La cérémonie du 30 novembre a été mise au point « avec la famille » précise-t-on dans l'entourage du président de la République. Depuis l'annonce de cette nouvelle panthéonisation, en août, l'Élysée est en contact avec trois des 11 enfants encore vivants de Baker – Brian Bouillon Baker, Marianne et Jean-Claude. « Ce moment a vraiment été organisé en concertation avec nous », confirme Brian, érigé en porte-parole de sa fratrie et qui, depuis quelques jours, est assailli par la presse du monde entier.

Lors des réunions préparatoires, les trois enfants ont demandé que leur mère demeure à Monaco, où elle est enterrée, non loin du mari de Joséphine, de son fils, Moïse et de la princesse Grace de Monaco. Cette dernière avait été un des rares soutiens de la chanteuse dans la dernière partie de sa vie, l'aidant tout d'abord à trouver une maison, puis à se produire.



Joséphine Baker: «une humaniste» au Panthéon
 

C'est donc un cénotaphe, remplit de terre prélevée à Monaco, à Paris, au château des Milandes en Dordogne, où la famille vécue pendant vingt ans, et à Saint-Louis, ville natale de Joséphine, qui fera son entrée dans le monument. Il sera porté par des militaires de l'armée de l'Air, en hommage au passé de résistante de Joséphine, ainsi que son engagement en 1944 et 1945, lorsqu'elle chantait à proximité des zones de combat.

Une fois dans le monument, son cénotaphe sera descendu vers la crypte au son de la musique de Pascal Dusapin, composée au moment de la panthéonisation de Maurice Genevoix et de «Ceux de 14». Le Centre des monuments nationaux lui a trouvé une place dans l'allée 13, près de l'écrivain. Le cercueil, comme tous les autres, portera la seule mention des dates de naissance (1906) et de décès (1975), ainsi que le nom.

Le prince Albert pour honorer l'amitié de Baker et Grace Kelly

La cérémonie se veut un mélange de solennité et d'émotions. Outre un discours d'Emmanuel Macron, qui rappellera à quel point elle « incarnait les valeurs de la République », des phrases de Joséphine, des extraits de chansons ou de discours lus par chacun de ses enfants, et une chorale d'enfants, devant résonner, transmis sur écrans géants. La scénographie a été pensée par l'entreprise Shortcut, que l'on avait vue à l'œuvre pour l'entrée au Panthéon d'Antoine et de Simone Veil, en 2018, ou celle de Genevoix, en 2020. Le tout sera retransmis sur France télévision.

 “Une combattante de tous les instants”. L’artiste franco-américaine Joséphine Baker (1906-1975), figure éminente de la Résistance et de la lutte antiraciste, va entrer au Panthéon - il s’agira de la sixième femme seulement à recevoir ces honneurs. L’information est parue dans l’édition dominicale du Parisien, ce 22 août, et a été confirmée à l’Agence France-Presse (AFP) dimanche matin par “l’entourage d’Emmanuel Macron”. 

La cérémonie aura lieu le 30 novembre, faisant de la célèbre meneuse de revue, née dans le Missouri et enterrée à Monaco, la première femme noire à reposer dans la nécropole laïque du 5e arrondissement de Paris. Cette date correspond à celle de son mariage avec Jean Lion qui lui a permis d’obtenir la nationalité française, a expliqué à l’AFP l’entrepreneuse Jennifer Guesdon.


Joséphine Baker, première icône noire Documentaire d’Ilana Navaro (France, 2018)

Joséphine Baker, première icône noire Documentaire d’Ilana Navaro (France, 2018)

© Walery / Photo Collection Bryan Hammond

Adulée dans le monde entier, Joséphine Baker ne guérit jamais de la blessure du racisme et de la ségrégation, et en fit le combat de sa vie. En attendant son entrée au Panthéon, voici un portrait inspiré, proposé sur arte.tv jusqu'au mercredi 23 février 2022.

Il y a d’abord cette scène emblématique : la sublime Joséphine Baker se dandinant sous les feux des projecteurs devant des spectateurs survoltés. Lui succède l’image, plus rare, d’une autre Joséphine, vêtue de son uniforme des Forces françaises libres, seule femme à prendre la parole aux côtés de Martin Luther King lors de la marche pour les droits civiques à Washington, le 28 août 1963.

Entre les deux époques, le film retrace d’un trait délicat et maîtrisé le parcours de la première star noire mondiale. Destin extraordinaire d’une fillette des bas-fonds de Saint-Louis, dans le Missouri, qui refusa de continuer à perdre sa vie à faire le ménage chez les Blancs, et tenta sa chance comme danseuse de cabaret à Harlem.

Après ce premier coup de poker, ses premiers succès aux Etats-Unis, ce fut la Revue nègre, à Paris, l’hystérie de la Belle Epoque qui fit d’elle une égérie, et le miroir, surtout, de tous les fantasmes de la société coloniale. Sans qu’elle ne soit dupe de rien. En témoigne sa parole lucide, instinctive, qui enrichit et rafraîchit le regard porté sur cette artiste combattante qui ne put jamais se satisfaire de son seul succès personnel. De ses « deux amours », l’Amérique fut bien sûr le plus douloureux : que pèse la gloire face au poison de la ségrégation ? Cette douleur intime ne la quitta jamais, comme elle sourd sans cesse de ce portrait inspiré, construit autour de magnifiques archives. Isabelle Poitte

Icône noire. Avant l’entrée de la chanteuse et résistante française d’origine américaine Joséphine Baker au Panthéon annoncée cette semaine par Emmanuel Macron pour novembre, un documentaire diffusé sur le site d’Arte revient sur le parcours atypique de celle qui est présentée comme la « première icône noire ». À travers des images d’archive et des extraits sonores de ses mémoires, il retrace les mille visages de Joséphine Baker, à la fois clown et séductrice en Europe et femme noire victime de la ségrégation aux États-Unis.