21 avril cette année. 12 avril en 2020, 4 avril en 2021, 17 avril en 2022… Et l’an dernier, c’était un 1er avril…Et des années ça tombe même en mars ! Si Noël est toujours un 25 décembre, pour le dimanche de Pâques, la donne est un peu plus compliquée. Cocher d’office la date dans son agenda est impossible, puisqu’elle oscille entre le 22 mars et le 25 avril !.
Pour comprendre comment la date de la célébration de Pâques a été déterminée, il faut d’abord avoir en tête une donnée : le pouvoir des calendriers. « La question du temps a toujours été très politique, estime Régis Burnet, historien et enseignant à l’Université Catholique de Louvain en Belgique. Quand un souverain ou une autorité religieuse met en place un calendrier, c’est une manière d’asseoir son pouvoir. »
Pour comprendre, il faut avoir en tête le pouvoir des calendriers, estime Régis Burnet, historien et enseignant à l’Université Catholique de Louvain en Belgique. (Photo : DR)
Particularité de Pâques, elle est célébrée par les chrétiens, mais aussi par les juifs. Sauf qu’elle n’a pas le même sens.
À l’origine la fête juive, Pâque – sans « s » – commémore la sortie des Hébreux d’Égypte. Elle est fixée le jour de la pleine lune de printemps. La résurrection du Christ ayant eu lieu pendant cette fête de Pâque juive, les premiers chrétiens instituent donc leur célébration de Pâques (avec un « s ») au même moment. Sauf qu’au fil des années, selon les communautés chrétiennes, les lieux d’habitation et les tendances théologiques, on se met à commémorer la résurrection à des jours différents…
De la difficulté d’instaurer une date de Pâques
« Le problème, c’est que si vous ne célébrez pas les fêtes au même moment, vous ne pratiquez pas la même religion », reprend Régis Burnet.
En 325, le pouvoir chrétien décide d’harmoniser le tout… pour ses pratiquants et de bien marquer sa différence avec les juifs. Lors du concile de Nicée, l’empereur romain Constantin institue que « Pâques est le dimanche qui suit le 14e jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après ». Soit le premier dimanche qui suit la pleine lune de printemps, donc forcément après le 21 mars. Aussi simple que ça… Ou presque.
Parce qu’à l’époque, on utilise le calendrier julien. Un calendrier qui décale légèrement les saisons par rapport à l’année astronomique. Sur une année, l’écart est ridicule, mais sur des siècles, c’est une autre histoire. L’équinoxe de printemps, en théorie le 21 mars et qui détermine donc la date de Pâques comme édicté à Nicée, s’avance dans le temps (en 1572, c’est un 11 mars). À force, on finira par fêter Pâques en automne…
Le pape Grégoire XIII résout le problème. Privilège des puissants, il rééquilibre le calendrier par une année plus courte : en France, on est passé directement du 9 décembre au 20 décembre 1582 ! (c'est autrement compliqué que l'heure d'été...) Par la même occasion, on adopte le calendrier grégorien, encore en vigueur aujourd’hui. Calendrier que les chrétiens orthodoxes rejettent. Voilà pourquoi depuis ils fêtent Pâques en décalage avec nous.
Une erreur cette année ?
« La date de Pâques reste abstraite, c’est une convention », conclut Régis Burnet. (Photo d’illustration : Phovoir)
Récemment, un Breton, Howard Crowhurst, a remis ce calcul en cause. Il estime que Pâques aurait dû correspondre cette année au dimanche 24 mars. Ses raisons : la date d’équinoxe de printemps 2019 était le 20 mars. Il a écrit au pape et attend toujours une réponse.
Son argumentaire laisse sceptique Régis Burnet : « Ce qu’il faut retenir, c’est que la fête de Pâques est mobile parce qu’elle dépend de la lune, mais d’une lune ecclésiastique ou théorique. La date de Pâques reste abstraite, c’est une convention. »
Bref, se fier à une astronomie exacte n’a pas de sens pour déterminer Pâques. 

Une chose est en tout cas sûre : l’Ascension et la Pentecôte suivent bien Pâques, respectivement quarante et cinquante jours après.