Dans le cratère de la Soufrière, les éruptions effusives contribuent à la croissance d’un nouveau dôme. Cette activité peut se transformer en éruptions explosives. Les habitants qui vivent à proximité du volcan, victimes de plusieurs fausses alertes, pourraient être évacués sans préavis.
Dépêchée d’urgence depuis Trinidad et Tobago, l’équipe des scientifiques du Centre de Recherche Sismique de l’Université des West Indies a augmenté les systèmes de surveillance du volcan la Soufrière, haut de 1 234 m, situé à l’extrême nord de l’île.
Depuis le début de l’activité du volcan en décembre 2020, plusieurs nouveaux instruments ont été installés dans des communes proches.
Avec l'aide de la reconnaissance aérienne, les scientifiques constatent que la taille du nouveau dôme ne cesse d'augmenter. Situé dans le cratère du volcan, il pousse à côté de celui crée en 1979, l’année de la dernière éruption explosive.
nécessité l’évacuation de 20.000 personnes.
On sera peut-être obligé de rester en alerte maximale pendant longtemps car, sans préavis, la situation peut rapidement basculer.
La vigilance orange a été déclenchée par la NEMO, Organisation Nationale de Gestion des Urgences. L’organisation a dénoncé plusieurs ordres d’évacuation émis par des particuliers qui veulent semer la panique.
Des habitants hésitent à partir
La commune agricole de Fancy, située à l’extrême nord de Saint-Vincent et les Grenadines, est la plus proche du volcan. Interrogés par le journaliste Kenton Chance pour son site web iWitness News, les habitants se préparent à un éventuel ordre d'évacuation.
J’ai déjà fait mes valises. Je partirais à cause de mes enfants et mes petits-enfants.
Certains se souviennent de 1979. Après plusieurs mois passés dans des centres d’hébergement, des agriculteurs sont rentrés chez eux pour découvrir qu’ils avaient été victimes de vols.
Nos animaux ont été volés. On a dû tout recommencer. Je ne partirai pas. Dès lors le moment où nous sommes évacués, les voleurs arrivent.
En 1979, aucune victime n’a été déplorée. Ce n’était pas le cas en 1902. Le 6 mai, quelques heures avant l’éruption de la montagne Pelée en Martinique, plus de 1.600 personnes ont été tuées dans les éruptions explosives de la Soufrière à Saint-Vincent et les Grenadines.
Le volcan la Soufrière à Saint-Vincent et les Grenadines est entré en phase éruptive. L’alerte orange a été déclenchée mardi 29 décembre 2020, ce qui constitue le troisième niveau d’alerte sur une échelle qui en compte quatre. Une situation qui rapelle celle de 1979.
Il ne faut pas céder à la panique. La Soufrière de Saint Vincent et les Grenadines connait un regain d’activité depuis mardi 29 décembre 2020. L’alerte orange a été déclenchée, ce qui constitue le troisième niveau d’alerte sur une échelle qui en compte quatre.
Alert Level at the La Soufriere volcano raised to Orange. Orange Level means: Highly elevated level of seismicity or...
Publiée par NEMO St. Vincent and the Grenadines sur Mardi 29 décembre 2020
Le volcan est entré en phase éruptive, les scientifiques ont confirmé la formation d’un dôme de lave dans le cratère dès le lendemain.
Écoutez Jean-Christophe Komorowski, directeur scientifique des observatoires volcanologiques et sismologiques de l'institut de physique du globe de Paris dont dépend l'OVSM.
Jean-Christophe Komorowski (volcan Saint-Vincent)
Y aura-t-il une éruption ?
Pour faire face à la situation et évaluer au mieux les risques, une équipe du Centre de Recherches Sismique (CRS) de Trinidad est arrivée en renfort sur l’île ce mercredi. Les membres du CRS vont installer du matériel de pointe en vue d’analyser l’activité en cours.
Une éruption magmatique n’est pas à écarter, mais il est impossible de prévoir quand ou même si elle aura lieu. En effet, il est possible que le volcan baisse en activité de lui-même.
L'une des missions des scientifiques du CRS présents est d'évaluer les scénarios possibles et estimer lequel est le plus probable.
Pour l'heure, de la fumée s'échappe du volcan. Elle est dûe à la rencontre entre le magma et les précipitations importantes dans cette zone ainsi qu'au lac qui se trouve en son sein.
Le mauvais souvenir de 1979
Publiée par NEMO St. Vincent and the Grenadines sur Mercredi 30 décembre 2020
Plusieurs hypothèses sont à l'étude. L'éruption pourrait survenir dans un intervalle de quelques jours à plusieurs mois à partir de la constitution du dôme de lave dit satellite. Il s’est d'ailleurs formé tout près de celui qui avait précédé l’éruption explosive de 1979.
La situation actuelle est similaire à celle qui a eu lieu il y a une cinquantaine d'année. Cette fois encore il y a des émissions de souffres qui rendent l’atmosphère difficilement respirable aux abords du cratère. Pour l’instant, cette activité volcanique ne présente qu’une manifestation éruptive et les scientifiques espèrent qu’elle en restera là avant de se calmer.
Eruption de la Soufrière à Saint-Vincent : "Pour l'instant, il n'y a aucune conséquence pour la Martinique"
Alors que la Soufrière à Saint-Vincent est passée en vigilance orange hier mardi 29 décembre suite à un début d'éruption effusive, les vulcanologues observent attentivement l'évolution du volcan. Selon Jean-Christophe Komorowski, directeur scientifique des observatoires volcanologiques et sismologiques de l'Institut physique du globe de Paris, il n'y a pour le moment aucune conséquence pour la Martinique.
L'observatoire sismologique de l'université des West Indies confirmait une émission de magma et l'explosion d'une masse noire à la surface du cratère. Compte tenu de la situation, l'accès au volcan est donc interdit au public, et de plus amples données scientifiques sont récoltées pour étudier l'évolution de l'éruption. La Soufrière, dont les éruptions passées ont été jusqu'ici explosives, est donc attentivement surveillée.
"Si cette éruption reste effusive, donc avec magma visqueux, les risques pour la population seront limités, mais on ne sait pas comment l'éruption peut évoluer : les éruptions à Saint-Vincent sont souvent explosives, c'est-à-dire qu'un magma chargé en gaz remonte à la surface et déclenche une activité explosive avec projection de cendres et des nuées ardentes"; explique Jean-Christophe Komorowski, directeur scientifique de l'observatoire volcanologique et sismologique de l'Institut physique du globe de Paris.
Le directeur de l'observatoire se veut rassurant : notre territoire n'est pas impacté par ces signes d'éruption.
"Pour l'instant il n'y a pas de conséquence pour les populations en Martinique, tant qu'il n'y a pas d'activité explosive majeure, et encore faudrait-il que les vents soient orientés dans la direction qui pourraient porter d'éventuelles retombées de cendres", affirme-t-il.
D'autre part, le scientifique maintient qu'il n'existe aucun lien entre l'activité de la Montagne Pelée et celle de la Soufrière.
"Il n'y a aucun lien entre les différents volcans de l'arc des Petites Antilles. Il n'y a pas de connexion entre les réservoirs de stockage du magma de La Soufrière et celui de la Montagne Pelée. On ne peut pas craindre le déclenchement d'une éruption à la Montagne Pelée suite à l'activité en cours à Saint-Vincent, ou inversement", conclut-il.
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