6% de déficit... l'alerte rouge
Cela dérape encore.
Le gouvernement a reconnu hier que la situation des finances publiques est plus dégradée que prévu et que si rien n’est fait, le déficit public risque de dépasser 6 % du PIB cette année, contre 5,6 % encore estimés en juillet par le Trésor. Dit autrement, en six ans, entre 2017 et 2023, les dépenses publiques ont augmenté de 300 milliards d’euros, les recettes publiques de 220 milliards d’euros et le déficit est désormais proche de 180 milliards d’euros. La dette, elle, s’est alourdie de plus de 1000 milliards d’euros depuis 2017 et avec la remontée des taux d'intérêt son remboursement sera bientôt le premier poste de l’Etat devant l’Education nationale.
Sous la Ve République un tel dérapage des comptes publics, hors période de crise et de récession, ne s’est jamais produit.
Alors comment l’expliquer ?
Pourquoi de tels écarts entre les prévisions et la réalité ?
En 2023, le déficit public était déjà sorti des clous, à 5,5 % du PIB contre 4,9 % anticipés. L'Etat avait attribué en début d'année ce dérapage à des recettes fiscales de 21 milliards d'euros plus faibles qu'espéré l'an dernier. Ce qui a valu à la France d'être épinglée, ainsi que six autres pays européens, pour déficit excessif par Bruxelles. Après avoir obtenu ces derniers jours un report, la France est désormais tenue de présenter un plan de réduction du déficit public fin octobre. Et la tâche promet d'être ardue.
Pour renouer avec la règle des 3 % de déficit maximum d’ici 2029, il va falloir trouver au moins 20 milliards d’économies par an.
. Que compte faire le nouveau gouvernement ?
Auditionné jeudi devant la Commission des Finances de l'Assemblée nationale, le ministre du Budget a confirmé qu'il présenterait le projet de budget pour 2025 "dans deux semaines" devant le Parlement, soit le 9 octobre prochain. Il a par ailleurs indiqué que le rétablissement des comptes publics passera "prioritairement" par une baisse des dépenses. Se disant néanmoins ouvert à un débat sur une hausse de la fiscalité s’« il répond à une problématique de justice fiscale", il a exclu une "augmentation d'impôts généralisée", car "on ne touche pas aux gens modestes et au travail et aux classes moyennes".
Après sept années de baisses d’impôts, le Premier ministre Michel Barnier avait évoqué dimanche de possibles hausses d'impôts ciblées sur les contribuables les plus fortunés et les grandes entreprises.
. Alors quels impôts ont été supprimés ou baissés sous la présidence Macron ?
. Quelles entreprises pourraient être mises à contribution ?
. Comment l’exécutif compte-t-il faire des économies ?
Michel Barnier présentera les pistes privilégiées pour redresser les comptes le 1er octobre lors de son discours de politique générale, son premier test politique devant le Parlement avant celui du budget. Mais d’ores et déjà les tractations vont bon train. Le nouveau garde des Sceaux Didier Migaud a affirmé lundi soir qu’il allait «se battre » contre une coupe de 500 millions d’euros. "Il est nécessaire qu’on ait une justice qui ait les moyens de fonctionner" a affirmé le ministre confronté à plusieurs dossiers sensibles, à commencer par la questions des OQTF ou la justice des mineurs. Les agents de la protection judiciaire de la jeunesse manifestaient encore, il y a quelques jours, pour dénoncer leur manque cruel de moyens.
Si le budget de la Justice a été en constante augmentation ces dernières années (9,3 milliards d’euros en 2023), avec 0,21 % de son PIB consacrée au système judiciaire, la France demeure dans le bas du classement de l’Europe dont la médiane européenne se situe à 0,3 %. Le pays avec 11,2 juges professionnels pour 1 000 habitants est très en dessous de la moyenne européenne (17,6). L’Allemagne en compte 2 fois plus avec 25 juges.
Nous en parlerons dans #cdanslair à 17.45 sur France 5. Retrouvez la présentation des experts de ce soir sur notre site. Vous pouvez dès maintenant nous poser vos questions en commentaire !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire