Dès Platonov, en 1878 – il avait 18 ans –, Tchekhov fait dire à l’un de ses personnages l’urgence d’« enterrer les morts et réparer les vivants ». L’étonnante formule du futur médecin et grand dramaturge donnera son titre, en 2014, au bouleversant roman de Maylis de Kerangal Réparer les vivants et reste d’une terrible actualité. Mais nous avons toujours eu besoin d’être réparés, l’attestent les plus grands mythes. Et cet Enfant Jésus à naître, dans la religion chrétienne, venu pour nous sauver. La pandémie qui secoue la planète, et la solitude, la pauvreté, l’angoisse qu’elle ne manque pas d’y provoquer, donnent un écho plus tragique encore à nos besoins de réparation intimes et publiques. Nous y consacrons notre numéro double de fin d’année. L’historien Patrick Boucheron, notre invité, y affirme qu’on ne peut bien réparer que ce qu’on renonce à rétablir dans son état initial. Réparer, c’est oser regarder nos blessures, « une attitude active, curieuse, altruiste ». Voilà ce que nous vous souhaitons pour 2021, cette énergie d’affronter les entailles qui ont marqué nos existences en 2020. En vous espérant de belles fêtes « quand même », selon la devise de la comédienne Sarah Bernhardt. Les artistes ont toujours su mettre les mots, les images sur nos plaies…
Chaque mardi, à partir de 17h45, vous pouvez retrouver votre nouveau numéro au format PDF.
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