lundi 2 avril 2018

COTE DE GRANIT ROSE : JE VOUS AIME








Une belle occasion pour découvrir ou redécouvrir ou faire découvrir ses trésors  et en garder de merveilleux souvenirs
Barbara Jolivet

La mer, le sable, le granit, les saints, les artistes... Je me suis penchée sur les quatre communes de la côte de Granit rose, d'ouest en est : Trébeurden, Pleumeur-Bodou, Trégastel et Perros-Guirec. Sans être exhaustif, grâce à ces quelques entrées, vous pourrez briller dans les dîners en ville ! …                                                                                             

Le littoral, muse des artistes

Auteurs et écrivains ne sont pas restés insensibles au charme de la côte de Granit rase. La preuve par six.

C'est lors de son voyage de noces, en 1896 que Joseph Conrad découvre l'Ile-Grande, en Pleumeur-Bodou. Le couple y séjourne cinq mois, le temps pour l'écrivain d'écrire une nouvelle, Les Idiots. Il y met notamment en scène sa propriétaire, Madame Coadou, devenue à l'écrit Madame Lavaille. Aujourd'hui, une plaque sur la maison, ainsi que le nom de la rue où elle se trouve, rendent hommage à l’auteur.

Né à Lannion en 1863, Charles Le Goffic passait ses étés d'enfant au Coz Pors en Trégastel. C'est une fois nommé professeur de lettres au Havre qu'il acquiert une maison sur la côte de Granit rose, à Run Rouz. C'est là qu'il écrira son roman Morgane. Le pirate de l'île Lern et Le Crucifié de Kéraliès lui seront inspirés par des visites à l’Île-Grande. Il deviendra membre de l'Académie Française. Immortel : un collège de Lannion porte son nom.

Quo vadis ?, œuvre maintes fois adaptée au théâtre et au cinéma, a valu à son auteur, le Polonais Henryk Sienkiewicz, le prix Nobel de littérature en 1905. Il en écrivit une partie au château de Costaérès, en Trégastel. Une plage trégastelloise se nomme d’ailleurs Quo Vadis.

Trégastel inspire les auteurs. C'est aussi le cas de Léon Durocher, poète, dramaturge, chansonnier originaire de Pontivy. Longtemps ami avec Charles Le Goffic, il s'était installé à Kerninoc'h, où il a notamment écrit Chansons et binious, dédié à Ernest Renan. On trouve son portrait sur la plage Sainte-Anne, sur un médaillon de bronze.

Les peintres ont aussi été inspirés par les paysages côtiers.

Comme Albert Clouard, aussi poète, attaché à Perros-Guirec et à Trégastel. Son œuvre, que ce soit par la plume ou le pinceau, s'intéressa de près à Saint-Guirec. L’une s'intitule La chapelle de la Clarté, vers le bon gîte.

Figure des nabis et ami d'Albert Clouard, Maurice Denis était d'origine normande. C'est enfant qu'il découvre Perros-Guirec, où il achètera plus tard une villa, sur les hauteurs de Trestrignel. Ses nombreux séjours Perrosiens lui ont permis d'aborder le thème des Baigneuses. Il a également réalisé le chemin de croix de la chapelle Notre-Dame-de-la-clarté.

Et aussi...

A Trébeurden : le poète écossais Kenneth White, l'écrivain Roparz Broudig, les peintres Pierre-Eugène Montezin, Emile Daubé.
A Trégastel : les écrivains Colette, Pierre Benoît, Ferdinand Lot, Patrick Poivre d'Arvor, Jean de Kerlecq.
A Perros-Guirec : le poète Pierre Guéguen, les écrivains Maxime Gourhand, Pierre Guéguen, Jakez Konan, l'écrivain tchécoslovaque Serge Vaculik, les peintres Raymond Lefranc, Emmanuel Lansyer, Emile Dezaunay, Ferdinand-Joseph Gueidry, Auguste Hanicotte, Charles Camoin, Jean-Charles Challié, Henri Le Fauconnier, Conrad Kickert, Jules-Emile Zingg, Georges Sabbagh, Mathurin Méheut, Yves Alix, Emile Simon, Yvonne Jean-Haffen, Henry Rivière, AndersOsterlind, Bernard Buffet, Etienne Bouillé.
GRANIT OU GRANITE ? AVEC OU SANS « E » ?
Du granit bleu, blanc, rose

L’orthographe de granit(e) prête parfois à confusion : si le granite (avec un « e ») désigne la roche magmatique, le granit (sans « e ») est le terme pour le matériau utilisé en architecture ou en sculpture.

