jeudi 29 juillet 2021

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Aux urgences du CHUM sous pression, « un nombre très important de jeunes »

Par Jean-Marc AtséJeudi 29 juillet 2021
Aux urgences du CHUM sous pression, « un nombre très important de jeunes »
Le nombre de malades atteints du Covid-19 augmente et il faut continuer à accueillir les patients à l'hôpital. - Jean-Marc Atsé

Le nombre de malades atteints du Covid-19 augmente et il faut continuer à accueillir les patients à l'hôpital. Le service des urgences de l'hôpital Pierre Zobda Quitman est donc de plus en plus sous pression.

«Nous avons commencé à recevoir les patients vers 8 heures 30-9 heures, il est 11 heures et tous les patients sont sous oxygène, donc je vous laisse calculer ce que cela va donner sur 24 heures », lance le docteur Madani Galleze, urgentiste, intensiviste, et ancien médecin militaire. Au CHU, le nombre de malades atteints du Covid-19 continue d'augmenter. Dans cette zone de tri et d'orientation du service des urgences, des soignants s'affairent.

« Une fois qu'on a évalué le niveau de gravité de l'état de santé des patients, on les dispatche dans un autre secteur où ils sont pris en charge », explique Philippe Denisard, cadre supérieur des urgences et du Samu. « Soit ils vont en réanimation, soit ils vont dans les services d'hospitalisation Covid. Les patients qui se trouvent dans un état très grave sont triés en amont, puisque le Samu a été appelé et a vu que leur état nécessitait un séjour direct en réanimation. Ces patients ne vont donc pas transiter par les urgences ».

« On a le record national par tête d'habitant »

Hossein Mehdaoui, professeur de réanimation, chef du pôle urgences-réanimation-anesthé-sie, se dit frappé par ce qu'il voit actuellement. « En réanimation, on a, par rapport aux vagues précédentes, un nombre très important de jeunes. Mardi, il y avait huit personnes en réanimation qui avaient moins de 35 ans. Cette nuit (ndlr : dans la nuit du 27 au 28 juillet), on a accueilli une jeune femme âgée de 20 ans ». Et de poursuivre : « On a affaire à des variants qui sont plus contagieux, qu'il s'agisse du variant Alpha ou du variant Delta, qui est en train de s'imposer ».
Face à cette résurgence de l'épidémie de coronavirus, le professeur de réanimation invite la population à se faire vacciner. « Je suis vacciné, ma femme, mes enfants, mes parents le sont aussi, et pour nous aider, il faut que les gens se fassent vacciner. L'efficacité ne sera pas immédiate mais cela permettra d'atténuer ce genre de crise sinon cela va revenir sans arrêt ». Il ajoute : « La vague que nous connaissons en ce moment n'a rien à voir avec les précédentes, le nombre de personnes contaminées a explosé, on a le record national par tête d'habitant ». Pour le médecin, la solution est avant tout entre les mains des Martiniquais.

Le service des urgences est de plus en plus sous pression. (photos J.-M. A.) - Jean-Marc Atsé

« J'avais une pression au niveau du cœur »

Jessie, 34 ans, souffrant légèrement d'asthme, est arrivée hier matin aux urgences, peu avant 11 heures. « Les symptômes sont apparus, mardi dernier (ndlr : 20 juillet) », raconte-t-elle. « C'étaient d'abord des courbatures, de la toux, des douleurs aux yeux, de terribles maux de tête et après de la fièvre non-stop, à 39°5, pendant trois/quatre jours ». La semaine a passé et mardi soir (27 juillet), elle a très mal dormi. « J'avais une pression au niveau du cœur, ça me réveillait », poursuit la jeune femme, couchée sur un brancard. « Du coup, ce matin (ndlr : hier), j'étais fatiguée, j'avais du mal à respirer, c'est pourquoi j'ai appelé le Samu. C'est le Covid, je n'ai pas eu de doute là-dessus ». Jessie pense avoir contracté le virus à son travail. 

