lundi 1 avril 2019

LUNE ET PLANÈTES EN AVRIL 2019





Simulation du ciel de mardi 2 avril 2019, quarante-cinq minutes avant le lever du Soleil.
Au programme du mois d’avril, de belles rencontres avec la Lune et les planètes

Vénus, Mars, Jupiter et Saturne ont rendez-vous avec la Lune lors de conjonctions faciles à voir à l’œil nu.


Vénus, Mars, Jupiter et Saturne ont rendez-vous avec la Lune lors de conjonctions faciles à voir à l’œil nu.

Vous n’avez pas besoin d’un matériel extraordinaire pour profiter des rencontres entre la Lune et les planètes : un peu de curiosité et le courage de se lever avant le Soleil ou de veiller sont souvent les seuls ingrédients nécessaires. Vénus, Mars, Jupiter et Saturne sont des astres suffisamment brillants pour être visibles en milieu urbain, même lorsque la pollution lumineuse est forte. En fait, il faut simplement choisir un site d’observation bien dégagé dans la direction souhaitée. Si le premier plan est harmonieux, le moment de calme passé en compagnie de la Lune et des planètes n’en sera que plus agréable. Sur cette image, prise au bord de l’étang de l’Or, près de Montpellier, l’eau a joué avec le reflet de Vénus et du croissant lunaire durant la pose d’une dizaine de secondes (Sony A7s, objectif de 14 mm diaphragmé à 3,2, 800 ISO).
© Guillaume Cannat
Mardi 2 avril,




 moins d’une heure avant le lever du Soleil, l’étoile du Berger, comme il est courant d’appeler la deuxième planète du Système solaire – c’est-à-dire la deuxième planète en s’éloignant du Soleil –, brille de mille feux devant la toile vivement colorée de l’aube. Quand elle est aussi proche de l’horizon, là où la turbulence atmosphérique est la plus forte, et que son diamètre apparent est tout petit, comme c’est actuellement le cas, Vénus peut scintiller comme une étoile et cela ajoute à son attrait. Son éclat d’un blanc très pur se pare alors de superbes reflets rouges, verts ou bleus perceptibles à l’œil nu et somptueux avec des jumelles ou une lunette. Si vous avez observé le ciel ce matin, vous avez sans doute repérer le mince croissant lunaire qui se situait à une dizaine de degrés sur la droite de Vénus. Demain, l’arc lunaire sera encore plus fin et il se glissera entre Vénus et l’horizon, vous devez donc choisir un site d’observation parfaitement dégagé vers l’est-sud-est pour contempler cette très belle conjonction.
Après la nouvelle lune du vendredi 5,






notre satellite naturel fera un beau retour dans le ciel crépusculaire du soir à la rencontre du Taureau. Au printemps, cette constellation descend vers l’horizon ouest de plus en plus tôt en soirée et comme elle abrite les amas stellaires des Pléiades et des Hyades, ainsi que la très belle étoile Aldébaran, il faut toujours guetter les rendez-vous possibles avec des planètes ou avec les croissants lunaires. Cette année, la planète Mars brille justement entre ces amas et le croissant sélène va passer à proximité. Dimanche 7 avril à la fin du crépuscule, soit une paire d’heures après le départ du Soleil, le jeune croissant est visible plus de 15 degrés sous le point orangé de la planète Mars. Si la pollution lumineuse n’est pas trop forte sur votre site, vous pourrez voir les Pléiades à l’œil nu sur la droite de Mars. Lundi 8 avril, l’arc lunaire a pris de l’épaisseur et la lumière cendrée est splendide, aussi bien à l’œil que dans des jumelles ou une lunette ; la lumière cendrée provient du reflet de l’éclat solaire sur la Terre qui éclaire délicatement la portion nocturne du globe lunaire. Mardi 9 avril, le croissant est plus épais et sa luminosité augmente ce qui amoindrit la visibilité de la lumière cendrée. Remarquez l’étoile Aldébaran du Taureau à moins de 3 degrés sous la Lune : cette étoile est actuellement plus éclatante que Mars.
Après sa visite martienne, la Lune est de plus en plus brillante et il faut laisser passer la pleine lune du 19 avril pour la retrouver dans les parages de Jupiter. Cette planète est actuellement dans le sud de la constellation d’Ophiuchus, une région de la voûte céleste que la Lune gibbeuse décroissante traverse du lundi 22 au mercredi 24 avril