Le granit rose, alias « Rose Clarté », a traversé les frontières bretonnes. Dans toutes les régions de France, on trouve des bâtiments avec des traces géologiques costarmoricaines. C'est notamment le cas de la place de l'hôtel de ville à Paris ou de la croix de Lorraine monumentale qui trône à Colombey-les-Deux-Eglises. Même à Hong-Kong, Los Angeles ou Londres, on trouve du granit ros costarmoricain.

Néanmoins, de Trébeurden à Ploumanac'h, on exploite également du bleu Île-Grande, du « blanc Île-Grande », du « Saint-Samson » », du Traouiëro » et de « l'Agathon ». Le bleu a notamment pavé le boulevard Haussmann.

Quelles sont les sept Iles ?

Les Sept-Îles, c'est comme les sept nains ou les sept péchés capitaux : on en oublie toujours une lorsqu'on les liste. Petit pense-bête : l'île aux Moines, où l'humain est accepté, Rouzic, paradis des oiseaux, l'île Plate, Bono, Malban, le Cerf et les Costans. En tout, quarante hectares de réserve naturelle où vivent colonies d'oiseaux - notamment de fous de Bassan - et groupe de phoques.

En breton, les Sept-Îles sont nommées Ar Jentilez, « les Gentilles ». Certains sous-entendraient que les Sept-Îles ne seraient que cinq, niant le statut d'île aux Costans et au Cerf. Mais peu me chaut : les Sept-Îles, ça sonne mieux que les Cinq-îles. Les Sept mercenaires, c'est mieux que le Club des cinq !

Il n'y a pas que les Sept-Iles…

Si l’on parle beaucoup des Sept-Iles il ne faut cependant pas ignorer les autres îles au large de la côte, comme l’Ile Millau, la plus vaste île trébeurdéenne des îles du Trégor, mais aussi sa voisine l’île molène, dune dont les alentours attirent les plongeurs.

À Pleumeur-Bodou, nombreux sont les îlots comme Aganton, Losket et Morville. Sur l'île de  Costaérès, à Trégastel se dresse un château bien connu des cartes postales ? Sans oublier les presqu’îles : le Castel à Trébeurden, Landrellec et l’Ile-Grande à Pleumeur-Bodou et la presqu'île Renote à Trégastel.

UN DE, UNE BOULE, UN CHIEN…

• Le sentier de Ploumanac'h regorge de curiosités géologiques.

L'érosion nous réserve parfois bien des surprises. Sur le littoral, ce n'est pas le nez dans le ciel qu'on s'amuse à trouver des formes aux nuages, mais bien le nez sur les rochers de granit formé, il y a 30 millions d'années. Notamment à Ploumanac'h. Marcher à travers les

rochers permettra de voir une sorcière, un dé, un lapin, un chien, un caméléon et même une bouteille renversée. Mais aussi sur l'île Renote, à Trégastel, où le temps a poli naturellement une boule de granit, accessible seulement à marée basse.

Guirec, Preden, Bodo, et un château

Mais   d'où   viennent   les noms de communes qui fleurent bon le vent salé et les paysages marins ? Pour Perros-Guirec, en partie de son saint emblématique,    saint    Guirec. Quant à Perros, il se décompose en Pen, la tête ou le bout, et Ros, qui désigne un promontoire ou un cap.

Pour Pleumeur-Bodou, l'histoire se complique. Le Pleu vient sans aucun doute de Plou, la paroisse. Quant à meur, il signifie grand. C'est sur Bodou que cela se complique. Nom de saint ? Vocable désignant les bois ou encore la poterie ?

Pour Trébeurden, deux écoles s'affrontent. Littéralement, le nom de la commune signifierait la trêve (une trêve étant une annexe de paroisse) des petits hommes. A moins qu'une nouvelle fois, un saint un peu oublié nommé Preden ou Prydein vienne y ajouter son grain de sel. Un saint que l'on retrouverait à Rosporden dans le Finistère. Dans ce cas Trébeurden voudrait dire village (treb) de Preden.

