Découvrez douze journées de la vie de l'Empereur: de son enfance corse jusqu'à son exil au milieu de l'océan Atlantique, Napoléon fut animé par l'envie irrésistible de «remplir ses destinées».
5 Mai 1821 : Napoléon meurt à Sainte-Hélène
Retenu prisonnier par les Anglais sur l'île de Sainte-Hélène, malade depuis plusieurs années, Napoléon décède le 5 mai 1821 d'un ulcère aggravé. L'ancien « maître de l'Europe » avait cinquante-et-un ans.
Le 7 juillet 1821, Napoléon Bonaparte, Premier consul de France devenu empereur, est mort, malade, seul et enfermé à l’autre bout du monde, depuis déjà deux mois. Pourtant, Le Constitutionnel est le premier journal français à annoncer le décès de celui qui, vingt ans plus tôt, dirigeait le pays d’une main de fer :
« Napoléon Bonaparte est mort.
P.S. Nous avons reçu aujourd'hui par voie extraordinaire les journaux anglais du 4 courant.
La mort de Bonaparte y est officiellement annoncée.
Voici dans quels termes le Courrier donne cette nouvelle :
Bonaparte n'est plus, il est mort le samedi 5 mai à six-heures du soir, d'une maladie de langueur qui le retenait au lit depuis plus de quarante jours.
Il a demandé qu'après sa mort son corps fut ouvert, afin de reconnaître si sa maladie n'était pas la même que celle qui avait terminé les jours de son père ; c’est-à-dire un cancer de l'estomac.
L'ouverture du cadavre a prouvé qu'il ne s'était pas trompé dans ses conjectures. Il a conservé sa connaissance jusqu'au dernier jour, et il est mort sans douleur. »
Arrivé à Sainte-Hélène le 16 septembre 1815, après s'être rendu à l’armée anglaise deux mois auparavant, Napoléon s’est installé contre son gré dans la résidence de Longwood, une simple baraque en bois, presque insalubre, isolée dans les hauteurs de l'île du reste des habitants.
Souffrant du foie depuis la campagne d'Espagne de 1808, sous surveillance constante des Anglais, sans nouvelles de la France, subissant quotidiennement les privations et les vexations infligées par Sir Hudson Lowe, gouverneur de Sainte-Hélène – et qui va se comporter envers lui en véritable geôlier –, la santé de Napoléon va rapidement se dégrader.
Ses conditions de détention sont difficiles, et l'île sur laquelle il est retenu prisonnier n'arrange rien à l'affaire. Sur ce sinistre caillou volcanique, planté dans l'Atlantique sud à près de 2 000 kilomètres des côtes, le climat est mauvais et la géographie abrupte.
À partir de 1817, ses douleurs à l'estomac se font de plus en plus vives, ce qui ne manque pas d'inquiéter les médecins qui le suivent. Mais ceux-ci n'arrivent pas à soulager ses souffrances. Dès lors, ne travaillant plus, mangeant peu, refusant de prendre l'air, Napoléon reste cloîtré, de plus en plus solitaire, à Longwood, des semaines durant. Sa santé décline au fil des mois.
Le 17 mars 1821, il est obligé de s'aliter, les douleurs étant devenues insupportables. Il rédige alors son testament. Il ne peut plus se lever de son lit.
Le 3 mai, une crise manque de l'emporter. Le 4 mai, son médecin anglais Arnott lui administre, au risque de provoquer une hémorragie stomacale, une très forte dose de 10 grains de calomel, un remède très puissant à base de chlorure de mercure. Dans la nuit, Napoléon sombre dans un état comateux. Le lendemain, à 17 h 49, tout est fini.
Plus d'un mois après, le 20 août 1821, le journal monarchiste Le Drapeau blanc publie les lettres du comte de Montholon, fidèle de Napoléon, qui témoignent de sa mauvaise santé plusieurs mois avant sa mort. Très affaibli, il n’était plus que l'ombre de lui même :
« Le mal s'accroissant, M. le comte de Montholon crut devoir en faire part à la princesse Borghèse.
Il lui annonce que “la maladie du foie dont Napoléon est attaqué depuis plusieurs années, a fait des progrès effrayants, que chaque jour le malade voit ses forces s'épuiser ; qu'il est extrêmement faible, et qu'à peine peut-il supporter une course d'une demie-heure en voiture et au pas des chevaux ; que ses organes digestifs ne remplissent plus leurs fonctions, et que son estomac rejette tout ce qu'il reçoit, qu'il ne peut marcher dans sa chambre sans le secours d'une personne ; qu'enfin il ne peut plus manger ni pain ni viande, et qu'il ne vit plus que de consommés et de gelées.” »
Cet état de santé, catastrophique pour un homme qui fut plus jeune connu pour être un bourreau de travail, va rapidement faire naître des soupçons. Les Anglais auraient-ils pu empoisonner Napoléon ?
Le 13 juillet, Le Constitutionnel livre le témoignage circonstancié d'Hudson Lowe, rédigé, avec plusieurs témoins à l'appui, afin de prévenir toute controverse sur la mort de l'empereur :
« Le docteur Arnott était auprès de lui au moment de sa mort, et lui vit rendre le dernier soupir. Le capitaine Crokat, officier de service, et les docteur Shortt et Mitchell virent le corps immédiatement après. Le docteur Arnott resta près du corps pendant la nuit.
Ce matin de bonne heure, à environ sept heures, je me rendis à l'appartement ou était le corps, accompagné du contre-amiral Lambert, commandant en chef de la station ; le marquis de Montchenu, commissaire de S.M. le Roi de France, et chargé des mêmes fonctions de la part de S.M. l'Empereur d'Autriche, le brigadier-général Coffin, commandant en second des troupes, Thomas L. Brooke et Thomas Greentree, écuyers, membres du conseil du gouvernement de l'île, et les capitaines Brown Hendry et Marryal, de la marine royale.
Après avoir vu la personne de Napoléon Bonaparte, qui avait la figure découverte, nous nous retirâmes.
On permit ensuite, avec le consentement des personnes qui avaient composé la maison de Napoléon Bonaparte, aux officiers de terre et de mer qui le désirèrent, aux officiers et employés civils de l'honorable compagnie des Indes orientales, et à plusieurs autres individus résidant ici, d'entrer dans la chambre où était le corps et de le voir. »
Mais de toute évidence, le sort de Napoléon sur son caillou volcanique ne passionnait pas les foules. À Paris, la nouvelle ne fit pas beaucoup de bruit. Avec le temps, le souvenir des glorieuses batailles remportées grâce à son génie militaire s'était émoussé. Si les fidèles de l'empereur et les vieux grognards versèrent quelques larmes, la grande majorité des Français ne manifesta guère d'émotion.
Le diplomate Talleyrand, cynique comme à son habitude, étant mis au courant alors qu'il était en compagnie du général Wellington, le vainqueur de Waterloo, se contentera de qualifier de « simple nouvelle » l'annonce de la mort de Napoléon. Dans la presse ultra, on put même lire que « cet homme oublié meurt sans que la renommée ait une seule voix à son service ».
C'est pourtant cet emprisonnement presque christique à Sainte-Hélène, ce basculement dans l'ombre et l'oubli de celui qui avait été pendant plus de dix ans le « soleil de l’Europe », qui finira par forger la légende de Bonaparte, devenu l'égal de César et d'Alexandre. Depuis sa mort il y a 197 ans, un nombre incalculable de livres ont été rédigés à la gloire du vainqueur d'Austerlitz.
La légende veut que les derniers mots, sibyllins, de feu l'empereur des Français aient été : « Tête… Armée... Joséphine. »NAPOLÉON
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