17:45 "C dans l'air"
Le thème de l'émission : Les agriculteurs peuvent-ils faire le siège de Paris ?
Caroline Roux décryptera en direct l'actualité en compagnie de quatre experts. En fin d'émission, ils répondent aux questions des téléspectateurs.
Les experts invités :
Dominique Seux, directeur délégué de la rédaction des Echos.
Emmanuelle Souffi, grand reporter au service France à L’Obs.
Nathalie Segaunes, journaliste politique au Monde.
Jérôme Fourquet, directeur département Opinion à l'Institut de sondages IFOP.
Le thème de l'émission : Les agriculteurs peuvent-ils faire le siège de Paris ?
Un lundi de blocage. Les Jeunes agriculteurs d'Île-de-France et la section locale de la FNSEA ont appelé "au siège de Paris" à partir de ce lundi 29 janvier, près de deux semaines après le début de la mobilisation du monde agricole. La colère ne retombe pas et les manifestants jugent très insuffisantes les dix mesures annoncées par Gabriel Attal vendredi dernier. Plusieurs centaines de tracteurs ont commencé à converger vers la capitale. Des agriculteurs en route des quatre coins du pays pour rejoindre les huit points de blocage prévus sur les autoroutes qui mènent à Paris. Un siège parti pour tenir alors que les actions se poursuivent également en province autour des grandes surfaces mais aussi sur les routes et autoroutes. L’objectif est clair pour les agriculteurs : se faire entendre et maintenir la pression sur l’exécutif.
Le gouvernement de Gabriel Attal, de son côté, promet l’annonce de nouvelles mesures dès ce mardi. En attendant, 15 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés ainsi que des blindés positionnés autour de Rungis. Des consignes de "grande modération" ont néanmoins été données aux forces de l’ordre a répété dimanche soir le ministre de l’Intérieur. La consigne globale est de «ne pas intervenir mais accompagner" les mobilisations a précisé Gérald Darmanin qui a fixé une ligne rouge : l’entrée dans "Paris et dans les grandes villes".
Une stratégie du maintien de l’ordre qui suscite depuis plusieurs jours de nombreuses réactions alors que le mouvement gagne en importance et que les actions coups de poing se multiplient : incendies devant les préfectures, intrusions dans les hypermarchés et dans des centrales logistiques, un bâtiment en travaux appartenant au ministère de la Transition écologique soufflé par une explosion à Carcassonne, un autre de la Mutualité sociale agricole incendié à Narbonne....
"La stratégie du maintien de l'ordre n'est pas la même quand il s'agit des agriculteurs que lorsqu'il s'agit des ouvriers, des employés, des jeunes et des gilets jaunes". "Il faut arrêter ce deux poids deux mesures", a déclaré la CGT. Une opinion partagée par les autres organisations syndicales mais aussi par des militants et des écologistes qui rappellent que même pour les actions symboliques la sanction est sévère. Le 6 novembre dernier, sept activistes de Greenpeace ont été interpellés, placés en garde à vue durant quarante-huit heures après avoir accroché une banderole sur la façade du ministère de l’Écologie pour dénoncer la "trahison écologique" du gouvernement. Et ce week-end, deux jeunes femmes de "Riposte alimentaire" ont été interpellées et placées en garde à vue après avoir jeté de la soupe sur la vitre blindée protégeant la Joconde au Louvre pour faire entendre leur revendication : "la mise en place d'une sécurité sociale de l'alimentation durable".
"C’est quand même étonnant de voir que, dans notre pays, quand on défend l’intérêt général, on est immédiatement sanctionné et quand on défend des intérêts corporatistes – qui sont légitimes aujourd’hui – on n’a pas les mêmes réponses que la FNSEA", a estimé la semaine dernière Yannick Jadot, sénateur écologiste. "On aimerait bénéficier de la même indulgence et pouvoir exprimer notre colère sans se prendre des coups de matraque, sans être gazés et sans finir en procès", a dit, de son côté, le porte-parole d’Attac.
Alors pourquoi l’exécutif laisse-t-il faire les agriculteurs ?
Quelles sont les revendications du monde agricole ?
Se dirige-t-on vers une paralysie de Paris ?
Le mouvement peut-il s'étendre à d'autres professions et/ou pays ?
A l’heure où le mouvement des agriculteurs se durcit, la mobilisation gagne également nos voisins européens. En Belgique, des premiers blocages ont lieu à la frontière avec la France. Parallèlement, des opérations escargot des taxis ont été menées dans plusieurs grandes villes ce lundi.
17:30 L'invité de "C dans l'air"
Caroline Roux reçoit chaque jour en direct une personnalité qui fait l'actualité. Hommes et femmes politiques, écrivains, philosophes, scientifiques ou l'économistes : 10 minutes de dialogue pour donner un éclairage en prise directe avec l'information du jour.
Ce lundi 29 janvier 2024, Caroline Roux recevra : Alain Bauer, professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et métiers, auteur de “Tu ne tueras point”.
Aujourd’hui, huit points de blocage autour de Paris ont été prévus par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs du bassin parisien. La circulation est perturbée sur une dizaine d’autoroutes. Des ralentissements sont observés en Bretagne et un appel à bloquer l’agglomération lyonnaise a été lancé pour le début d’après-midi.
Jeudi dernier dans le 20h de TF1, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est revenu sur la crise du monde agricole qui multiplie les blocages depuis le week-end dernier. "On ne répond pas à la souffrance en envoyant des CRS". Depuis la prononciation de cette petite phrase, il est accusé de faire varier la répression selon le profil des contestataires, mais affirme qu’il n’y a pas "deux poids deux mesures" dans la réponse de l’État.
Alain Bauer est professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et métiers. Dans son livre il décrit un basculement majeur dans nos sociétés, quand la violence augmente et devient un élément naturel, facile et rapide. "On la regarde et on fait semblant de penser qu’on n’y peut rien. Quand l’État revient, la violence recule", estime-t-il.
Alors qu’il constate que la criminalité, la violence ordinaire et le sentiment d'insécurité augmentent en France, Alain Bauer reviendra sur les origines de cette violence et comment elle s’est modifiée en même temps que l’évolution de nos sociétés. Il abordera les solutions impliquant l'État et les citoyens.
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