Pourquoi la Route du Rhum se finit-elle en Guadeloupe ?
SPORT
Jusque-là, l’essentiel des courses transatlantique se déroulait sur un schéma classique, entre l’Angleterre et l’Amérique du Nord. Mais en 1978, la première Route du Rhum a débarqué, et avec elle un parcours novateur entre Saint-Malo et la Guadeloupe.
Si ce choix a pu surprendre à l’époque, quarante ans plus tard, il est aujourd’hui bien ancré dans le milieu nautique. Mais au fait, à quoi est-il dû ?
Promouvoir le Rhum
Tout a commencé trois ans avant la première édition, à partir d’une discussion entre deux potes d’université, Florent de Kersauson, frère d’Olivier, et Bernard Haas, secrétaire général du syndicat des "rhumiers" et des producteurs de sucre des Antilles. Les deux hommes s’apprécient, se connaissent depuis longtemps, et parlent librement.
Dans la conversation, ce dernier dit à son ami qu’il est en quête d’une nouvelle idée pour promouvoir le rhum, l’une des nombreuses productions de l’île. « Il s’occupait des intérêts des rhumiers, s’est souvenu Florent de Kersauson, dans un entretien à France Bleu. Au cours d’un déjeuner, il m’a dit qu’ils dépensaient plein d’argent pour des opérations promotionnelles en faveur du rhum, mais qu’il voulait autre chose. Je lui ai dit qu’on devrait faire une course à la voile, qui irait jusqu’aux Antilles, à l’automne. L’idée est née comme ça… »
Florent de Kersauson en parle en premier à Éric Tabarly et à Gérard Petitpas, son bras droit dans les affaires, mais les deux hommes n’accrochent pas. « Ils ont dit que c’était une course de plus, raconte Florent de Kersauson. Sauf que nous, on ne cherchait pas ça. Nous voulions une course entre la France et les Antilles, en solitaire. »
La Martinique et la Guadeloupe sont toutes les deux sondées. La première n’est pas convaincue, mais la deuxième, elle, est partante. Peu à peu, l’idée fait son chemin, et Florent de Kersauson en parle alors à Michel Etevenon, un publicitaire, entrepreneur de spectacle.
« Il était réticent au début, puis il fut partant. » Le frère de Micheline Dax, associé de Bruno Coquatrix à l’Olympia, est sans doute aussi conscient que le timing est parfait. En effet, à cette époque, les Anglais, qui avaient un peu marre que les Français gagnent leurs transats (Tabarly notamment), venaient de décider de réduire la taille des bateaux.
Cette course entre la France et les Antilles devait donc permettre à tous les skippers désireux de naviguer en liberté sur l’Atlantique, quelle que soit la taille de leur bateau, de s’amuser un peu… « Les Anglais ont eu la bonne idée de limiter la taille des bateaux, alors on a sauté sur l’occasion. On s’est dit qu’on allait faire cette course sans limite… »
Et le départ, lui, pourquoi s’est-il fait à Saint-Malo ? À la fin des années 1970, La Rochelle était en effet la cité phare dans la voile en France. Mais Michel Etevenon était un amoureux de la ville de Surcouf et Jacques Cartier, et il lui paraissait évident de lancer l’épreuve de là-bas, avec en plus un port pouvant accueillir de nombreux voiliers.
Le 5 novembre 1978 au matin, 36 bateaux sont alors au départ, dont certains skippers de renom. Cette première traversée sera marquée par les 98 secondes d’écart entre Mike Birch (le vainqueur) et son dauphin.
Et le rhum dans tout ça ? À l’arrivée, il est joliment mis en valeur. Il n’est pas rare, en effet, que le lauréat soit pris en photo à Pointe-à-Pitre avec un verre du célèbre alcool…
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