vendredi 30 janvier 2015

SECOUONS LE COCOTIER






"SECOUONS LE COCOTIER"... et surtout les caricatures et poncifs antillais des années 60. humour et franchise de Jean Raspail


Jean Raspail a refait la une de l'actualité avec la réédition de son livre "Le Camp des Saints" (voir post du 4 février dernier ici).
En rangeant les livres de mon père je tombe sur les 2 tomes de chroniques de Jean Raspail sur les Antilles (de la Barbade aux Grenadines). Et là aussi c'est à la fois un voyage dans le temps et une chronique douce-amère d'un auteur qui n'a pas la langue dans sa poche pour donner son avis sur le parler créole ou sur les habitudes des fonctionnaires locaux et des touristes sans gênes...
On y découvre 2 portraits savoureux de personnages locaux et historiques : Maurice Besgneux, anarchiste de coeur et archéologue de marine de profession mais surtout "homme libre" installé à la Désirade (aucunes lignes sur ce superbe personnage sur le net!!!) et de Rémy De Haenen, maire de Saint Barthélémy (décédé en 2008) aventurier, aviateur et maire, personnages incontournables et attachants des Antilles d'hier.
La Seconde chronique "Punch Planteur" prolongera la parcours de Raspail vers les îles d'Anguilla, d'Haïti, des Bahamas et encore de saint Barth... (à suivre dans un prochain post).
15 jours après ma semaine martiniquaise, voilà un savoureux voyage à la rencontre des Antilles d'hier et encore un peu d'aujourd'hui !



EXTRAITS
(Premières pages)
Sous un tropique de banlieue
De l'autre côté de la fenêtre sans vitre, façon coloniale bon marché, devant la table où j'écris, le petit jardin vaguement tropical ressemble à un carré de haricots dont les honnêtes légumes auraient été emportés par la démesure. Ce jardin fait partie d'un groupe de mille « pavillons-jardins » neufs et décrépis, au Raizet, à la sortie de Pointe-à-Pitre, où le génie français de la banlieue s'est donné du bon temps, comme à Antony, Stains ou Pavillons-Sous-Bois. Dieu pardonne aux architectes, bousilleurs du xxe siècle français ! Mais dans ce jardin, un grand lézard vert va et vient sur une branche : mon ami le lézard, fidèle au rendez-vous du soir. Aussi désespérément ponctuel que le crépuscule de 18 h 12 qui l'accompagne, et que le verre de whisky rafraîchissant que je viens de me servir, et qui aide à penser sous le tropique. Je me méfie du punch antillais, s'il laisse le foie en paix, il sonne le cerveau...
Il y a punch et punch, rhum et rhum
Trois mois plus tard, à la vérité, je ne m'en méfiais plus du tout. Le punch m'avait eu. Je suppose qu'en marchant, je laissais dans mon sillage flotter une forte odeur de rhum blanc, et qu'en parlant, ou en soufflant sur les pentes ou dans les escaliers, j'exhalais le remugle de cale des vieilles goélettes à rhum. Le punch, je vais vous dire, c'est sacrement bon ! L'infect baba-grog-rhum, ou « bon rhum des Antilles » — fabriqué dans nos grands ports par des marchands d'alcool criminels, car ces rhums-là sont un crime contre le rhum — qu'on balance aux gogos français dans nos bistrots nationaux, est au vrai rhum de canne ce que la merde est à la rosé. Le punch n'est pas une boisson bête, ni une boisson d'irresponsable. Ce n'est pas un truc que l'ouvrier s'envoie en un coup de coude et un clappement de langue, à 5 heures du matin, dans la brume, parce que ça racle et que ça réveille, et que ça fait avaler la bête journée qui vient. On ne se saoule pas au punch comme au genièvre ou à la fine, avec une pelleteuse à godets, il y faut de la volonté, et la conscience rare du bonheur qu'on éprouve à le boire. Et à le préparer, tout est là. Sirop de canne, rhum blanc ou vieux et pas n'importe lequel, citron vert, un cube de glace, une cuillère à long manche pour remuer le tout, un soin précis dans le dosage tout à fait personnel et qui peut varier selon l'heure, la circonstance et l'humeur... Il faut apprendre soi-même, et personne ne saurait vous y aider. Le verre de punch que l'on va boire, rien qu'à le regarder, parfaitement parfait, la joie vient. Toutes les Antilles tiennent dans ce verre, et l'on pourrait tirer un trait...





