Une belle occasion pour découvrir ou redécouvrir ou faire découvrir ses trésors et en garder de merveilleux souvenirs
Barbara Jolivet
La mer, le sable, le granit, les saints, les artistes... Je me suis penchée sur les quatre communes de la côte de Granit rose, d'ouest en est : Trébeurden, Pleumeur-Bodou, Trégastel et Perros-Guirec. Sans être exhaustif, grâce à ces quelques entrées, vous pourrez briller dans les dîners en ville ! …
Le littoral, muse des artistes
Auteurs et écrivains ne sont pas restés insensibles au charme de la côte de Granit rase. La preuve par six.
C'est lors de son voyage de noces, en 1896 que Joseph Conrad découvre l'Ile-Grande, en Pleumeur-Bodou. Le couple y séjourne cinq mois, le temps pour l'écrivain d'écrire une nouvelle, Les Idiots. Il y met notamment en scène sa propriétaire, Madame Coadou, devenue à l'écrit Madame Lavaille. Aujourd'hui, une plaque sur la maison, ainsi que le nom de la rue où elle se trouve, rendent hommage à l’auteur.
Né à Lannion en 1863, Charles Le Goffic passait ses étés d'enfant au Coz Pors en Trégastel. C'est une fois nommé professeur de lettres au Havre qu'il acquiert une maison sur la côte de Granit rose, à Run Rouz. C'est là qu'il écrira son roman Morgane. Le pirate de l'île Lern et Le Crucifié de Kéraliès lui seront inspirés par des visites à l’Île-Grande. Il deviendra membre de l'Académie Française. Immortel : un collège de Lannion porte son nom.
Quo vadis ?, œuvre maintes fois adaptée au théâtre et au cinéma, a valu à son auteur, le Polonais Henryk Sienkiewicz, le prix Nobel de littérature en 1905. Il en écrivit une partie au château de Costaérès, en Trégastel. Une plage trégastelloise se nomme d’ailleurs Quo Vadis.
Trégastel inspire les auteurs. C'est aussi le cas de Léon Durocher, poète, dramaturge, chansonnier originaire de Pontivy. Longtemps ami avec Charles Le Goffic, il s'était installé à Kerninoc'h, où il a notamment écrit Chansons et binious, dédié à Ernest Renan. On trouve son portrait sur la plage Sainte-Anne, sur un médaillon de bronze.
Les peintres ont aussi été inspirés par les paysages côtiers.
Comme Albert Clouard, aussi poète, attaché à
Perros-Guirec et à Trégastel. Son œuvre, que ce soit par la plume ou le
pinceau, s'intéressa de près à Saint-Guirec. L’une s'intitule La chapelle de la Clarté, vers le bon gîte.
Figure des nabis et ami d'Albert Clouard, Maurice
Denis était d'origine normande. C'est enfant qu'il découvre Perros-Guirec, où
il achètera plus tard une villa, sur les hauteurs de Trestrignel. Ses nombreux
séjours Perrosiens lui ont permis d'aborder le thème des Baigneuses. Il a également réalisé le chemin de croix de la chapelle Notre-Dame-de-la-clarté.
Et aussi...
A Trébeurden : le poète écossais Kenneth White, l'écrivain Roparz Broudig,
les peintres Pierre-Eugène Montezin, Emile Daubé.
A Trégastel : les écrivains Colette, Pierre Benoît, Ferdinand Lot, Patrick
Poivre d'Arvor, Jean de Kerlecq.
A Perros-Guirec : le poète Pierre Guéguen, les
écrivains Maxime Gourhand, Pierre Guéguen, Jakez Konan, l'écrivain
tchécoslovaque Serge Vaculik, les peintres Raymond Lefranc, Emmanuel Lansyer,
Emile Dezaunay, Ferdinand-Joseph Gueidry, Auguste Hanicotte, Charles Camoin,
Jean-Charles Challié, Henri Le Fauconnier, Conrad Kickert, Jules-Emile Zingg, Georges
Sabbagh, Mathurin Méheut, Yves Alix, Emile Simon, Yvonne Jean-Haffen, Henry
Rivière, AndersOsterlind, Bernard Buffet, Etienne Bouillé.
GRANIT OU GRANITE ?
AVEC OU SANS « E » ?
Du
granit bleu, blanc, rose
L’orthographe de granit(e) prête parfois à confusion : si le granite (avec un « e ») désigne la roche magmatique, le granit (sans « e ») est le terme pour le matériau utilisé en architecture ou en sculpture.
