mardi 6 octobre 2015


MÉMOIRE. (journal Le Trégor du 13 aout 201

Marie-Thérèse Jolivet, Résistante à 17 ans

Une vingtaine de drapeaux d’associations patriotiques présents le jeudi 30 juillet à Ploumanac’h ont accompagné et rendu un dernier hommage à Marie-Thérèse Jolivet, « Mythé » dans la Résistance.

Née le 18 septembre 1924, Marie-Thérèse Mudès vit à Bégard avec sa mère Maria et ses deux frères alors âgés de 5 et 10 ans ainsi qu’avec sa grand-mère maternelle, veuve de la guerre 14-18 dont le fils est mort à Verdun. Son père le commandant Mudès est officier de Marine. Bientôt Maria reçoit cet avis : « Par ordre de Vichy nous vous supprimons toute délégation de solde pour le motif suivant : le navire que commande votre mari, le commandant Mudès, bat pavillon à Croix de Lorraine et à ce titre est considéré comme dissident. Il en est de même pour sa famille ». En effet, non seulement le commandant Mudès est considéré comme dissident au régime de Vichy mais avec son bateau et l’équipage, il quitte la Flotte de l’Etat Français en juin 1940 pour rejoindre l’Angleterre, où il se met à la disposition du général de Gaulle. Privée de la solde de son mari par le gouvernement de Vichy, Maria doit se séparer de ses biens.

Clandestine à 17 ans Marie-Thérèse suit des études de commerce. En juin 42 à Bégard, elle est contactée par la Résistance. Désormais la jeune fille de 17 ans s’appellera « Mythé » dans la clandestinité. Ses missions sont multiples. A Kerguiniou en Ploubezre elle devient secrétaire pour le maquis, dactylographie les tracts et le journal clandestin « le Patriote des Côtes-du-Nord ». Agent de liaison et de renseignement, elle porte à bicyclette les messages qui lui sont confiés ainsi que les tracts et le journal et participe également au transport d’armes de poing et de leurs munitions, d’un maquis à l’autre.

Dès son entrée en Résistance, Marie-Thérèse passe un brevet de secouriste afin d’obtenir un « ausweis » pour pouvoir circuler librement, y compris dans la zone côtière interdite, grâce au petit fanion de la Croix-Rouge. Cependant, disait-elle, « il n’aurait pas fallu que l’on regarde de trop près le guidon et la pompe de ma bicyclette où je cachais les messages qui m’étaient confiés ! »

Aplomb

Lorsqu’elle évoquait son passé au service de la Résistance, MarieThérèse affirmait n’avoir jamais eu peur y compris ce jour où elle fut arrêtée parce qu’elle portait des bottes : « Je revenais de mission, mes bottes étaient vides, elles avaient déjà livré leur secret. Les Allemands essayèrent bien de m’intimider en affirmant que toutes les espionnes portaient des bottes, mais mon

jeune âge et mon aplomb en la circonstance eurent raison de leur méfiance ». Un de ses fabuleux souvenirs est le passage de l’aviation alliée sur Lézardrieux pour mettre hors de combat l’escadre allemande faisant relâche dans le port, une opération pour laquelle elle avait transmis le message par une des ramifications de son réseau, le réseau « Turquoise-Blavet », dont faisaient également partie ses cousins Simone et Yvon Jézéquel, tous deux arrêtés en avril 1944.

« Elles étaient toutes courageuses » De toute son existence, MarieThérèse n’a cessé de rendre hommage au courage et au sacrifice des combattants de l’ombre et de toutes les victimes de la barbarie nazie avec une pensée particulière pour les membres de sa famille, gaullistes de la première heure, parmi lesquels sa cousine Simone morte au camp de concentration de Ravensbrück, son cousin Yvon mort au camp de concentration de Neuengamme, et pour un autre cousin revenu de l’enfer du camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau.

C’est avec émotion que François Tassel, (Commandant Gilbert dans la Résistance), responsable du Secteur Nord 1 des Côtes-duNord, parle de sa camarade disparue : « Les femmes Résistantes étaient peu nombreuses. Elles étaient toutes courageuses, conscientes du prix à payer si l’ennemi découvrait leurs activités. Mythé faisait partie de ces personnes particulièrement attachées à la France Libre et à la stricte application de l’appel du général de Gaulle, multipliant les missions entre le réseau Blavet et le maquis de Kerguiniou. Volontaire, discrète, prudente, elle connaissait parfaitement l’organisation et les itinéraires du secteur Nord 1 et participait sur ma demande, auprès de mes adjoints, aux réunions concernant nos activités ».

Titulaire de la médaille des Combattants volontaires de la Résistance et de la Croix du Combattant 39-45 avec agrafe « Libération », Marie-Thérèse Jolivet venait d’être proposée pour le grade de Chevalier de l’Ordre de la Légion d’Honneur.

Octobre 1942, Bégard. Marie-Thérèse (« Mythé » dans la clandestinité) est agent de liaison. Titulaire de nombreuses décorations, elle est décédée le 25 Juillet  dernier.

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