Ce courant océanique majeur est au bord du basculement
Une récente étude montre que la circulation méridienne de renversement de l’Atlantique (AMOC), un courant océanique qui joue un rôle fondamental dans la redistribution de la chaleur sur Terre, est en perte de vitesse.
Centre sud de l'océan Pacifique, zone protégée de l'île Phoenix.
« La circulation méridienne de renversement de l’Atlantique (AMOC), n’a jamais été aussi faible que ces dernières décennies ». C’est la conclusion d’une récente étude menée par des scientifiques irlandais, britanniques et allemands. Les chercheurs ont présenté dans la revue Nature Geoscience des données tirées principalement d’archives naturelles comme les sédiments océaniques et les carottes de glace pour reconstituer l’historique des flux de l’AMOC. Bilan : la circulation de ce courant océanique majeur s’est considérablement affaiblie au cours des dernières décennies sous l’effet du réchauffement climatique anthropique.
« AMOC déplace près de 20 millions de mètres cubes d'eau par seconde transportant l'eau de surface chaude de l'équateur vers le nord et renvoyant de l'eau profonde froide et à faible salinité vers le sud » explique Juliette Mignot, océanographe à l’institut de recherche pour le développement (IRD) et membre du laboratoire LOCEAN.
Cette circulation est assez subtile et suit un trajet bien défini : elle vient caresser le Brésil, passe par la mer des Caraïbes puis vient toucher les côtes de la Floride, remonte le long des côtes américaines puis se sépare en deux au niveau de l’État de New-York. Arrivée dans l’Atlantique Nord, elle se refroidit très fortement, gagne en salinité et en densité aux abords de la glace de mer. Par la suite l'eau redescend au sud.
En ce moment on craint qu’avec le réchauffement du climat et la fonte des glaces, de l’eau douce s’ajoute au système, ralentissant la circulation d’AMOC » explique Juliette Mignot.
À grande échelle, les courants océaniques sont mis en mouvement par un certain nombre de facteurs. Par le vent, en surface notamment. Puis par un phénomène de mélange plus en profondeur mais aussi par des gradients de densité de l’eau de mer. Cette circulation océanique concerne les océans dans leur globalité et contribue à une redistribution de la chaleur solaire. S’il n’y avait pas cette redistribution de chaleur entre l’équateur et le pôle, la différence de température serait beaucoup plus importante qu'elle ne l'est actuellement sur Terre.
« Dans l’idéal, il faudrait que les chercheurs disposent de courantomètres répartis sur tout l’océan Atlantique, à toutes les profondeurs et à différentes latitudes pour vraiment bien comprendre ces courants » précise l’océanographe. À l’évidence cette technique semble bien compliquée à mettre en place. En revanche, depuis 2004 les océanographes peuvent quantifier une partie de l’intensité de ce courant entre la Floride et l’Afrique grâce à deux séries de mesures.
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