Le granit rose, alias « Rose Clarté », a traversé les frontières bretonnes. Dans toutes les régions de France, on trouve des bâtiments avec des traces géologiques costarmoricaines. C'est notamment le cas de la place de l'hôtel de ville à Paris ou de la croix de Lorraine monumentale qui trône à Colombey-les-Deux-Eglises. Même à Hong-Kong, Los Angeles ou Londres, on trouve du granit ros costarmoricain.
Néanmoins, de Trébeurden à Ploumanac'h, on exploite également du bleu Île-Grande, du « blanc Île-Grande », du « Saint-Samson » », du Traouiëro » et de « l'Agathon ». Le bleu a notamment pavé le boulevard Haussmann.
Quelles sont les sept Iles ?
Les Sept-Îles, c'est comme les sept nains ou les sept péchés capitaux : on en oublie toujours une lorsqu'on les liste. Petit pense-bête : l'île aux Moines, où l'humain est accepté, Rouzic, paradis des oiseaux, l'île Plate, Bono, Malban, le Cerf et les Costans. En tout, quarante hectares de réserve naturelle où vivent colonies d'oiseaux - notamment de fous de Bassan - et groupe de phoques.
En breton, les Sept-Îles sont nommées Ar Jentilez, « les Gentilles ». Certains sous-entendraient que les Sept-Îles ne seraient que cinq, niant le statut d'île aux Costans et au Cerf. Mais peu me chaut : les Sept-Îles, ça sonne mieux que les Cinq-îles. Les Sept mercenaires, c'est mieux que le Club des cinq !
Il
n'y a pas que les Sept-Iles…
Si l’on parle beaucoup des Sept-Iles il ne faut cependant pas ignorer les autres îles au large de la côte, comme l’Ile Millau, la plus vaste île trébeurdéenne des îles du Trégor, mais aussi sa voisine l’île molène, dune dont les alentours attirent les plongeurs.
À Pleumeur-Bodou, nombreux sont les îlots comme Aganton, Losket et Morville. Sur l'île de Costaérès, à Trégastel se dresse un château bien connu des cartes postales ? Sans oublier les presqu’îles : le Castel à Trébeurden, Landrellec et l’Ile-Grande à Pleumeur-Bodou et la presqu'île Renote à Trégastel.
UN
DE, UNE BOULE, UN CHIEN…
• Le sentier de Ploumanac'h regorge de curiosités géologiques.
L'érosion nous réserve parfois bien des surprises. Sur le littoral, ce n'est pas le nez dans le ciel qu'on s'amuse à trouver des formes aux nuages, mais bien le nez sur les rochers de granit formé, il y a 30 millions d'années. Notamment à Ploumanac'h. Marcher à travers les
rochers permettra de voir une sorcière, un dé, un lapin, un chien, un caméléon et même une bouteille renversée. Mais aussi sur l'île Renote, à Trégastel, où le temps a poli naturellement une boule de granit, accessible seulement à marée basse.
Guirec, Preden, Bodo, et un
château
Mais d'où viennent les noms de communes qui fleurent bon le vent salé et les paysages marins ? Pour Perros-Guirec, en partie de son saint emblématique, saint Guirec. Quant à Perros, il se décompose en Pen, la tête ou le bout, et Ros, qui désigne un promontoire ou un cap.
Pour Pleumeur-Bodou, l'histoire se complique. Le Pleu vient sans aucun doute de Plou, la paroisse. Quant à meur, il signifie grand. C'est sur Bodou que cela se complique. Nom de saint ? Vocable désignant les bois ou encore la poterie ?
Pour Trébeurden, deux écoles s'affrontent. Littéralement, le nom de la commune signifierait la trêve (une trêve étant une annexe de paroisse) des petits hommes. A moins qu'une nouvelle fois, un saint un peu oublié nommé Preden ou Prydein vienne y ajouter son grain de sel. Un saint que l'on retrouverait à Rosporden dans le Finistère. Dans ce cas Trébeurden voudrait dire village (treb) de Preden.
Seul Trégastel a échappé au saint. La cité du père éternel serait nommée la trêve du château.
Sources
- dossier de Kristell Le Gall dans le trégor du 15 aout 2013
- Figures du Trégor-Goëlo, tome III, Lannion et
la côte de Granit rose, Pierre Le Peillet, 200 pages, 2007.
- Dictionnaire des romanciers de Bretagne, Bernard
et Jacqueline Le Nail, Keltia graphic éditions, 362 pages, 1999.
- Trésors du
Trégor : les fontaines sacrées, Claude Berger et Patrick Worthington, 206
pages, 2009.
- Trégor, terre de granits, Université du temps
libre de Lannion, 130 pages, 1998.
- Sites internet
des communes et offices de tourisme de Trébeurden, Pleumeur-Bodou, Trégastel et
Perros-Guirec.
- Site internet
de l'encyclopédie Marikavel.