dimanche 10 décembre 2017

JEAN D'ORMESSON ET JOHNNY HALLYDAY

Jean d'Ormesson et Johnny Hallyday, 
« Jean d'O » et Johnny. 
L'académicien non-conformiste et le saltimbanque inventif. 
L'aristocrate dilettante et le va-nu-pieds acharné. 
L'enfant gâté de la haute société et l'enfant perdu d'un père absent. 
L'homme entouré de bonnes fées et celui qui dut se faire lui-même. 
L'enfant terrible de la noblesse du « Côté de Guermantes » et le forçat stupéfiant du « show-business ».
Ces dernières années, l'un fut un vieil homme souriant d'une vitalité surprenante, et l'autre un artiste émérite luttant héroïquement contre un cancer. Et de longue date, Jean d'O, l'esprit sceptique mais ouvert qui acceptait de parier sur l'Espérance, et Johnny, l'adepte inébranlable d'une humble foi chrétienne jamais démentie. Tous deux ont été happés par la mort, rendant leur âme à Dieu. L'un après l'autre, à une journée d'intervalle.
La France a exprimé son chagrin. Pour Jean d'Ormesson, dans la cour des Invalides, c'était l'hommage des corps constitués, du Président de la République aux « Immortels » de l'Académie française, pour cet écrivain enchanteur devenu leur doyen après avoir été leur cadet… Répondant à son vœu, Emmanuel Macron a posé sur son cercueil un crayon, « le crayon des enchantements ».
Pour Johnny Hallyday, ce chanteur à la voix puissante, après un impeccable défilé de motos sur les Champs-Elysées, la messe solennelle d'un Requiem rempli d'espérance, en l'église de la Madeleine. Devant près d'un million de « fans » jusque sur la Place de la Concorde, et plusieurs millions de téléspectateurs stupéfaits et bouleversés.


Johnny à la Madeleine


 il s'agissait d'une cérémonie religieuse sans eucharistie donc ce n'était pas une messe. De toutes façons, les obsèques ne sont pas un sacrement et même les catholiques pratiquants n'ont pas toujours la possibilité d'avoir une messe pour leur enterrement...
Après un éloge funèbre du Président de la République sur le parvis de l'église, cette messe a été dite devant le Tout-Paris du monde du spectacle et les représentants de l'Etat. Dans un silence absolu, observé jusque dans les rues par la foule immense des fans et des amis de Johnny. Pour celui qui était « une force qui va », comme l'a dit Emmanuel Macron citant Victor Hugo. Mais aussi pour un croyant.
Devant son épouse Laeticia qui, très digne, portait sur elle la croix de son mari, devant sa famille, on a salué l'esprit d'enfance de Johnny Hallyday. Un homme bienveillant doté de « la faculté de pardon », dont le maître-mot était « amour ». Un homme qui, mourant, a levé les yeux au ciel. Le jour de l'adieu de ses amis, au-dessus de la capitale d'une France qui se souvenait de son baptême, le ciel était d'un azur serein et doux.

Il serait souhaitable de mettre en ligne l'extraordinaire homélie de Mgr de Sinéty qui a été une magnifique catéchèse. 

--> Lire l’homélie de Mgr de Sinety


Cette cérémonie a été remarquablement conçue pour une foule majoritairement éloignée de la pratique religieuse, et même de la Religion tout court, en particulier à l'intérieur de La Madeleine. Une messe aura été inadéquate. Il faut réserver les messes de funérailles à une assemblée priante. L'éloge funèbre de Philippe Labro était lui aussi remarquable avec cette évocation finale d'un chemin cahotique qui a mené Johnny "jusqu'à Toi". Les textes, sur le thème de l'Amour, ont été bien choisis et bien lus en particulier la fameuse épitre de Saint-Paul par Marion Cotillard. Les intentions de prière lues par Carole Bouquet ont été bien mises en valeur par les musiciens de Johnny.
Une belle cérémonie qui touche et élève l'âme et qui mériterait une publication, par exemple sous forme de DVD. Bravo au diocèse de Paris.
D'une manière plus générale, quelque soit le dévouement des laïcs qui assurent très bien les cérémonies de funérailles, malgré la pénurie de prêtres, il est souhaitable que ces cérémonies soient présidées par un prêtre le mieux à même de catéchiser un auditoire dans la peine.
La cérémonie était une "bénédiction", terme officiel, parfaitement rigoureuse du point de vue catholique. Souvent les catholiques font accompagner, lors de leurs obsèques, la bénédiction par une messe, mais cela n'a rien d'obligatoire.
Les voies de Dieu sont inattendues : par Johnny Hallyday interposé, Dieu a parlé à un grand nombre de personnes, qui ont pu redécouvrir les prières de leur enfance, voire qui les ont découvertes.
Il est certain que, de façon inattendue pour moi, ce fut un (long) moment de réflexion et de prière.
Par comparaison je regrette vivement que la messe dite (si je ne me trompe) pour Jean d'Ormesson dans l'église des Invalides immédiatement avant la cérémonie officielle n'ait pas bénéficié de la même publicité.

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