Durant cette période, l’éclat lunaire nous empêche de distinguer la Voie lactée qui baigne toute cette partie du ciel, mais si vous revenez vers Jupiter dans une semaine lorsque Séléné se sera écartée, et si vous vous éloignez des lumières artificielles, vous devinerez les courbes galactiques qui emplissent Ophiuchus et les constellations voisines du Sagittaire et du Scorpion.
Le jeudi 25 et le vendredi 26 avril à l’aube,




une heure et demie avant le lever du Soleil, la Lune au Dernier Quartier croisera Saturne au-dessus de l’horizon sud-sud-est. Installée dans le Sagittaire depuis la fin 2017, Saturne est moins éclatante que Jupiter – à 1,46 milliard de kilomètres, elle est deux fois plus éloignée de nous ! –, mais elle est tout de même facile à repérer à l’œil nu, principalement parce que, à la différence des étoiles relativement brillantes qui l’entourent, elle ne scintille généralement pas. La scintillation des étoiles est provoquée par les multiples déviations que subit leur lumière lorsqu’elle traverse les strates d’air à différentes températures du « mille-feuille atmosphérique ». Ces micro-déviations ne sont généralement pas perceptibles pour les corps comme les planètes qui, contrairement aux étoiles, sont suffisamment proches de la Terre pour montrer un diamètre apparent significatif qui les camoufle. Ceci est valable pour une observation à l’œil nu : avec un instrument, les effets de la turbulence sont évidents sur les planètes et la Lune. Je précise cependant que les planètes peuvent scintiller comme les étoiles lorsqu’elles sont très proches de l’horizon ou lorsque la turbulence est vraiment très forte.
Phases de la Lune en avril
La Lune est nouvelle le 5 dans la Baleine, au premier quartier le 12 dans les Gémeaux, pleine le 19 dans la Vierge et à son dernier quartier le 27 dans le Capricorne.
Consultez également la page des phases lunaires pour l’année 2019.
Le ciel en avril
Le mois d’avril plaque Orion et le Grand Chien contre l’horizon ouest à la fin du crépuscule. Ce sont les derniers éclats visibles de Rigel, Bételgeuse et Sirius que nous retrouverons à l’aube au fil de l’été. La tête d’affiche est offerte au Lion ce mois-ci. Régulus, Denebola et leurs compagnes brillent à plus de 50 degrés de hauteur au-dessus de l’horizon sud en début de nuit. Elles dominent un vaste désert pour les observateurs urbains, car les figures de l’Hydre femelle, de la Boussole ou de la Coupe qui emplissent cette portion du ciel ne possèdent pas d’étoiles assez éclatantes pour percer le voile nauséeux de la pollution lumineuse. Seul le petit quadrilatère du Corbeau pourra éventuellement attirer votre regard, mais ce n’est pas la figure la plus intéressante qui soit, même si elle abrite quelques nébuleuses et galaxies superbes à voir dans un télescope. La Vierge et le Bouvier, avec leurs brillantes étoiles Spica et Arcturus, sont de bien plus belles créations. Elles s’élèvent à l’est du ciel au début des nuits printanières et vous pouvez utiliser la courbure du manche de la Casserole (Grande Ourse) pour arriver à leur niveau. À propos de la Casserole, remarquez qu’elle se situe au plus haut de sa trajectoire nocturne, il est donc impossible de la manquer, ce qui peut arriver lorsqu’elle flirte avec l’horizon et que des arbres ou des bâtiments la cachent partiellement. À l’est-nord-est, Véga et Deneb annoncent l’arrivée du Triangle de l’été, qui est déjà haut sur la voûte céleste et superbe en fin de nuit.
Carte du ciel visible en avril 2019 vers la fin du crépuscule à la latitude de la France métropolitaine. 




