Le convoi des 31 000
Selon les mots de Sabine Faivre, Adélaïde est « patriote dans l'âme comme son père.» Au début de la guerre, la psychiatre est incarcérée pour franchissement illégal de la ligne de démarcation. Dans sa cellule, elle rencontre une femme juive dont elle prend la défense. Sabine Faivre relate dans son livre sa courageuse déclaration : « Les Juifs sont des gens comme les autres ! ». Les Allemands lui demandent de retirer ses propos si elle tient à sortir de prison, ce qu'elle refuse.
La Gestapo la déclare alors « Amie des Juifs » et l'interne dans les « camps pour Juifs » de Pithivier puis Beaune-la-Rolande (dans le Loiret), avant de la déporter à Auschwitz-Birkenau puis à Ravensbrück. Adélaïde est déportée le 24 janvier 1943, dans le convoi des 31 000, aux côtés de Charlotte Delbo, Danièle Casanova et Marie-Claude Vaillant-Couturier. C'est le seul convoi non juif déporté de France vers Auschwitz dans le cadre de l'opération « Nuit et brouillard ». À son arrivée au camp, Adélaïde est tatouée du matricule 31802.
Elle tient tête aux médecins nazis
Dans les camps de la mort, elle défend sans cesse la dignité et l'inviolabilité de la dignité humaine. À Auschwitz, elle refuse par exemple de participer aux expérimentations pseudo-médicales, notamment celles de Josef Mengele. Face à l'innommable, elle console les plus petits, tente de soulager les déportés mutilés par les médecins nazis et sauve des patients de la chambre à gaz.
Pendant ses trente-sept mois d'emprisonnement et de déportation, elle vit sa foi comme un moteur face à la barbarie nazie. Elle fait toujours passer les plus fragiles avant elle-même et se réjouit, même emprisonnée, d'assister à une messe de Noël célébrée par un prêtre catholique.
Adélaïde fut reconnue en 1965 « Juste parmi les Nations » par Yad Vashem, le Mémorial officiel de la Shoah à Jérusalem. En France, elle doit attendre dix-huit années, pour recevoir sa carte de résistante déportée, en décembre 1963. Une assistante sociale de la Croix-Rouge qui l'a côtoyée à Pithiviers dit de son engagement : « Elle ne se sentait pas internée, mais en mission.»
Adélaïde Hautval, une conscience face au mal. Le destin d'un médecin chrétien dans l'enfer d'Auschwitz
Par Sabine Faivre
Éd. l'Harmattan, 206 pages ; 22.00 €
Les mots-clés associés à cet article
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire