samedi 9 janvier 2021

AU CAPITOLE À WASHINGTON đŸ˜ĄđŸ˜ đŸ€Ź

 


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Pourquoi l'invasion du Capitole a remis en avant le concept de "white privilege"

Et si, en lieu et place de supporters pro-Trump, c’est Ă  des militants de Black Lives Matter que les forces de l’ordre avaient dĂ» faire face? Aux États-Unis, la question est sur toutes les lĂšvres alors que le Capitole a Ă©tĂ© envahi par des manifestants partisans de Donald Trump mercredi 6 janvier.

Des images ahurissantes ont Ă©tĂ© rendu possibles par un service d’ordre dĂ©passĂ© et elles ont souffert d’une cruelle comparaison avec de prĂ©cĂ©dentes manifestations, comme celles de Black Lives Matter, oĂč les forces de l’ordre avaient Ă©tĂ© autrement plus mobilisĂ©es.

La situation a vite dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© lorsque ces partisans ont rĂ©ussi Ă  pĂ©nĂ©trer dans l’enceinte du cĂ©lĂšbre bĂątiment de la capitale fĂ©dĂ©rale. Certains ont pu poser poing levĂ© dans l’hĂ©micycle quand un autre s’est fait photographier les pieds sur le bureau de Nancy Pelosi, prĂ©sidente de la Chambre. L’un des partisans a mĂȘme Ă©tĂ© aperçu le sourire aux lĂšvres en emportant un pupitre officiel.

Des images ahurissantes rendues possibles par un service d’ordre dĂ©passĂ© et qui ont souffert d’une cruelle comparaison avec de prĂ©cĂ©dentes manifestations, comme celles de Black Lives Matter, oĂč les forces de l’ordre avaient Ă©tĂ© autrement plus mobilisĂ©es, comme nous l’expliquons dans la vidĂ©o ci-dessous.

“Quintessence du privilĂšge blanc...”

Pourquoi l'invasion au Capitole a remis en avant le concept de "white privilege"

Les images ahurissantes de partisans de Trump à Washington ont à nouveau questionné le traitement d'autres manifestations, dont celles de Black Lives Matter.

Pourquoi l'invasion au Capitole remet en avant le concept de "white privilege"
Pourquoi l'invasion au Capitole remet en avant le concept de "white privilege"

CAPITOLE - Et si, en lieu et place de supporters pro-Trump, c’est Ă  des militants de Black Lives Matter que les forces de l’ordre avaient dĂ» faire face? Aux États-Unis, la question est sur toutes les lĂšvres alors que le Capitole a Ă©tĂ© envahi par des manifestants partisans de Donald Trump mercredi 6 janvier.

La situation a vite dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© lorsque ces partisans ont rĂ©ussi Ă  pĂ©nĂ©trer dans l’enceinte du cĂ©lĂšbre bĂątiment de la capitale fĂ©dĂ©rale. Certains ont pu poser poing levĂ© dans l’hĂ©micycle quand un autre s’est fait photographier les pieds sur le bureau de Nancy Pelosi, prĂ©sidente de la Chambre. L’un des partisans a mĂȘme Ă©tĂ© aperçu le sourire aux lĂšvres en emportant un pupitre officiel.

Des images ahurissantes rendues possibles par un service d’ordre dĂ©passĂ© et qui ont souffert d’une cruelle comparaison avec de prĂ©cĂ©dentes manifestations, comme celles de Black Lives Matter, oĂč les forces de l’ordre avaient Ă©tĂ© autrement plus mobilisĂ©es, comme nous l’expliquons dans la vidĂ©o ci-dessous.

“Quintessence du privilĂšge blanc...”

TrĂšs vite, deux mots ont ainsi pris le pas des discussions outre-Atlantique: “white privilege” ou, en français, “privilĂšge blanc”. “La quintessence du privilĂšge blanc! Comme c’est perturbant. J’en suis malade”, a par exemple tweetĂ© Khloe Kardashian.

