Je serai cet humain qui aime et qui navigue
de Stéphane Girel et Franck Prévot
éditeur : HongFei Cultures
parution : 2016
Je serai cet homme qui aime et qui navigue"
Je serai cet humain qui aime et qui navigue de Franck Prévot & Stéphane Girel, Ed. HongFei Cultures, 16,50 €. Dès 7 ans
Attention ! Le « Je serai » du titre n'est pas un conditionnel mais bien un futur: malgré son jeune âge, le narrateur est loin des « On dirait que je serais... », il ne joue pas à « faire comme si ». Non, il prend devant nous un engagement ferme, et affirme : « Je serai cet humain qui aime et qui navigue ». Comment peut-il être aussi catégorique ? Ecoutez son histoire :
Comme chaque été depuis neuf ans, le jeune garçon passe les vacances au bord de la mer, chez son grand-père, marin à la retraite. Mais ce jour-là, un événement extraordinaire chamboule sa vie :
« Neuf étés de pêches à pied, à fouiller le sable, sonder les rochers, et jamais je n'avais découvert, même en rêve, semblable merveille. Jamais recueilli pareille bouteille à la mer. Quels naufragés pouvaient ainsi m'appeler ? « "Écoute moi", pouvais-je lire sur le coquillage. »
Le garçon obtempère et le miracle se produit : un poème lui est récité dans une langue inconnue. Son grand-père qui n'entend que le bruit de la mer dans le coquillage, se moque :
« Tu veux dire que cette bernique te récite des poèmes à l’oreille ?! C’est pas banal ça ! »
Mais quand le garçon écoute à nouveau, il s'aperçoit que même sans comprendre le poème, il est happé par son ressenti, sa musicalité. Et nous aussi, on s'évade ! Le puissant pouvoir évocateur des mots de Franck Prévot nous embarque, soutenu par le trait délicat et le travail sur la lumière de Stéphane Girel. Mais les heures passent et, enfin, le texte se laisse apprivoiser : l'enfant est désormais capable de le réciter et d'en comprendre le sens, même si les mots lui échappent toujours.
« C'est en le disant pour la deuxième fois que j'ai compris : je devais absolument accorder ma voix à celle de ce poème naufragés. Faire résonner ma parole avec sa mélodie, avec son rythme. ». Le garçon, irrésistiblement poussé par le poème, va s'essayer à le traduire pour l'offrir à son grand-père, en espérant émouvoir son cœur tanné par la vie. Il met beaucoup de la vie du vieil homme dans sa traduction, parle de son bateau, de sa femme disparue. Les larmes salées du loup de mer, ému, prouvent au garçon qu'il vise le bon cap.
« C’est la nuit suivante que pour la première fois le poème s’est invité dans mon sommeil pour me parler : Tu as ranimé la lumière vacillante que j’ai portée jusqu'à toi. Je suis si heureux de la voir luire dans ton cœur, et dans le cœur de ton grand-père.
Tout est clair à présent pour le garçon : sa route suivra le chemin imprévisible de l'écriture.
"J’entends vos coeurs battre ensemble et ce cadeau que tu lui as fait de ta première traduction est une perle inestimable. Mais toi, quel voyage t’offriras-tu ? Quels mots entends-tu dans les miens ? Je suis un poème qui se demande d’où il vient. Comme toi."
Avec la poésie, il se découvre, se perçoit mieux et appréhende plus finement le monde qui l'entoure et le rôle qu'il y tient. La poésie au centre de la quête initiatique d'un tout jeune écrivain aux allures d'aventurier ? Voilà un sujet ambitieux traité ici avec élégance et intelligence !
Les oreilles, de Gaétan Dorémus, Ed. Albin Michel Jeunesse, 14,90 €. Dès 5 ans
Qu’elles soient en coin ou pas, les oreilles sont une belle invention pour écouter les autres et le monde.Oreille en parabole pour capter la radio
Oreilles longues plongeant dans l’eau pour surprendre les secrets des poissons
Oreilles nageoires pour nager avec les bélugas
Oreilles paravents pour se cacher du loup
Je ne vous ai pas dit, nos deux petits êtres sont un gentil mélange de cochon, d’ourson, de chat lapin un peu débarqués d’une autre planète. Deux petits êtres imaginaires, idéal pour s’identifier.
Des oreilles grandes et enveloppes pour dormir sur ses deux oreilles
Des oreilles éclairantes pour rouler de nuit à vélo
pour capter la chaleur du soleil , pour cacher son goûter et accueillir les abeilles ...
Des choix radicaux de couleurs verte et orange. On aime cet inventaire à hauteur d’enfant ancré dans le quotidien et la magie avec un petit côté "Si j’avais...." Et puis, l’oreille est organe lié à l’enfance... Ne dit-on pas « Je vais te tirer les oreilles » ? Cette liste s’achève avec un retour à l’essentiel : l’amitié. Morale de l’histoire : avoir des oreilles oui, mais pour bien s’entendre les uns les autres !
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