L’île de Sercq risque d’être privée d’électricité dès ce vendredi
« Là où l’occupation allemande a échoué, ils échoueront également… » Bigre ! Pour que Christopher Beaumont, 23 ème seigneur de Sercq, évoque le douloureux souvenir de l’occupation allemande des îles anglo-normandes entre 1940 et 1945, c’est que l’heure est grave. Cette fois, « l’ennemi » est pourtant britannique et bien connu des quelque 500 habitants de l’îlot de 5 km², situé à 50 minutes de bateau de Guernesey et où les seuls véhicules à moteur autorisés sont les tracteurs.
Sark Electricity Ltd (SEL) est depuis 1947 l’unique fournisseur de l’île. Sa petite centrale au diesel permet d’éclairer 300 foyers mais aussi leur approvisionnement en eau, en produisant l’énergie nécessaire au pompage dans la nappe aquifère souterraine. Seulement voilà, à partir de vendredi, SEL a décidé de tout débrancher.
La raison ? La baisse des tarifs que le commissaire à l’électricité a imposée à la compagnie, propriété depuis 1969 de la famille Gordon-Brown. Depuis cet été, le prix du kWh est passé de 66 pences (0,74 €) à 52 pences (0,58 €). Normal, estiment les habitants qui comparent avec ce que paient leurs voisins de Guernesey (17 pences, soit 0,19 €) ou du Royaume-Uni (14 pences en moyenne, soit 0,16 €).
Intenable pour le directeur général de SEL, David Gordon-Brown, qui affirme que les coûts de production ne sont plus couverts et qui préfère arrêter les frais. Dans une lettre à ses 300 clients, il brandit le spectre d’une évacuation générale : « Sans électricité pour fournir de l’eau, le gouvernement aurait rapidement une urgence de santé publique s’il permettait à quiconque de rester sur Sercq. »
Un plan d’urgence
Quelques habitants ont commencé à prendre leurs précautions en déménageant des parents âgés, chez des amis, à Guernesey. « On s’est mis d’accord avec ma sœur. Nous ne voulons pas que notre mère reste à la maison dans le froid et le noir et on ne veut pas avoir à s’inquiéter pour elle », a confié Sandra Williams à ITV Channel.
Mais la lettre de mise en garde de David Gordon-Brown a également piqué au vif une bonne partie de la population à la mentalité farouchement indépendante. Les Chief Pleas, sorte de députés de l’île, ont pris les choses en main. Plusieurs générateurs de secours sont arrivés ces dernières semaines à Sercq, qui a aussi fait le plein de carburant.
Un plan d’urgence a été élaboré. « Nous devons nous assurer que les habitants sont dans une position sécurisée. Certains bâtiments seront alimentés de manière à ce que les gens puissent s’y rassembler »,
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire