Après seize jours de tractations, et plus de deux mois sans gouvernement, la France a désormais un nouvel exécutif : 39 ministres et secrétaires d’Etat qui se sont retrouvés à Matignon ce matin à la demande du Premier ministre.
L’occasion pour Michel Barnier d’évoquer sa méthode et de distiller quelques consignes. "Pas d’esbroufe", a insisté le chef du gouvernement, appelant son équipe à "agir plus que communiquer" et "agir avant de communiquer".
Chacun a ensuite pris possession de son ministère, avant un premier Conseil des ministres autour d’Emmanuel Macron cet après-midi.
"Il n’y aura pas de polémique avec le président de la République" avait assuré dimanche soir sur France 2 Michel Barnier. "Nous ne sommes pas en cohabitation. L'essentiel du socle parlementaire qui va accompagner le gouvernement est constitué de députés et de sénateurs qui ont, pour beaucoup, soutenu et accompagné le président de la République depuis sept ans" a expliqué le Premier ministre, avant de donner sa feuille de route en commençant par rassurer les macronistes sur les sujets sociétaux. Les grandes lois" de "progrès social ou sociétal" comme celles sur l’IVG, la PMA ou le mariage pour tous "seront "préservées" a-t-il affirmé, en réponse aux doutes exprimés après la nomination de plusieurs ministres ayant voté contre ces lois. Et pour pour boucler le budget 2025, Michel Barnier a assuré qu’il n’augmenterait pas les impôts sur le plus modestes, les gens qui travaillent, les classes moyennes mais n’a pas exclu que "les plus fortunés participent à l’effort national" ainsi que "les grandes sociétés, les multinationales".
Un nouveau gouvernement et une feuille de route qui promettent des débats intenses au Parlement. Sitôt les noms des ministres dévoilés, de nombreuses critiques ont fusé sur cette "droitisation" du gouvernement, et des rangs de la gauche jusqu’à l’extrême droite, plusieurs personnalités ont déjà menacé de poser des motions de censure pour faire pression. Son discours de politique générale va être très attendu, suivi du premier gros dossier : le budget 2025.
Le Premier ministre a pour l’heure évoqué des économies dans les administrations et les collectivités locales ainsi que des prélèvements ciblés, mais sous quelles formes ?
Michel Barnier a également expliqué qu’il souhaitait travailler avec les partenaires sociaux pour "améliorer" la réforme des retraites adoptée par le gouvernement Élisabeth Borne. Plusieurs organisations syndicales, la CGT, la FSU, Solidaires, et des organisations de jeunesse ont appelé à faire grève le mardi 1er octobre prochain pour obtenir son "abrogation". "C’est le match retour contre la réforme des retraites (…) Le rapport de force est de notre côté. Il faut pousser notre avantage", a martelé Sophie Binet.
Les collectivités, qui redoutent de faire les frais de mesures d'économies dans le budget 2025, sont également très remontées depuis que Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, les ministres sortants de l'Economie et des Comptes publics, les ont tenus responsables il y a quelques semaines du dérapage de la dépense publique. Des collectivités locales qui pour certaines ont dû faire le choix d’augmenter la taxe d’habitation sur les résidences secondaires pour boucler leurs budgets.
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