L'Œil de l'INA : Osez Joséphine Baker !
Chanteuse, danseuse, actrice, meneuse de revue et résistante, elle fera son entrée le 30 novembre à 17 heures 30 au Panthéon. Avant cet événement historique, retrouvez le documentaire de Jacques Rutman sur cette femme qui a toujours été en avance sur son temps.
Le 30 novembre à 17 heures 30, Joséphine Baker va faire son entrée au Panthéon. En attendant cet événement historique, Madelen propose The Joséphine Baker show, signé Jacques Rutman. Ce florilège de la plupart de ses passages sur scène a été réalisé en 1964, c'est-à-dire quand, faute d'argent pour faire vivre les douze enfants de sa famille Arc-en-Ciel, elle renonce à ses adieux et revient à l'Olympia. Elle est alors sous le coup d'une menace d'expulsion de son domaine des Milandes, son château en Dordogne, malgré un appel, pendant le journal de 20 heures, de Brigitte Bardot, suppliant que l'on vienne en aide à une «femme exceptionnelle».
Un appel au secours qui va demeurer sans suite. Dans les années 60, personne ne mesure la dimension de son courage et la réalité des actions désintéressées qu'elle n'a cessé de mener. Elle est tellement en avance sur son temps qu'on les reconnaît seulement aujourd'hui .
À LIRE AUSSIDécouvrez ici le documentaire The Josephine Baker show sur Madelen, la plateforme de l'INA
En 1940, quand la guerre éclate, elle est contactée par un officier des services de renseignement français . Il sait l'amour de Joséphine pour la France et se demande si elle ne pourrait pas rendre, discrètement, quelques services à son pays d'adoption. Elle accepte sans un instant d'hésitation. Avec le titre officieux d'«honorable correspondante», elle va profiter de réceptions officielles dont elle est l'invitée d'honneur, pour recueillir des informations sur les positions allemandes. Épinglées sous sa robe ou transcrites à l'encre sympathique sur des partitions, elles sont transmises à la Résistance lors de tournées au Portugal, après le passage de frontières où elle n'est jamais contrôlée par des douaniers qui se contentent de lui demander des autographes.
Elle voue alors une admiration sans bornes au général de Gaulle. À ses yeux, il est le seul capable de sauver la France et la relever. Elle fait sa connaissance en 1943, lors d'un gala destiné à recueillir des fonds pour la France Libre. Alors qu'elle se prépare à monter sur scène, un officier d'ordonnance lui demande si elle accepterait de se rendre dans la loge de l'homme du 18 juin. Les quelques minutes passées avec lui pendant lesquelles il lui offre une petite Croix de Lorraine demeureront, dans sa mémoire, l'un des instants les plus forts de son existence. Désormais sous-lieutenant des troupes féminines auxiliaires de l'armée de l'air française , elle va conclure cette période en 1946, en recevant la médaille de la Résistance.
Dans les années 50, elle poursuit sa croisade en multipliant les actions pour défendre ses sœurs et frères. De Cuba à New York, elle n'hésite jamais à faire appel à un huissier, mais aussi à la presse quand on lui refuse une chambre ou un plat dans un restaurant parce qu'elle est noire. L'impact est tel que le 20 mai 1951, une «association de défense des gens de couleur» organise le «Baker Day», au cœur de Harlem. Ce jour-là, toute de blanc vêtue, elle défile dans les rues à bord d'une voiture découverte. Des défilés, des parades, des réceptions saluent sa présence. Elle ne manque pas d'essuyer une larme lorsqu'au cours d'un discours, l'un des organisateurs déclare : « Les futures générations noires devront se rappeler que si leur chemin est devenu plus doux, c'est à Joséphine qu'ils le doivent. »
À quelques jours de l'évènement, la liste des invités ne semblait pas encore totalement arrêtée. Côté officiels, l'Élysée a convié, outre le gouvernement, les deux anciens présidents de la République, Nicolas Sarkozy, et François Hollande, les anciens premiers ministres, les chefs de parti politique, des personnalités de la culture, dont les patrons de salles dans lesquelles elle s'est produite (Théâtre des Champs-Élysées, Bobino...). Côté famille, qui rassemble déjà 70 personnes, viendront des amis, des proches et ceux qui s'étaient mobilisés pour cette reconnaissance nationale de Joséphine Baker. Si l'idée a été lancée par Régis Debray, en 2013, elle a réellement pris corps grâce à l'action d'un collectif, Osez Joséphine, rassemblant le chanteur Laurent Voulzy, l'historien Pascal Ory, les chanteurs Fabienne Thibeault et Bernard Lavilliers, le photographe Jean-Marie Perrier, Jack Lang ou encore Stéphane Bern. Fort d'une pétition signée par 37.000 personnes, il a réussi faire entendre sa voix à l'Élysée. Tous seront là, ainsi que plusieurs membres de la famille Grimaldi. En 1975, la princesse Grace avait assisté aux funérailles de Joséphine, à l'église de la Madeleine. Cette fois-ci, les descendants de Joséphine Baker ont proposé au prince Albert de faire partie du « carré familial », en mémoire de l'amitié qui liait sa mère et Joséphine Baker.