Joe Biden, lors d’une allocution ce jeudi 7 janvier, a Ă©galement abordĂ© ce sujet, soulignant que si les manifestants avaient Ă©tĂ© antiracistes, des militants Black Lives Matter, ils auraient Ă©tĂ© traitĂ©s “trĂšs diffĂ©remment” par la police, “et c’est inacceptable”.

“Si ça avait Ă©tĂ© une manifestation du mouvement Black Lives Matter (Les vies noires comptent), ils auraient Ă©tĂ© traitĂ©s trĂšs diffĂ©remment de la foule hargneuse qui a attaquĂ© le Capitole, nous savons tous que c’est vrai et c’est inacceptable”, a-t-il dĂ©clarĂ© depuis son fief de Wilmington.

“Imaginez le carnage s’ils n’avait pas Ă©tĂ© blancs”, a Ă©crit de son cĂŽtĂ© l’acteur Chris Evans.

“Si ces gens Ă©taient noirs, ils auraient tous Ă©tĂ© abattus”, a aussi soulignĂ© l’acteur Kevin Hart sur Instagram. “Pourquoi ne pouvons-nous pas envisager de gĂ©rer cette situation de la mĂȘme maniĂšre que les nĂŽtres ont Ă©tĂ© traitĂ©s Ă  plusieurs reprises?”, s’interroge-t-il. “Quand les policiers armĂ©s sont censĂ©s utiliser la force, ils ne le font pas. Merde, c’est triste.”

Comme le rapportent nos confrĂšres du HuffPost QuĂ©bec, nombreux sont ceux qui, au-delĂ  des cĂ©lĂ©britĂ©s, ont comparĂ© les Ă©vĂ©nements de la journĂ©e aux manifestations de Black Lives Matter, soulignant le fait que les autoritĂ©s semblaient peu prĂ©parĂ©es, contrairement Ă  ce qui aurait pu ĂȘtre mis en place face Ă  une foule de manifestants noirs.

Le privilĂšge blanc, c’est prendre violemment d’assaut et piller le Capitole, dĂ©truire le drapeau des États-Unis et le remplacer par un drapeau de Trump, puis ĂȘtre simplement renvoyĂ© Ă  la maison tout en ayant une Ă©quipe SWAT qui vous tient la main pendant que vous descendez lentement les escaliers.

Le privilĂšge blanc en une photo.

Aux États-Unis, la notion de “white privilege” - le “privilĂšge blanc”- est beaucoup plus rĂ©pandue qu’en France. Comme l’expliquait dĂ©jĂ  Slate en 2016, outre-Atlantique, ces privilĂšges sont largement dĂ©battus dans les mĂ©dias et font l’objet de tribunes grand public.

Une notion qui s’est imposĂ©e aux États-Unis

L’une des premiĂšres apparitions de ce terme vient des annĂ©es 30 mais le concept de “white privilege” a surtout commencĂ© Ă  gagner en notoriĂ©tĂ© Ă  la fin des annĂ©es 80 aux États-Unis. Peggy McIntosh, une chercheuse spĂ©cialisĂ©e dans les Ă©tudes autour du genre, publie en 1988 un article intitulĂ© “Le privilĂšge blanc et le privilĂšge masculin: un point de vue personnel sur le fait de voir des correspondances dans les Ă©tudes sur les femmes”. Elle y donnait alors 46 exemples de “white privilege”, raconte le New Yorker qui a retracĂ© l’histoire de ce concept. Un article qui a fait date et beaucoup rĂ©agir, car c’Ă©tait l’une des premiĂšres fois que les diffĂ©rences de traitement entre les personnes noires et blanches Ă©taient dĂ©crites aussi directement par une femme blanche.

Si le terme s’est imposĂ© outre-Atlantique, le mot “privilĂšge” demande parfois Ă  ĂȘtre explicitĂ© pour ĂȘtre mieux compris. Ainsi, la philosophe Naomi Zack, interrogĂ©e dans le New York Times, prĂ©cise en 2014: “Le terme ‘white privilege’ est trompeur. Un privilĂšge est un traitement spĂ©cial qui va au-delĂ  d’un droit. Ce n’est pas tant qu’ĂȘtre blanc confĂšre un privilĂšge mais que ne pas ĂȘtre blanc signifie ĂȘtre privĂ© de ses droits dans de nombreuses situations. Ne pas avoir peur que la police tue votre enfant sans raison n’est pas un privilĂšge. C’est un droit. Mais je pense que c’est ce que le ‘white privilege’ est amenĂ© Ă  illustrer, que les Blancs n’Ă©prouvent pas bien des inquiĂ©tudes que les non-Blancs, en particulier les Noirs, ont.”

Black Lives Matter

Sur le compte Instagram officiel du mouvement Black Lives Matter, on va encore plus loin que le concept de “white privilege” pour parler de “white supremacy”. “Ce que nous avons vu aujourd’hui est le rĂ©sultat d’annĂ©es de fabrication. De siĂšcles, mĂȘme. La prĂ©sence et l’action dĂ©cevantes des forces de l’ordre aujourd’hui Ă©taient une reprĂ©sentation de la suprĂ©matie blanche qui ne permettra jamais Ă  nos communautĂ©s noires d’ĂȘtre libres. N’Ă©chappons pas Ă  la rĂ©alitĂ© Ă  laquelle nous aurions dĂ» faire face, nous le savons tous, s’il s’agissait de Noirs.”

Dans un autre post, ils expliquent: “quand nous, personnes noires manifestons pour nos vies, nous sommes trop souvent accueillies par des troupes de la garde nationale ou des policiers Ă©quipĂ©s de fusils d’assaut, de boucliers, de gaz lacrymogĂšnes et de casques de combat. Ne vous mĂ©prenez pas. Si ces manifestants avaient Ă©tĂ© noirs, nous aurions Ă©tĂ© gazĂ©s, battus, et peut-ĂȘtre tuĂ©s.”

Quatre personnes ont perdu la vie au cours de cette manifestation. L’une, Ashli Babbitt, a Ă©tĂ© griĂšvement blessĂ©e par balle dans des circonstances peu claires. Elle est dĂ©cĂ©dĂ©e de ses blessures peu aprĂšs. Trois autres sont dĂ©cĂ©dĂ©es dans le secteur de la colline du Capitole, sans que les forces de l’ordre aient fait le lien entre ces dĂ©cĂšs et les violences pour le moment. Pour la premiĂšre fois, Donald Trump a admis la fin de son mandat.

À voir Ă©galement sur Le HuffPost: Les images du chaos dans le Capitole Ă  Washington


Qui aurait jamais imaginĂ© de telles scĂšnes aux Etats-Unis ? En prenant d’assaut le Capitole, les partisans de Donald Trump croyaient sans doute venir en aide Ă  leur idole ; ils ont en rĂ©alitĂ© dĂ©gradĂ© encore son image. Cet Ă©vĂ©nement aux consĂ©quences incalculables constitue un vĂ©ritable dĂ©fi adressĂ© Ă  la dĂ©mocratie amĂ©ricaine, au point que certains s’interrogent sur la possibilitĂ© de dĂ©mettre Trump de son mandat avant le 20 janvier, date officielle de la transmission du pouvoir Ă  Joe Biden. D’ores et dĂ©jĂ , il dĂ©chire le Parti rĂ©publicain, dont nombre de responsables se repentent aujourd’hui d’avoir vendu leur Ăąme Ă  un homme dĂ©cidĂ©ment incontrĂŽlable. 

Ce coup de force des pro-Trump n’est pas si Ă©tonnant "quand on sait ce qu'est le populisme ", estime pourtant le politologue germano-amĂ©ricain Yascha Mounk. Tout en condamnant l’assaut, l’entrepreneur Denis Payre, lui, insiste sur la nĂ©cessitĂ© de comprendre la colĂšre d'une classe moyenne qui voit ses emplois et son mode de vie menacĂ©s. Aussi appelle-t-il Ă  corriger les errances d’une "mondialisation malheureuse".



Le discours de Trump cet aprÚs-midi était juste surréaliste !

Ce qui se passe aux US, c'est les prĂ©mices du portage du conspirationnisme rĂ©actionnaire dĂ©bile des rĂ©seaux sociaux dans la rue.  A force de croire n'importe quoi venant de n'importe qui, on finit par perdre tout contact avec la rĂ©alitĂ©. La chute sera extrĂȘmement dure .... pour tout le monde.

C'est juste l'extrĂȘme droite, chauffĂ©e Ă  blanc par Trump depuis un moment,  et qui passe Ă  l'acte, rĂ©seaux sociaux ou pas...
Sauf que lĂ  c'est pas des skinheads ni les fachos habituels ! C'est des monsieur-tout-le-monde qui ont fait leur coming out aprĂšs des mois de montĂ©e en pression sur leurs groupes privĂ©s et de haine attisĂ©e par Trump. Il suffit de lire un peu les commentaires sur les posts de Trump sur Twitter pour voir le niveau de haine et de perte de rĂ©alitĂ© qui s'en dĂ©gage. Les soins on savait qui ils Ă©taient  et on connaissait leur agenda. LĂ  ce sont des inconnus  qui n'Ă©taient  jamais descendus  dans la rue et qui sont certains  d'ĂȘtre  victimes  d'un  complot  mondial. Ou juste aussi des citoyens amĂ©ricains qui se sentent flouĂ©s par un systĂšme Ă©lectoral douteux et qui ont des convictions : comment, avec au total  plus de voix qu'il y a 4 ans,  Trump est battu ??
Attention 
En regardant bien , le BrĂ©sil,  les États-unis  et d'autres,  un autre virus gagne du terrain,  et celui-lĂ  est encore plus dangereux...
La chute est collective,  le complotisme et le nĂ©gationnisme sont juste des maladies mentales,  et de plus en plus contagieuses . MĂȘme l'Ă©ducation ne semble pas ĂȘtre un vaccin efficace , on voit trop de soi-disant Ă©lites se complaire dans ces rĂ©gressions intellectuelles. Et ce n'est pas vrai seulement pour les rĂ©actionnaires amĂ©ricains,  ça se rĂ©pand partout, on en a un autre bel exemple en France avec le vaccin. Si l'information argumentĂ©e n'a plus aucune valeur ça va rapidement ĂȘtre catastrophique dans de nombreux domaines. 



D'aprÚs plusieurs médias américains, des ministres envisagent d'écarter Trump du pouvoir

Des membres du gouvernement américain ont discuté de la possibilité d'écarter Donald Trump du pouvoir aprÚs le coup de force de ses partisans au CongrÚs, ont rapporté mercredi soir plusieurs médias.

Leurs Ă©changes ont portĂ© sur le 25Ăšme amendement de la Constitution amĂ©ricaine, qui autorise le vice-prĂ©sident et une majoritĂ© du cabinet Ă  dĂ©clarer le prĂ©sident "inapte" Ă  exercer ses fonctions, selon les chaĂźnes CNNCBS et ABC, qui s'appuient sur des sources anonymes. Mais aucune proposition formelle n'a encore Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e au vice-prĂ©sident Mike Pence, a prĂ©cisĂ© CBS.


 

"Nous ne cĂšderons rien Ă  la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause" la dĂ©mocratie, a dĂ©clarĂ© le prĂ©sident français Emmanuel Macron dans une vidĂ©o publiĂ©e ce jeudi matin, aprĂšs l'intrusion de manifestants pro-Trump dans le Capitole mercredi soir Ă  Washington.

"Quand, dans une des plus vieilles démocraties du monde, des partisans d'un président sortant remettent en cause, par les armes, les résultats légitimes d'une élection, c'est une idée universelle - celle d'un homme, une voix - qui est battue en brÚche", a ajouté Emmanuel Macron, pour qui "ce qui est arrivé aujourd'hui à Washington n'est pas américain".




"La guerre civile a peut-ĂȘtre commencĂ©" : dans le chaos de Washington avec les pro-Trump 

Des centaines de manifestants pro-Trump ont envahi mercredi le Capitole pendant la certification de l'élection présidentielle. Notre correspondant se trouvait au plus prÚs des événements qui ont secoué la capitale américaine.

