La
Blanquilla est l'île de la Robinsonnade par excellence : elle a été
investie par des lézards, des ânes, des iguanes, des perroquets, des
pélicans, des fous bruns, une variété inouïe de passereaux ou d'espèces
curieuses comme le frère du faucon : le caracara huppé. L'île est
complètement à l'écart du monde. Les ânes n'y ont pas encore ouvert de
cyber café et les perroquets rechignent à relayer les réseaux wifi. Par
contre les pélicans y ont des coutumes cordiales et l'on se baigne avec
eux !
Il
n'y a aucun commerce, pas de bar, pas de restaurant et pas d'hôtel.
Personne ne vit en permanence sur la Blanquilla. Un village de pêcheurs
est établi au nord de l'île : celui-ci n'est qu'une aire de repos
spartiate partagée entre pêcheurs lors de longues campagnes au large.
Une base reculée de garde-côtes est installée au sud de l'île : elle
ressemble plus à une colonie de vacances qu'à un camp militaire ! Les
garde-côtes restent deux mois sur l'île avant d'être remplacés par la
relève et il y a des équipes qui sont plus « cool » que d'autres au
niveau des contrôles !…. Leur accueil est en général bienveillant, ils
patrouillent régulièrement dans les mouillages et vérifient la validité
des formalités douanières de chaque bateau. Ils viennent aussi en
famille le dimanche et c'est l'occasion de voir des bambins grimper sur
tous les ponts des bateaux et s'y exercer au plongeon qui éclabousse !
El Yaque
(dit « le mouillage des trois palmiers », derrière lesquels se trouve
un puits d'eau douce où l'on peut venir avec son seau pour rincer sa
lessive …) est le mouillage le plus fréquenté de l'île (sur la côte
ouest, sous le vent dominant). L'été est la période qui draine le plus
de monde sur la Blanquilla, cependant, même au plus fort de la saison,
on compte rarement plus d'une vingtaine de voiliers, de peňeros et de
lanchas sur toute l'île! Les lanchas et les peneros sont des bateaux de
pêche traditionnels. Les pêcheurs échangent volontiers avec les
plaisanciers du poisson contre des produits qui améliorent leur
quotidien. Jamais ils ne veulent d'argent... D'ailleurs qu'en
feraient-ils sur la Blanquilla?
Autre mouilage de la Blanquilla, au vent : Playa el Americano (du
nom de l'américain Mr Blankenship, qui y construisit une jolie villa à
une époque où aucun touriste de la plaisance ne fréquentait l'île, plus
une petite piste d'atterrissage pour son petit avion) : cest un couloir
pas trés long, pas trés large, proportionné comme il faut pour loger
deux bateaux...il se termine par deux petites plages, vierges et
blanches, si blanches...Préservées de tout! Le soir les ânes viennent
nous observer du haut de la falaise et lorsque le nuit vient nous
mesurons l'absence totale de lumière, l'ampleur de notre solitude...
C'est cela aussi ça la liberté, celle de vivre sans les lumières
rassurantes des hommes... Sous les étoiles, en attendant que demain la
vie et les couleurs étincelantes reviennent...