«On a enfilé sans pudeur, à propos des Antilles,
les mêmes lieux communs, jusqu'à l'écœurement,
car la civilisation des loisirs a broyé la littérature de voyage
dans la moulinette touristique...» 
Robert Laffont, 1973


  Ce livre est la réédition revue et augmentée, modifiée aussi au fil de l'actualité, des deux célèbres tomes de Secouons le cocotier que Jean Raspail a consacrés aux Antilles. Ouvrage à la fois classique et controversé, best-seller de la Caraïbe depuis plusieurs années, loué sans réserve ou violemment critiqué, ce livre n'a jamais laissé indifférent. Sur le ton, la forme et le fond, Jean Raspail s'en est expliqué :
''On a enfilé sans pudeur, à propos des Antilles, les mêmes lieux communs, jusqu'à l'écœurement, car la civilisation des loisirs a broyé la littérature de voyage dans la moulinette touristique. Et plus récemment, du point de vue social, racial ou politique, on assiste au même rabâchage de lieux communs, mais d'un tout autre genre cette fois. Il n'y a plus qu'à tirer l'échelle, et tout recommencer. C'est ce que je fais... " C'est selon cette volonté de renouvellement que Jean Raspail a effectué de très nombreux voyages aux Antilles, visitant longuement la plupart des îles, en particulier la Guadeloupe, la Martinique, les Bahamas, Haïti, la Jamaïque, Saint-Barthélémy, Anguilla, Saint-Martin, Saba, la Dominique et tant d'autres, s'attaquant à tous les sujets, y compris les sujets tabous. Des personnages étonnants, des idées chocs, un style : cela fait un livre extraordinairement libre.
 

TABLE
 

1. Sous un tropique de banlieue
2. Il y a punch et punch, rhum et rhum
3. Les Antilles... un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout
4. Morceaux choisis de littérature antillaise.
5. Soixante-dix-huit moustiques
6. Hymne à Tintamarre
7. Désirade, l'île oubliée
8. Léproseries
9. Les discours d'un gendarme sur une île.
10. Agrégés s'abstenir
11. La lèpre n'est pas contagieuse, mais...
12. A la mémoire de sœur Marie-Cécile
13. Chez une vieille négresse
14. Aux Antilles, la TV se moque du peuple
15. Et comme s'appelle cette île? demanda la Bégum
16. Saint-Martin, l'île de l'illogisme
17. Juges et forbans s'entendent bien
18. Une bonne affaire : vendons Saint-Martin.
19. Le tourisme antillais, ou la tarte à la crème.
20. Des larbins? Ou des travailleurs?
21. Hélas, les Japonais ne sont pas noirs!
22. Expulsis piratis restitua commercia
23. Un cloître du Périgord
24. Au dîner de Mister Cup, à Paradise Island.
25. Les industries du Banc d'argent
26. Victor Schœlcher, ou l'obsession
27. Les mères saintoises reconnaissantes
28. A l'écoute du créole
29. Bons pour le pédiatre
30. Pour sauver les Blancs-Matignon, deux lettres inutiles
31. Une histoire énigmatique
32. Rapatriement ou métissage: pas le choix!
33. Après le départ des Français

