dimanche 10 mai 2015

INAUGURATION DU MEMORIAL ACTE A PAP PAR FRANCOIS HOLLANDE






Dimanche 2015 mai, 10
François Hollande a inauguré dimanche à Pointe-à-Pitre le Mémorial ACTe, centre caribéen d'expressions et de mémoire de la traite et de l'esclavage, au son grave des tambours et des conques, avec lesquels communiquaient les esclaves.
Le chef de l’État a coupé le ruban tricolore, sous un jeu d'ombre et de lumière distillé par le treillage métallique qui coiffe le bâtiment, entouré des ministres Ségolène Royal (Écologie), Christiane Taubira (Justice), Fleur Pellerin (Culture), George Pau-Langevin (Outre-mer), Annick Girardin (Francophonie), du président de l'Assemblée Claude Bartolone, ainsi que du président de la région Guadeloupe Victorin Lurel et du maire de Pointe-à-Pitre Jacques Bangou.
Le président est ensuite entré dans le bâtiment, passant d'abord devant une sculpture monumentale dans le patio central, un arbre métallique symbolisant le "poto mitan", pilier des cultures antillaises et métaphore des racines.
memorial esclavage
François Hollande avait déjà fait une visite très privée samedi soir en compagnie de Victorin Lurel, porteur du projet et ancien ministre des Outre-mer, de la secrétaire générale de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), Michaëlle Jean, et du président haïtien, Macky Sall, admirant ainsi les éclairages nocturnes qui donnent au Mémorial ACTe l'allure d'un phare à l'entrée de la baie de Pointe-à-Pitre.
"C'est avec émotion que j'ai inauguré le mémorial ACTe. Les œuvres exposées, les faits restitués, les personnages rappelés, et surtout le souvenir des femmes, hommes, enfants victimes de la traite, nous font obligation de ne rien oublier et de lutter encore aujourd'hui pour la dignité humaine", a écrit le président sur le Livre d'or, signé également par les ministres qui l'accompagnaient.
Le discours de François Hollande
Lors de son discours inaugural, François Hollande s'est de nouveau insurgé, comme il l'avait fait la veille en Martinique, contre les "nouveaux négriers" tels ceux qui œuvrent en Méditerranée pour faire passer des migrants. Mais il a écarté tout amalgame entre l'esclavage passé, système légal, et les formes présentes d'esclavage, condamnées par les institutions internationales.
"La seule dette qui doit être réglée, c'est de faire avancer l'humanité. C'est ce que ce Mémorial (ACTe) nous rappelle", a déclaré le président de la République.
S'adressant directement au président haïtien Michel Martelly, chez qui il se rendra mardi, François Hollande a dit sa "fierté" de le voir participer à ce 10 mai un peu particulier. Il a souligné "l'exceptionnel combat pour la liberté d'Haïti", "première colonie libre, première république noire ayant fait échec au rétablissement de l'esclavage" par Napoléon en 1802.
Haïti a dû verser une "rançon d'indépendance" à la France jusqu'au milieu du XXe siècle. "Eh bien, quand je viendrai à Haïti, j'acquitterai à mon tour la dette que nous avons", a-t-il affirmé, chaudement applaudi par l'assistance.
Le Mémorial ACTe a vocation, "en évoquant le passé, de prévenir les fléaux qui menacent" et notamment "le poison du racisme", érigé en grande cause nationale en 2015 en France, a souligné le président français.
Il a aussi rappelé les étapes qui ont jalonné le travail de mémoire et de prévention dans le pays: loi Taubira en 2001 sur la reconnaissance de la traite et de l’esclavage comme crime contre l'humanité; loi de 2013, qui introduit dans le code pénal la définition de la traite, de l'esclavage, et de la servitude. Le nombre de condamnations est passé de "presque rien en 2006 à 150 aujourd'hui", a-t-il précisé.
"La France toute entière est engagée dans cette reconnaissance au-delà des sensibilités, des philosophies. La France est capable de regarder son histoire, parce que la France est un grand pays qui n'a peur de rien et surtout pas d'elle même", a affirmé François Hollande.
Il a consacré un long passage de son discours (dont Mme Taubira avait écrit la trame), à l'histoire souvent occultée des actes de créativité, des révoltes, des rébellions des esclaves qui ont finalement pris "leur part dans leur libération".

"Il arrive par moment que le monde soit un seul lieu, aujourd'hui c'est ici", a pour sa part témoigné Christiane Taubira, alors que Ségolène Royal estimait: "La liberté est un combat pour le passé, le présent et le futur, cet endroit exceptionnel le rappelle au monde entier."
"Ce monument, sur ces côtes qui ont accueilli tant de navires de la traite négrière, nous impose un devoir de mémoire indispensable pour comprendre le présent et construire l'avenir", a estimé Michaëlle Jean, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), citant Aimé Césaire: "L'avenir n'est rien si on ne se souvient pas."
Pour Lilian Thuram, présent à la cérémonie, "c'est un jour très fort: 167 ans après l'abolition de l'esclavage il y a enfin un lieu en France où discuter du discours qu'a produit l'esclavage niant l'humanité de gens en fonction de leur couleur de peau". "Cela doit nous amener à réfléchir aux discours qui enlèvent l'humanité aujourd'hui", a dit l'ancien footballeur international, citant "les immigrés, les sans-papier".
Élus, intellectuels, artistes, représentants de toutes les religions, chefs d'entreprise et simples citoyens avaient aussi été conviés à ce 10 mai, journée nationale de commémoration de la traite et de l'abolition de l'esclavage, aux allures internationales cette année.
De tous les déplacements outre-mer, celui de ce week-end est sans doute le plus important pour François Hollande sur le plan politique, surtout s'il espère obtenir un second mandat en 2017. Car si de manière générale, les habitants de ces territoires éloignés de métropole ont largement voté pour lui en 2012, les martiniquais et plus encore les guadeloupéens lui ont fait massivement confiance. Dans les deux cas, le candidat socialiste avait obtenu plus de 50% des voix dès le premier tour, atteignant carrément 72% des voix au second tour en Guadeloupe.



