait pour
que les enfants en bas âge deviennent accros à la mal bouffe, en faisant le
chantage avec un petit jouet fabriqué dans des terribles conditions
d’exploitation, dans le sud-est asiatique.
Ils [McDonald’s] séduisent les enfants, avec des pubs marrantes, avec
des dessins animés en forme de petites boites, avec les balles de couleur, avec
le clown jaune, le symbole de la franchise, pour donner de l’obésité à nos
enfants, mais ils appellent cela « le bonheur ».
Il y a bien d’autres exemples comme les pubs pour Belmont, une marque de
cigarettes vénézuéliennes très connue, appartenant au groupe Bigott. [Dans ces
pubs] il y avait des belles jeunes filles, et des jeunes gens heureux, en train
de profiter de la plage. Généralement, personne ne montrait de cigarette, mais
tout le monde était « heureux ». La pub te fait comprendre que si tu
fumes des Belmont, tu seras aussi « heureux » qu’eux. Peu importe si
quelques années plus tard tu développes un cancer du poumon.
On peut passer des heures à voir des publicités de Coca-Cola sur Youtube
et on verra la même chose : on essaye de te convaincre que si t’achètes
beaucoup de Coca-Cola, tu seras heureux. Est-ce que tout cela a du sens ?
Non. C’est une vulgaire manipulation de nos émotions. Mais je n’ai jamais vu
quelqu’un de droite se moquer des pubs de Coca-Cola, qu’essayent de nous
convaincre que nous serons heureux si nous consommons en abondance cette
boisson bourrée de sucre et d’eau gazéifiée.
Le vice-ministère au nom rigolo, aura pour rôle de superviser et
d’améliorer les plans sociaux créés par le gouvernement d’Hugo Chavez, et qu’il
a nommé « les Missions ». Ces plans ont appris à lire à des millions
de personnes, ont amené des centaines de milliers de cubains pour l’attention
sanitaire primaire et gratuite, se sont occupé de distribuer de centaines de
milliers de tonnes de nourriture tous les mois, ils opèrent a des milliers de
personnes de maladies liées à la vue comme la cataracte.
Nous pouvons discuter sur la pertinence du nom du vice-ministére, nous
pouvons même en rire. Mais nous devons reconnaitre quelque chose : ce
gouvernement a fait beaucoup plus pour le bonheur des millions de personnes que
ces entreprises de gazeuses dont les publicités pleines de bonheur sont
rarement questionnées. »
Luigino Bracci
Traduit par Victoria Valdez pour Le Grand Soir.
[1] la définition correcte du mot est une personne maigre, cependant ce mot est employé par les chavistes au Venezuela pour désigner les personnes de l’opposition, ndlt
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