AMIENS, la cathédrale en
couleurs
A la tombée de la nuit la cathédrale
Notre-Dame d’Amiens – l’un des fleurons de l’architecture gothique
classique, > > > inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO – revêt à
nouveau les couleurs que lui avaient données les
bâtisseurs > > > à
l'époque médiévale.
C’est ainsi que le spectateur, fasciné,
assiste à un incroyable voyage dans le temps en percevant ce monument
comme > > > pouvaient le faire nos ancêtres six ou sept siècles
en arrière grâce à ce fabuleux spectacle de polychromies
qui > > >
reproduit une restitution fidèle des couleurs médiévales à l’aide des
projections d’images numériques en haute > > > définition. Neuf projecteurs des plus performants
sont nécessaires pour réaliser chaque soir cette prouesse >
> >
technologique.
Le résultat est tout à fait exceptionnel.
Les sculptures et les éléments d’architecture se parent alors des plus
belles > > > couleurs, comme si les artistes avaient de nouveau
appliqué les pigments au pinceau. Nous assistons à un
moment > > >
d’émotion pure.
La nuit aidant, on s’imagine alors de
retour au Moyen Âge lorsque des lampes à huile brûlaient pour
prolonger > > > l'illumination splendide de ces porches et pour
soutenir par le spectacle de la lumière colorée, la dévotion des
fidèles. > > > > > >
Grâce au
laser
Les historiens ont démontré qu’au Moyen Âge, le décor
sculpté des églises, ainsi que des éléments d’architecture,
étaient peints de couleurs éclatantes. Les
polychromies, retrouvées sur les portails de la cathédrale
Notre-Dame
d’Amiens, révèlent ainsi l’utilisation dès le XIIIe siècle de couleurs vives sur
l’ensemble des
sculptures.
Le nettoyage au laser du portail sud a
commencé en 1992. Testé durant plusieurs années au laboratoire de
recherche des monuments historiques, ce fut la première fois
que le laser était utilisé en grandeur grâce à la mise en place
d’un laser
mobile.
La technique du laser appelée aussi
désincrustation photonique, consiste en des particules de lumières
identiques de faible intensité, émises à une forte puissance,
suivant des impulsions très courtes. L’onde provoque ainsi
une
micro-résonance dans la couche de salissure qui se détache par effritement.
Agissant par effleurement, le laser conserve à la surface de la pierre son
intégrité.
Sur les parties nettoyées, tant au portail
de la Mère-Dieu qu’à celui du Beau-Dieu, quelques traces de polychromie
ont été révélées sur les quadrilobes du soubassement et
sur certaines statues colonnes, là où les intempéries et
les ravages
du temps ont fait leur
œuvre.
Par contre, à l’abri dans les ébrasements,
les voussures et les tympans, les bleus, les verts, les rouges, les
ocres, les ors ressurgissent. Ces peintures furent
réalisées au XIIIe siècle, même si certaines teintes ont changé au
cours des
siècles en fonction de l’évolution du goût ou de la liturgie. Par cette
révélation progressive des couleurs, la preuve
est donc apportée à Amiens que les
cathédrales gothiques d’Europe avaient leurs façades
peintes.
Les trois portails de la façade
occidentale de Notre-Dame
Le portail de la
Mère-Dieu
Le portail de droite,
dit
portail de la
Mère-Dieu, est dédié à la
Vierge Marie.
Le soubassement superpose deux rangs de
quadrilobes figurant des épisodes de l’Ancien Testament
rapportés à la conception virginale de Marie et aux prophéties
messianiques et des épisodes du Nouveau Testament
relatifs à
l’enfance du Christ et de Saint
Jean-Baptiste.
Les ébrasements présentent un ensemble de
statues monumentales, dont les groupes représentent
l’Annonciation, la Visitation , la Présentation au Temple, la Visite
de la Reine de Saba au Roi Salomon et la Visite des Mages à
Hérode et à
la Vierge.
Aux angles, se tiennent deux des petits
prophètes appartenant à la série des douze petits prophètes qui s’étend
tout le long de la
façade.
La Vierge se dresse au centre, au trumeau.
Sur le soubassement, Adam et Eve se trouvent représentés dans
les scènes de la Genèse relatives à la faute originelle,
que Marie viendra annuler.
Au-dessus du linteau sur lequel sont assis
six patriarches de l’Ancien Testament, le tympan représente sur
deux registres superposés la Dormition et l’Assomption,
puis le couronnement de la
Vierge.
Les trois cordons de voussures portent des
anges et les ancêtres de la Vierge , les rois de Juda et les
autres.
Le portail du Beau
Dieu
Le portail central,
dit
portail du
Beau-Dieu, est dédié au
Sauveur. Le soubassement superpose deux rangs de quadrilobes figurant les vices et les vertus. Les ébrasements présentent un
ensemble exceptionnel de douze statues monumentales, les apôtres, tandis que sur la
face interne des contreforts sont placés les quatre
grands
prophètes.
Aux angles sont campés de biais deux des
douze petits prophètes de la façade.
Au même niveau, se dresse au trumeau le
Beau Dieu d’Amiens.
Le tympan porte un ample jugement dernier
sur quatre registres superposés : la résurrection, la séparation des
élus et des réprouvés, le souverain juge et l’apparition
du fils de l’homme dans les
nuées.
Les voussures et les nervures de la voûte
portent quant à elles un cortège impressionnant de figures, de
souverains et d’anges.
Le portail de
Saint-Firmin
Le portail de gauche est dédié à
Saint-Firmin, considéré comme le premier évêque
d’Amiens.
Le soubassement superpose deux rangs de
quadrilobes figurant les signes du zodiaque et les activités des mois
correspondants. Les ébrasements présentent deux
groupes de six statues, soit douze personnages, parmi
lesquels la
tradition reconnaît des saints et saintes de la région, dont les reliques
étaient conservées à la
cathédrale.
Aux angles se tiennent deux autres des
douze petits prophètes.
Au trumeau se dresse la statue de
Saint-Firmin, représenté en évêque bénissant. Au-dessus du linteau sur lequel
sont assis six évêques, le tympan narre la translation
des reliques de Saint-Firmin, ramenées du site de l’église de
Saint-Acheul à la cathédrale. Les voussures et les nervures de la voûte portent
un cortège d’anges.
|