Des centaines de supporters de Donald Trump ont envahi le Capitole, mercredi 6 janvier

Des centaines de supporters de Donald Trump ont envahi le Capitole, mercredi 6 janvier



e fut la pire journĂ©e de l'histoire du Parti rĂ©publicain. En l'espace de quelques heures, mercredi, le Grand Old Party a perdu deux Ă©lections sĂ©natoriales imperdables dans son fief de GĂ©orgie. Ce faisant, il a abandonnĂ© sa majoritĂ© au SĂ©nat et, du mĂȘme coup le contrĂŽle du CongrĂšs (SĂ©nat, plus Chambre des reprĂ©sentants). Enfin, par le spectacle affligeant - et inquiĂ©tant - de ses supporters prenants d'assaut et envahissant le Capitole de Washington, oĂč siĂšge le CongrĂšs, le parti d'Eisenhower et Ronald Reagan a montrĂ© un visage dĂ©plorable. 

"En voulant faire obstruction Ă  l'officialisation de l'Ă©lection de Joe Biden et en approuvant le discours incendiaire de Donald Trump, certains sĂ©nateurs rĂ©publicains ont sur la conscience d'avoir incitĂ© leurs militants Ă  se transformer en insurgĂ©s contre les institutions dĂ©mocratiques", souligne Ă  L'Express le politologue Andrew J. Polsky, du Hunter College Ă  New York. Pour la premiĂšre fois depuis la guerre de SĂ©cession, le Parti rĂ©publicain a semblĂ© vouloir empĂȘcher l'alternance, une tradition pacifique pourtant solidement ancrĂ©e. InouĂŻ. 

"La violation du CongrĂšs Ă©quivaut Ă  une attaque terroriste"

Les consĂ©quences sont incalculables. "Donald Trump ne sera plus jamais vu comme auparavant, affirme d'ores et dĂ©jĂ  le commentateur rĂ©publicain Matt Mackowiak. Cela va entacher son bilan politique. Car, par sa rhĂ©torique et ses sous-entendus, il est indĂ©niable qu'il est l'instigateur des Ă©vĂ©nements qui ont suivi son discours prononcĂ© devant ses supporters", affirme ce conservateur. 

Et cet analyste basĂ© Ă  Austin, au Texas, d'ajouter : "La violation du CongrĂšs par des hordes insurrectionnelles Ă©quivaut Ă  une attaque terroriste sur le sol amĂ©ricain. Jamais je n'aurais imaginĂ© voir un tel spectacle. Il est important que les gens qui ont profanĂ© nos institutions soient identifiĂ©s et jugĂ©s. Et il faudra comprendre pourquoi la police du Capitole [dont la fonction consiste habituellement Ă  contrĂŽler les touristes en visite dans ce "lieu saint" de la dĂ©mocratie amĂ©ricaine] a Ă©tĂ© prise au dĂ©pourvu, dĂ©bordĂ©e et incapable de protĂ©ger sĂ©rieusement nos Ă©lus."  

"Le débat sur l'archaïsme de la procédure électorale se trouve relancé"

Au-delĂ  des dĂ©gĂąts matĂ©riels et humains - une jeune femme tuĂ©e par balle par un tir de la police - le traumatisme politique est lĂ . "Ce Ă  quoi nous avons assistĂ© est une sorte de tentative de coup d'État", analyse pour sa part Françoise Coste, spĂ©cialiste du Parti rĂ©publicain et auteur de Reagan (Perrin) une biographie de l'ancien prĂ©sident parue en 2015. "Et mĂȘme si c'Ă©tait une brĂšve et petite tentative de coup d'État, vouĂ©e Ă  l'Ă©chec, les Ă©meutiers ont bel et bien rĂ©ussi Ă  interrompre et empĂȘcher la validation de l'Ă©lection de Joe Biden. MĂȘme si elle n'aura Ă©tĂ© que temporaire, nous avons donc assistĂ© Ă  une crise institutionnelle, avec des insurgĂ©s contraignant les Ă©lus suspendre leur travail." Les Ă©lus de la chambre haute ont finalement pu reprendre leurs discussions visant Ă  valider l'Ă©lection de Joe Biden. "Quoi qu'il en soit, complĂšte Françoise Coste, le dĂ©bat sur l'archaĂŻsme de la procĂ©dure Ă©lectorale se trouve relancĂ©. Car cette annĂ©e, la pĂ©riode de transition de trois mois, avec ses procĂ©dures complexes de validation de la prĂ©sidentielle par les grands Ă©lecteurs, a tournĂ© au cirque." 