34. Vrais Caraïbes pour mourir
35. Faux Caraïbes pour vivre
36. La mer des Antilles, la nuit
37. Six vierges suédoises sous les cocotiers
38. Deux mille jumeaux jaloux
39. Il est entré quelqu'un
40. Alerte à Saint-Barthélemy
41. Non à la Guadeloupe
42. Les poulets débarquent à l'aube
43. Récit d'un combat de coqs, dédié à la chambre des députés de Léopoldville
44. J'aime, je n'aime pas
45. Dans la bibliothèque d'un riche planteur oisif
46. Le cirque aérien de mon ami D.
47. Les Sabatins de Saba, Hollandais de Hollande
48. Comment, à Saba, on refuse l'utile et l'agréable femme
49. La République d'Anguilla se moque du monde
50. Les mille et une idées du président Webster.
51. Un vieux lion britannique en livrée de portier
52. Vive la République guadeloupéenne, capitales Ottawa, Québec, Toronto... et Pointe-à-Pitre!
53. L'empereur Dessalines dansait, mais le roi Christophe le regardait
54. La peau d'un Blanc pour parchemin
55. Esclaves perdus mais remboursés!
56. Esclaves perdus mais remboursés! Suite et fin: Indemnités pour une fidélité
57. Gouverneurs de la sueur
58. Gouverneurs de la sueur, suite et fin: une réception princière
59. Pour servir à l'illustration de la vie et de l'œuvre d'un Nègre de génie
60. La grande pensée du règne
61. Les haillons de la dignité
62. Peut-être une réponse
63. Le colonel des Marrons
EXTRAITS
(Premières pages)
Sous un tropique de banlieue
De l'autre côté de la fenêtre sans vitre, façon coloniale bon marché, devant la table où j'écris, le petit jardin vaguement tropical ressemble à un carré de haricots dont les honnêtes légumes auraient été emportés par la démesure. Ce jardin fait partie d'un groupe de mille « pavillons-jardins » neufs et décrépis, au Raizet, à la sortie de Pointe-à-Pitre, où le génie français de la banlieue s'est donné du bon temps, comme à Antony, Stains ou Pavillons-Sous-Bois. Dieu pardonne aux architectes, bousilleurs du xxe siècle français ! Mais dans ce jardin, un grand lézard vert va et vient sur une branche : mon ami le lézard, fidèle au rendez-vous du soir. Aussi désespérément ponctuel que le crépuscule de 18 h 12 qui l'accompagne, et que le verre de whisky rafraîchissant que je viens de me servir, et qui aide à penser sous le tropique. Je me méfie du punch antillais, s'il laisse le foie en paix, il sonne le cerveau...
Il y a punch et punch, rhum et rhum
Trois mois plus tard, à la vérité, je ne m'en méfiais plus du tout. Le punch m'avait eu. Je suppose qu'en marchant, je laissais dans mon sillage flotter une forte odeur de rhum blanc, et qu'en parlant, ou en soufflant sur les pentes ou dans les escaliers, j'exhalais le remugle de cale des vieilles goélettes à rhum. Le punch, je vais vous dire, c'est sacrement bon ! L'infect baba-grog-rhum, ou « bon rhum des Antilles » — fabriqué dans nos grands ports par des marchands d'alcool criminels, car ces rhums-là sont un crime contre le rhum — qu'on balance aux gogos français dans nos bistrots nationaux, est au vrai rhum de canne ce que la merde est à la rosé. Le punch n'est pas une boisson bête, ni une boisson d'irresponsable. Ce n'est pas un truc que l'ouvrier s'envoie en un coup de coude et un clappement de langue, à 5 heures du matin, dans la brume, parce que ça racle et que ça réveille, et que ça fait avaler la bête journée qui vient. On ne se saoule pas au punch comme au genièvre ou à la fine, avec une pelleteuse à godets, il y faut de la volonté, et la conscience rare du bonheur qu'on éprouve à le boire. Et à le préparer, tout est là. Sirop de canne, rhum blanc ou vieux et pas n'importe lequel, citron vert, un cube de glace, une cuillère à long manche pour remuer le tout, un soin précis dans le dosage tout à fait personnel et qui peut varier selon l'heure, la circonstance et l'humeur... Il faut apprendre soi-même, et personne ne saurait vous y aider. Le verre de punch que l'on va boire, rien qu'à le regarder, parfaitement parfait, la joie vient. Toutes les Antilles tiennent dans ce verre, et l'on pourrait tirer un trait...
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