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En Guadeloupe, Hollande commémore l'abolition de l'esclavage en version internationale

Le Point - Publié le - Modifié le

Avec une trentaine de dirigeants africains et caribéens, il célèbre la Journée nationale de commémoration de l'abolition de la traite et de l'esclavage.

François Hollande est en Guadeloupe pour sa grande tournée caribéenne.
François Hollande est en Guadeloupe pour sa grande tournée caribéenne.
François Hollande en Guadeloupe avec une trentaine de dirigeants africains et caribéens, la militante américaine Angela Davis à Nantes : la Journée nationale de commémoration de l'abolition de la traite et de l'esclavage revêt cette année un caractère international. Le chef de l'État français doit inaugurer dimanche le plus grand centre au monde d'expressions et de mémoire sur la traite et l'esclavage, à Pointe-à-Pitre.
Ce Mémorial ACTe "permettra à la Guadeloupe et au-delà à la Caraïbe toute entière, avec un lien profond avec l'Afrique, de dire au monde que ce combat pour la dignité humaine n'est pas achevé", a déclaré samedi M. Hollande depuis la Martinique, étape précédente de sa vaste tournée dans la Caraïbe qui le mènera ensuite à Cuba et Haïti. Il a fustigé les "nouveaux négriers" de migrants en Méditerranée tout comme l'exploitation des enfants-soldats, entre autres formes modernes d'esclavage.

"Combattre l'esclavage aujourd'hui"

"Ce Mémorial n'appartient pas seulement aux Guadeloupéens, aux Français ou aux peuples qui ont cette sombre histoire en partage", a dit Michaëlle Jean, secrétaire générale de la Francophonie, qui sera présente dimanche. "Il interpelle aujourd'hui le monde entier sur l'abomination de l'esclavage tel qu'il a été pratiqué pendant des siècles, mais aussi sur l'impérieuse nécessité de demeurer vigilants face à toutes les formes d'exploitation, de trafics d'êtres humains et face au racisme dangereusement banalisé", ajoute cette Canadienne née en Haïti.
Christiane Taubira, qui accompagne le président dans tout son périple, a, elle, critiqué la confusion entre "l'esclavage historique" et l'esclavage moderne faisant notamment valoir que le premier était "codifié, régulé", alors que le second n'est "pas un système autorisé". Pour la garde des Sceaux, "on doit combattre l'esclavage aujourd'hui, mais la confusion est mauvaise conseillère et en plus elle est l'apanage des imbéciles".

Une inauguration sera retransmise en direct

Le chef de l'État visitera le MACTe le dimanche matin, avant les allocutions officielles. Les comédiens sénégalais Aliou Sissé et français d'origine guadeloupéenne Jacques Martial (aussi président de la Villette) diront des textes des poètes et penseurs martiniquais Édouard Glissant et Aimé Césaire ainsi que de Louis Delgrès. Ce héros de la résistance à la réintroduction de l'esclavage en Guadeloupe en 1802 est resté célèbre pour s'être fait sauter à l'explosif avec ses camarades de lutte plutôt que de se rendre aux troupes napoléoniennes, fidèle à la devise révolutionnaire "Vivre libre ou mourir". Cette inauguration sera retransmise en direct vers 18 heures au jardin du Luxembourg à Paris, où se tiendra la traditionnelle cérémonie du 10 mai, présidée par le Premier ministre Manuel Valls.
À Nantes, premier port négrier français, la commémoration sera célébrée en présence d'Angela Davis, figure du mouvement noir américain et de la lutte pour les droits civiques dans les années 70. La médaille de la ville lui sera remise sur le parvis du Mémorial de l'abolition de l'esclavage érigé en 2011 sur les bords de la Loire, au coeur de la ville, d'où partaient les expéditions négrières. Après le moment de recueillement sur la passerelle Schoelcher (acteur de l'abolition définitive de l'esclavage en 1848), une exposition photographique sera inaugurée. Dans la région des Guyanes, Nicola Lo Calzo est allé à la rencontre des peuples issus du "marronnage", descendants des "nègres marrons", ces esclaves ayant fui les plantations. Ces peuples, par leurs langues, leurs rituels, leurs pratiques culturelles témoignent de leur capacité à avoir su préserver une culture de résistance.
À Brest, une sculpture, baptisée "Mémoires", sera inaugurée dimanche. Haute de 10 mètres, installée sur le domaine public, "à la pointe de la France et de l'Europe", "la sculpture représente deux masques, l'un regardant le continent européen, le second les quatre autres continents. Ces deux masques représentent l'universalité des mémoires de l'esclavage", a commenté l'initiateur de ce monument, Max Relouzat, président de l'association Mémoire des esclavages, et lui-même petit-fils d'esclave.

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