Seul Trégastel a échappé au saint. La cité du père éternel serait nommée la trêve du château.

Sources
-  dossier de Kristell Le Gall dans le trégor du 15 aout 2013
-  Figures du Trégor-Goëlo, tome III, Lannion et la côte de Granit rose, Pierre Le Peillet, 200 pages, 2007.
-  Dictionnaire des romanciers de Bretagne, Bernard et Jacqueline Le Nail, Keltia graphic éditions, 362 pages, 1999.
- Trésors du Trégor : les fontaines sacrées, Claude Berger et Patrick Worthington, 206 pages, 2009.
-  Trégor, terre de granits, Université du temps libre de Lannion, 130 pages, 1998.
- Sites internet des communes et offices de tourisme de Trébeurden, Pleumeur-Bodou, Trégastel et Perros-Guirec.
- Site internet de l'encyclopédie Marikavel.

Paris a sa tour Eiffel, Marseille sa cannebière, mais qu’en est-il de nos quatre communes ? Petit voyage dans le temps à la recherche des emblèmes de la Côte de Granit Rose…Première étape : il y fort fort longtemps à Trébeurden : sur le Castel, au détour d’un sentier, le père Trébeurden montre son visage de granit. Veillant sur la commune depuis la nuit des temps, ses rides se sont formées au gré de l’érosion, prouvant que les curiosités géologiques ne sont pas l’apanage de Ploumanac’h…

Le voyage dans les siècles s’arrête désormais à Trégastel, en 1869 : dominant l’aquarium marin, autrefois chapelle de Coz-Ilis, se dessine la statue blanche du Père éternel. D’une hauteur de deux mètres, ce Bon Sauveur fut établi pour « aider les marins du  pays et les étrangers qui visitent nos grèves à élever leurs pensées vers Dieu ». Des cartes postales anciennes le montrent tenant une croix, aujourd’hui disparue.

Trégastel n'est pas en reste avec la fontaine  Saint-Golgon, dont l'eau soigne les fièvres des humains et des chevaux, et Saint-Laurent qui p met la guérison des brûlures. A Trébeurden, la fontaine de la chapelle Notre-Dame-de-Cîteaux soigne les hommes et les bêtes. Enfin, à Notre-Dame-de-la- Clarté, les malvoyants plongent  un mouchoir dans l'eau pour s’humecter les yeux. De quoi mettre les meilleurs médecins et vétérinaires au chômage !

Après le mariage, l'enfant. Il faut alors se rendre à Pleumeur-Bodou, à la chapelle Saint-Sam-son. Là aussi, il s'agit d'un moine évangélisateur, originaire du Pays de Galles. Son culte permettrait de soigner la stérilité des femmes, d'améliorer la force des lutteurs et d'atténuer les douleurs des mem­bres.

Les eaux des fontaines de Pleumeur-Bodou semblent avoir été touchées par la grâce : à Saint-Antoine, on soigne les porcs, ainsi que les abcès et les furoncles ; Saint-Sauveur permet aux cou­ples de connaître leur destin grâce à un morceau de pain ou d'encou­rager les enfants qui tardent à marcher ; quant à Saint-Uzec, il fa­vorise les montées de lait chez les truies et les vaches. Trégastel

Où croiser Macarix ?

Le voyage dans le temps se termine à Perros-Guirec. Si la cité est la ville des Hortensias, elle a adopté il y a quelques années une mascotte officielle. Son nom : Ma­carix. Il s'agit d'un macareux, oi­seau que l'on trouve sur les Sept-Iles. La mascotte s'était même ren­due dans des salons pour faire la promotion de sa commune préfé­rée.

 

 

Macarix vole désormais de ses propres ailes. « Nous le sortons en fonction de la de­mande, pour une animation », in­dique Didier Alno de l'office de tou­risme. Ainsi, le macareux va fré­quemment faire un tour sur le mar­ché nocturne, se rend chaque se­maine aux fins de stages des enfants du centre nautique et sera par exem­ple ce samedi au biathlon de Trestraou. « Macarix vit bien », recon­naît-on du côté de l'office de tou­risme. Entre deux cérémonies de vœux et remise de médaille, Macarix fait du ski et est même allé faire un petit tour dans un avion de la Patrouillé de France