Comment assurer la sécurité de Biden le 20 janvier ?

La question de la sĂ©curitĂ© autour des institutions se pose Ă©galement : si les forces de police se sont montrĂ©es incapables de protĂ©ger les institutions comme le SĂ©nat et la Chambre des reprĂ©sentants - toutes deux envahies avec une facilitĂ© dĂ©concertante - qu'en sera-t-il le 20 janvier lors du jour d'inauguration officielle de Joe Biden? Sachant que Donald Trump ne reconnaĂźtra jamais sa dĂ©faite Ă©lectorale, le danger d'une dĂ©stabilisation par la base de l'Ă©lectorat trumpiste doit ĂȘtre pris au sĂ©rieux. 

De fait, le prĂ©sident sortant s'est jouĂ© des institutions et moquĂ© de l'esprit des lois. "La logique de son discours reflĂšte la folie de l'Ă©poque, reprend le New-Yorkais Andrew J. Polsky. D'abord, le prĂ©sident a crĂ©Ă© l'idĂ©e que l'Ă©lection prĂ©sidentielle avait Ă©tĂ© entachĂ©e de fraudes. Ensuite, beaucoup de ses supporters l'ont cru. Enfin, puisque ces derniers en sont maintenant convaincus, il convient de les conforter dans leur croyance. Et peu importe si Joe Biden a recueilli 7 millions de voix d'avance, si les suffrages ont Ă©tĂ© recomptĂ©s plusieurs fois dans les États contestĂ©s par Trump (trois fois, par exemple, dans l'État de GĂ©orgie) et si aucun des soixante recours entrepris par les trumpistes n'a abouti Ă  quoi que ce soit." 

Le rĂ©sultat, c'est qu'une foule sincĂšre mais fanatisĂ©e s'est prĂ©sentĂ©e devant le Capitole pour rĂ©clamer l'annulation de l'Ă©lection de Biden, selon eux "volĂ©e" Ă  Trump, lequel a jetĂ© de l'huile sur le feu en expliquant Ă  son auditoire : "Nous ne rĂ©cupĂ©rerons jamais notre pays par la faiblesse. Il faut faire preuve de force." Une incitation Ă  peine voilĂ©e Ă  marcher sur le Capitole. 

"Trump ne vit que dans l'instant. Qu'importent les conséquences..."

"Il est toujours difficile de prĂ©voir comment Trump va agir, admet le psychologue Dan P. McAdams, de l'UniversitĂ© Northwestern (Illinois), qui a consacrĂ© un ouvrage de rĂ©fĂ©rence Ă  la psychologie du prĂ©sident sortant : The Strange Case for Donald J. Trump, a Psychological Reckoning (Oxford University Press). Cependant, aprĂšs coup, il est gĂ©nĂ©ralement facile de voir en quoi ses agissements correspondent Ă  son mode opĂ©ratoire habituel. Comme je l'explique dans mon livre, Trump a besoin de gagner chaque jour la bataille mĂ©diatique. Et, comme il ne vit que dans l'instant, les consĂ©quences pour son image, son bilan ou sa place dans l'histoire lui importent peu. Ce que les journalistes diront de lui, encore moins... L'essentiel, pour lui, c'est que, chaque jour, il se sente victorieux, qu'il soit sous le feu des projecteurs et qu'il ravisse la vedette Ă  tout le monde. Une fois encore, c'est rĂ©ussi : on ne parle que de lui alors que nous devrions ĂȘtre en train de parler de la future prĂ©sidence de Joe Biden." McAdams ajoute : "Dans son monde fantasmĂ©, Trump croit vraiment qu'il a remportĂ© la prĂ©sidentielle et que celle-ci lui a Ă©tĂ© volĂ©e. Le problĂšme, c'est qu'une bonne partie des 70 millions d'AmĂ©ricains qui ont votĂ© pour lui le pensent Ă©galement..." 

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