lundi 12 juin 2023

 

Et si El Niño se transformait en « Super El Niño » ?

Le phénomène climatique El Niño, qui a officiellement fait son retour ce jeudi 8 juin 2023, va gagner en puissance au cours des prochains mois. Il pourrait même devenir un « Super El Niño ». Comment ? Et avec quelles conséquences ? Éléments de réponse.

Un banc de barracudas au-dessus d’un récif de corail en Indonésie, en juillet 2017.
CORINNE BOURBEILLON / ARCHIVES OUEST-FRANCEVoir epln 



L’Agence océanographique américaine (Noaa) a annoncé le jeudi 8 juin 2023 le retour d’El Niño, l’enfant terrible du climat mondial. En plus d’acter son retour, la Noaa a suggéré que le phénomène allait continuer à forcir dans les prochains mois. Oui, mais jusqu’à quel point ? En d’autres termes, El Niño pourrait-il devenir un « Super El Niño », un de ces phénomènes aux conséquences décuplées ? On fait le point.


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Deux conditions

« El Niño, c’est tout d’abord une anomalie de température sur l’océan sur le Pacifique équatorial », rappelle d’abord Pierre Bonnin, climatologue à Météo France. « Et pour que ce phénomène ait des impacts importants, il faut qu’il y ait aussi un couplage océan-atmosphère ».

Autrement dit, il faut que les deux éléments interagissent fortement pour créer un système qui s’autoalimente. Et, il faut que ce couplage soit optimum pour faire naître un « Super El Niño », et voir la température de l’eau du pacifique équatorial dépasser les normales de 1,5 voire 2 °C (contre 0,5 °C pour un simple El Niño).

Des eaux qui se réchauffent rapidement

À l’heure actuelle, la première de ces conditions est déjà remplie. Les anomalies positives de températures (températures supérieures aux normales) « se sont renforcées dans l’océan Pacifique équatorial », a ainsi indiqué la Noaa, jeudi.

« Il n’y a pas de doutes sur le réchauffement en cours, avec un accroissement de la température de l’eau qui est relativement rapide », confirme Pierre Bonnin. De fait, en la matière « la moyenne (des modèles de prévisions) plaide pour une transition vers un El Niño en juin, suivi d’un fort El Niño au cours de l’hiver 2023-24 », précise la Noaa.

Une atmosphère qui répond assez vivement

En revanche, il est encore difficile de savoir si la deuxième condition, celle de la réaction de l’atmosphère, pourra être remplie dans les prochains mois. « L’aspect atmosphérique est plus compliqué à mesurer », témoigne Pierre Bonnin. Mais « les circulations atmosphériques qui semblent se dessiner sont également compatibles avec un phénomène El Niño qui serait bien en place », complète pudiquement le climatologue. « La réponse atmosphérique s’est déclenchée au cours du mois dernier », estime ainsi la Noaa. Mais « il faut voir si tout cela se maintient, se confirme voire s’accentue dans les mois à venir », prévient le climatologue français.

Signe que l’incertitude règne encore mais qu’un Super El Niño est bien dans le domaine du possible : la Noaa lui donne 56 % de chances d’apparaître dès cet hiver.

Quelles conséquences ?

S’il apparaissait, ce potentiel « Super El Niño » prendrait la succession de celui apparu en 2015, date, d’ailleurs, du dernier véritable phénomène El Niño (en 2018-2019, toutes les conditions n’avaient pas été remplies, si bien que l’Organisation météorologique mondiale n’avait pas validé son apparition).

« L’épisode El Niño 2015-2016 est l’un des plus puissants jamais enregistrés », notait à l’époque Ouest-France , évoquant également des « conséquences dramatiques ».

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En cas de Super El Niño« les zones qui sont impactées directement par ce phénomène peuvent être exposées à des sécheresses plus sévères ou des phénomènes pluvieux encore plus intenses », résume effectivement Pierre Bonnin.

En 2015-2016, une sécheresse importante avait ainsi touché l’Australie et la corne de l’Afrique, tandis que des pluies diluviennes s’étaient abattues en Amérique du Nord ou en Amérique du Sud. Un record mondial de chaleur avait par ailleurs été battu.

Un record qui pourrait à nouveau être battu en 2024, sous l’effet de ce potentiel « Super El Niño » et du réchauffement climatique, qui continue à faire son œuvre.

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