« C'est vraiment trop difficile »

Malika Larcher est infirmière aux urgences depuis deux ans. « J'adore mon métier », confie la jeune femme. « J'aime beaucoup travailler aux urgences mais j'avoue que depuis deux jours, je n'ai plus envie de venir travailler, parce que c'est vraiment trop difficile ». Malika et ses collègues sont chaque jour en première ligne face à la  vague de patients atteints du Covid-19.
« J'ai commencé à 6h45 ce matin. En général, on est sur une moyenne de 30 à 40 patients par jour, sur une vacation de huit heures. Là, cela me fait trois heures de service et on est déjà à 22 patients. On a fait un tri, je dois avoir 15 patients Covid et 7 non-Covid. On est dans une situation très compliquée ». Du personnel est venu renforcer les équipes.
« D'habitude, il y a deux soignants à l'accueil, une IDE (ndlr : infirmière en soins généraux) et un aide-soignant. Là, les soignants qui sont sur les services aigus et qui n'ont pas de patients en urgence vitale sont venus nous aider. Il y a donc trois infirmières et trois aides-soignantes et c'est quand même difficile à gérer ». En raison de l'afflux de patients, le temps d'attente pour les prises en charge et les examens s'allonge. « Ce n'est plus fluide comme avant », concède l'infirmière.
« Nous, soignants, cela fait un an et demi qu'on tient, non-stop ». Et la situation s'aggrave. « Il n'y a pas suffisamment de lits. On nous a proposé des lits de camp. Ce ne sont pas des prises en charge normales. Actuellement, on est en guerre, on est vraiment dans une médecine d'urgence ». Face à l'explosion spectaculaire des cas de contamination en Martinique, Malika demande instamment à la population de continuer à appliquer les gestes barrière. Et d'en finir avec les soirées ! « Nous, on souffre aux urgences », insiste-t-elle. « Je propose aux gens qui n'y croient pas de venir passer quelques heures avec nous pour voir comment cela se passe. On reçoit des jeunes, des moins jeunes, et dans peu de temps, il faudra prendre des décisions. Qui doit vivre ? Qui ne doit pas vivre. Car, je le répète, on n'aura pas suffisamment de lits pour accueillir les patients et de ressources humaines pour pouvoir prendre en charge tout le monde convenable-ment ». 

L'assistance circulatoire et respiratoire (ECMO)

Plusieurs technologies sont proposées aux patients en fonction de la sévérité de la défaillance circulatoire du cœur et/ou insuffisance pulmonaire aigüe. L’ECMO (extracorporeal membrane oxygenation), également appelée assistance mécanique par voie périphérique ou centrale, est une technique utilisée depuis une quinzaine d'années au CHU. C’est en fait une machine cœur-poumon ou poumon artificiel qui va assurer, pendant la durée nécessaire, la circulation et l’oxygénation du sang. Un jeune de 28 ans, atteint du Covid-19, est hospitalisé au CHU dans le service de réanimation. Depuis six jours, il bénéficie de l'assistance circulatoire et respiratoire. Une technique très invasive. « Les ECMO peuvent durer longtemps, quatre voire six semaines », explique Hossein Mehdaoui, professeur de réanimation, chef du pôle urgences, réanimation, anesthésie. « En revanche, plus cela dure, plus vous risquez d'avoir des complications et moins vous avez de chances de vous en sortir ». Que se passe-t-il en cas d'amélioration ? « On va basculer de l'ECMO vers le système de ventilation classique », répond Hossein Mehdaoui. « On va diminuer l'oxygène délivré par l'ECMO et remettre le poumon au travail. Quand la situation s'améliore vraiment, on va sevrer le patient en explantant l'ECMO ». D'autres précisions de la part du médecin : « Il y a plusieurs types d'ECMO, celle qui est réalisée en réanimation est une ECMO veino-veineuse, cela va supporter uniquement le poumon, le cœur fait son travail, de son côté. Il existe aussi des techniques veino-artérielles, cela supplée en même temps le poumon et le cœur ». 

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