un trésor englouti au large de la Floride est français
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Aux États-Unis, une âpre bataille juridique, en cours depuis deux ans, autour d’un trésor archéologique inestimable, vient de connaître un nouveau rebondissement avec la récente décision d’une cour fédérale américaine : l’épave découverte en 2016, dans les fonds marins au large de la Floride, est bien celle de La Trinité, et appartient donc à la France, estime la juge Karla Spaulding.
L’affaire commence en mai 2016. Une compagnie privée de recherches sous-marines, la Global Marine Exploration (GME), met alors la main sur l’un des Graals des explorateurs de fonds marins. Au large de la Floride, près de Cap Canaveral, à huit mètres de profondeur, ses plongeurs découvrent les restes d’un ou de plusieurs navires anciens : 22 canons, dont trois en bronze ornés d’une fleur de lys, ainsi qu’un monument en marbre.
Au départ, les plongeurs de la GME pensent avoir trouvé ce qu’ils étaient venus chercher : les restes de La Trinité. C’est-à-dire le vaisseau de l’amiral français Jean Ribault. Le Dieppois avait été choisi, en 1562, par l’amiral Gaspard II de Coligny, pour fonder la Floride française au nom du roi Charles IX. Mais, en septembre 1565, la deuxième expédition tourne court. Pris dans une tempête, La Trinitécoule. Jean Ribault est exécuté par les soldats de l’amiral espagnol Pedro Menéndez de Avilés à Fort Caroline, en Floride.
Une épave française ou espagnole ?
Depuis des décennies, de nombreux archéologues avaient tenté de trouver les restes du vaisseau pour sa cargaison inestimable : chacun des trois canons en bronze est estimé à plus d’un million d’euros… De quoi se lancer dans une bataille juridique : car, selon le « Sunken Military Act », voté par les États-Unis en 2004, les pays sont souverains sur leurs anciens navires de guerre, trouvés dans les eaux américaines. Donc, s’il s’agit bien de La Trinité, l’épave et sa cargaison appartiennent à la France.
Dans un communiqué publié en juillet 2016, le directeur de GME, Robert Pritchett, explique que finalement, il ne s’agirait pas des restes de La Trinité. « Selon des preuves matérielles recueillies sur place, et les recherches historiques menées par notre équipe d’archéologues, nous avons écarté la possibilité qu’il puisse s’agir du navire de Jean Ribault. La véritable identité du navire pourrait ne jamais être connue. »
L’équipe estime que la cargaison avait été pillée par des pirates ou des marchands espagnols, au moment de l’exécution de Jean Ribault à Fort Caroline (la première ville érigée par les Européens en Amérique). Selon eux, l’épave au fond de l’eau est celle du bateau espagnol, chargé de la cargaison du bateau français.
Une découverte majeure
Évidemment, l’ambassade de France n’est pas du même avis : devant le tribunal d’Orlando, elle est allée réclamer la propriété de l’épave. En 2016, Clément Leclerc, consul de France à Miami, estime que la découverte est colossale. « Nous considérons, sur la base d’analyses scientifiques, qu’il s’agit d’épaves françaises de la flotte de Jean Ribault. Vous connaissez toute la portée historique et symbolique de ce sujet : il y a peu d’objets historiques et archéologiques de cette époque, c’est-à-dire plus de deux siècles avant la création des États-Unis. » Les deux versions ont été confrontées devant les tribunaux américains. Les équipes de GME estimant que la France n’avait aucun moyen de prouver sa version.
Dans sa décision rendue le 29 juin, la cour fédérale américaine a finalement donné raison à la France. Une décision saluée par le musée maritime de Saint-Augustine (Floride) : « Cette décision va permettre la récupération de l’épave, par l’État de Floride, en coopération avec la France. Il s’agit de l’histoire fondatrice de notre État, poursuit la directrice Kathy Fleming, citée par le site scientifique Live Science. Cette épave est la plus importante de toutes celles trouvées dans les eaux floridiennes. » Selon James Goold, l’avocat du gouvernement français, cité par l’agence Associated Press, cette décision va protéger le trésor d’un pillage privé.
La Global Marine Exploration qui estime la décision « injuste », par la voix de Robert Pritchett, a jusqu’à début août pour faire appel.
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