Mille personnes devraient être autorisées à entrer dans la vaste nef du Panthéon – en dépit d'un contexte sanitaire tendu. Mille autres seront assises dans des tribunes couvertes, à l'extérieur. Le grand public, lui, pourra assister à la remontée du convoi, depuis le bas de rue Soufflot jusqu'au monument. Fermé jusqu'au 3 décembre, le Panthéon sera d'ailleurs ouvert gratuitement, les 4 et 5 décembre, pour permettre à ceux qui le souhaitent de descendre dans la crypte.
Icône d'une France fière et réconciliée– ce qui ne devrait pas échapper au président de la république, en pleine campagne électorale pour les présidentielles - Joséphine Baker engendre un vaste consensus autour d'elle. L'exemple de cette femme ayant souffert de la ségrégation dans le Missouri, débarquée à Paris en 1925 où elle révolutionna le music-hall, faite français par mariage en 1937 puis engagée pour la France, doit être « porté auprès de la jeunesse » martèle l'entourage d'Emmanuel Macron.
Deux mille invités attendus pour la panthéonisation de Joséphine Baker.
La cérémonie de mardi sera l'occasion pour Emmanuel Macron de parler engagement, valeurs républicaines et identité française, en pleine campagne électorale.
Deux mille invités, de la musique et des milliers de passants attendus le long du parcours : mardi 30 novembre, à 17h30, la France va honorer la mémoire de Joséphine Baker, lors de son entrée dans le temple des « Grands hommes ». Elle sera la seconde artiste, après le peintre du XVIIIe Vien, dont la postérité n'a pas retenu le nom, et la sixième femme à reposer dans le Panthéon. Bien sûr, elle était aussi noire, naturalisée française, incroyablement libre, chanteuse populaire, résistante, mère adoptive de 12 enfants et engagée dans la lutte contre le racisme, ce qui constitue autant de raisons de la voir ainsi mise à l'honneur.
“Une combattante de tous les instants”. L’artiste franco-américaine Joséphine Baker (1906-1975), figure éminente de la Résistance et de la lutte antiraciste, va entrer au Panthéon - il s’agira de la sixième femme seulement à recevoir ces honneurs. L’information est parue dans l’édition dominicale du Parisien, ce 22 août, et a été confirmée à l’Agence France-Presse (AFP) dimanche matin par “l’entourage d’Emmanuel Macron”.
La cérémonie aura lieu le 30 novembre, faisant de la célèbre meneuse de revue, née dans le Missouri et enterrée à Monaco, la première femme noire à reposer dans la nécropole laïque du 5e arrondissement de Paris. Cette date correspond à celle de son mariage avec Jean Lion qui lui a permis d’obtenir la nationalité française, a expliqué à l’AFP l’entrepreneuse Jennifer Guesdon.
Joséphine Baker, première icône noire Documentaire d’Ilana Navaro (France, 2018)
© Walery / Photo Collection Bryan Hammond
Adulée dans le monde entier, Joséphine Baker ne guérit jamais de la blessure du racisme et de la ségrégation, et en fit le combat de sa vie. En attendant son entrée au Panthéon, voici un portrait inspiré, proposé sur arte.tv jusqu'au mercredi 23 février 2022.
Il y a d’abord cette scène emblématique : la sublime Joséphine Baker se dandinant sous les feux des projecteurs devant des spectateurs survoltés. Lui succède l’image, plus rare, d’une autre Joséphine, vêtue de son uniforme des Forces françaises libres, seule femme à prendre la parole aux côtés de Martin Luther King lors de la marche pour les droits civiques à Washington, le 28 août 1963.
Entre les deux époques, le film retrace d’un trait délicat et maîtrisé le parcours de la première star noire mondiale. Destin extraordinaire d’une fillette des bas-fonds de Saint-Louis, dans le Missouri, qui refusa de continuer à perdre sa vie à faire le ménage chez les Blancs, et tenta sa chance comme danseuse de cabaret à Harlem.
Après ce premier coup de poker, ses premiers succès aux Etats-Unis, ce fut la Revue nègre, à Paris, l’hystérie de la Belle Epoque qui fit d’elle une égérie, et le miroir, surtout, de tous les fantasmes de la société coloniale. Sans qu’elle ne soit dupe de rien. En témoigne sa parole lucide, instinctive, qui enrichit et rafraîchit le regard porté sur cette artiste combattante qui ne put jamais se satisfaire de son seul succès personnel. De ses « deux amours », l’Amérique fut bien sûr le plus douloureux : que pèse la gloire face au poison de la ségrégation ? Cette douleur intime ne la quitta jamais, comme elle sourd sans cesse de ce portrait inspiré, construit autour de magnifiques archives. Isabelle Poitte
Icône noire. Avant l’entrée de la chanteuse et résistante française d’origine américaine Joséphine Baker au Panthéon annoncée cette semaine par Emmanuel Macron pour novembre, un documentaire diffusé sur le site d’Arte revient sur le parcours atypique de celle qui est présentée comme la « première icône noire ». À travers des images d’archive et des extraits sonores de ses mémoires, il retrace les mille visages de Joséphine Baker, à la fois clown et séductrice en Europe et femme noire victime de la ségrégation aux États-Unis.
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