Près de l’autoroute,
les Gilets jaunes ont bricolé leurs « petits villages »
Aux abords de l’autoroute 87, aux Herbiers (Vendée), le campement des Gilets jaunes a des airs de guinguette. Un espace, construit à l’aide de palettes et de bâches protège ces personnes mobilisées du matin au soir depuis plusieurs semaines maintenant.
À l’entrée, un feu brûle dans un bidon, alimenté par un important stock de bois amassé derrière la cahute. Et à l’intérieur de celle-ci, un banc construit sur place, une table, une chaise de camping et de nombreuses victuailles.
Ici, on prend son café, on mange des viennoiseries, on se réchauffe, avant de retourner à la barrière de péage. Midi et soir, le barbecue est sorti pour faire griller la viande que les mobilisés ont pu s’acheter grâce « aux dons des personnes qui passent, ou à notre cagnotte que nous alimentons chaque jour à hauteur de ce que chacun peut », note Thomas, un Gilet jaune présent depuis le début. Lui, c’est le bricoleur des Gilets jaunes des Herbiers. « On a tous un rôle en fonction de ce qu’on sait faire. Certains s’occupent de la nourriture, d’autres sont directement au péage, moi, c’est le bricolage. »
« Parti pour durer »
Dernière installation en date ? Des toilettes sèches, à l’arrière du campement. Un message qui en dit long : les Gilets jaunes ne comptent pas se démobiliser. « Ça commence à faire un moment qu’on est là. Jusque-là, on allait dans les buissons. Pour les hommes, c’était simple, mais les femmes commençaient à râler. En plus, le week-end passé, il a tout le temps plu, c’est devenu compliqué pour toutes les personnes présentes », lance Thomas à qui il n’aura fallu que « trois planches en bois, un seau et de la sciure » pour élaborer ces toilettes.
Sentant que « le mouvement est parti pour durer », les Gilets jaunes ont même préparé Noël dans la cahute, avec un sapin, des guirlandes « afin que chacun se sente chez soi ». Les vivres sont stockés sur place, et chaque jour « une petite mamie nous rapporte une marmite de soupe », des brioches en grand nombre sont aussi données, à tel point que « nous en apportons au Secours populaire ».
Thomas l’admet : ici, à quelques mètres de la barrière de péage, c’est « une petite communauté qui s’est créée, avec 250 personnes qui tournent tout au long de la semaine ». Son campement est plus petit que celui de Boufféré, sur l’A83, mais « c’est devenu un petit village »,s’exclame-t-il.
John, le porte-parole des Gilets jaunes de Boufféré raconte : « On est parti de rien. On n’avait même pas de feu, c’était Koh Lanta », sourit-il. Mais avec les nombreux dons, le péage nord-vendéen s’est transformé, avec deux tonnelles, un bar, de quoi passer de longues journées, mais aussi des nuits entières. Ici aussi, tous s’entraident et ont leurs tâches. Si bien que des liens se sont créés, les couples se sont formés : « On va organiser un mariage au péage, en toute fin d’année. Avec des mariés en gilets jaunes, et moi qui officierai »,s’amuse celui qui estime avoir construit « une petite famille ».
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