La position de la planète Mars par rapport à la constellation du Taureau et à sa belle étoile Aldébaran est précise pour le milieu du mois. Les cartes de ce billet peuvent être utilisées en Europe et dans le monde à l’intérieur d’une bande s’étendant de 38° à 52° de latitude nord. Si vous êtes à plus de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus haute dans votre ciel et, le soir, Régulus du Lion sera d’autant plus proches de l’horizon sud. Si vous êtes à moins de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus proche de l’horizon nord et Régulus sera plus éloignée de l’horizon sud. Cliquez sur la carte pour l’afficher en grand et l’imprimer pour votre usage personnel. © Guillaume Cannat
Cette carte montre le ciel visible en avril 2019 à l’orée de l’aube à la latitude de la France métropolitaine. 




Les planètes Jupiter et Saturne sont très faciles à repérer à l’œil nu au-dessus de l’horizon sud-est à sud, même dans un environnement urbain. Attention, les cartes de ce billet ne sont pas à l’envers ! Elles représentent simplement les astres qui sont situés au-dessus de nos têtes. Si vous vous allongiez avec la tête vers le nord et les pieds vers le sud, l’est serait bien à votre gauche et l’ouest à votre droite. Utilisez ces cartes en les imprimant et en les faisant tourner de telle sorte que le nom de la direction dans laquelle vous observez soit écrit à l’endroit. Les constellations et les étoiles que vous retrouverez dans la portion du ciel qui vous fait face sont toutes celles dont le nom est lisible sans trop pencher la tête. Les noms des constellations et de leurs principales étoiles sont indiqués, ainsi que le tracé des constellations les plus importantes ; ce tracé est parfois incomplet lorsque la figure est en partie cachée sous l’horizon. Le ciel est très vaste et les constellations qui semblent petites sur les cartes sont, en fait, très grandes : votre main ouverte et bras tendu cache ainsi à peine l’ensemble de la constellation d’Orion ou du Chariot de la Grande Ourse. © Guillaume Cannat

Quelques livres






Je présente tous les ans les plus beaux phénomènes célestes observables dans mon ouvrage Le Ciel à l’œil nu ; l’édition 2019 est encore disponible dans certaines librairies et en ligne. Vous pourrez agréablement et utilement la compléter avec la réédition du livre À la découverte du ciel d’Emmanuel Beaudoin chez Dunod. Très joliment illustré par Delphine Zigoni ce guide de terrain donne les bases de la pratique de l’observation du ciel, des planètes et de la Lune à l’œil nu, aux jumelles et avec une lunette ou un télescope. La maquette est sobre et très claire, les textes précis : une belle réussite éditoriale !
Les livres consacrés au 50anniversaire de la mission Apollo 11 sont de plus en plus nombreux.


Parmi les derniers arrivés sur mon bureau, je veux signaler l’imposant The NASA Archives, un ouvrage de grand format et de plus de 5 kg (!) publié par les éditions Taschen, avec des textes de Piers Bizony, Andrew Chaikin et Roger Launius. C’est une somme de 468 pages qui, au-delà du programme Apollo, retrace l’histoire de l’exploration du Système solaire et de l’Univers par la NASA, du projet Mercury aux sondes martiennes et aux plus belles images du télescope spatial Hubble. La qualité des reproductions est superbe et si les textes sont en anglais dans le corps de l’ouvrage, l’éditeur a pris soin de joindre un fascicule au même format avec leur traduction en français.
Mission sur la Lune de Rod Pyle (Éditions Glénat)




 se distingue par la diversité de ses illustrations. On retrouve naturellement les images des astronautes sur la Lune, mais l’auteur a réalisé un travail de recherche exceptionnel pour extraire des archives de la NASA, entre autres, des documents plus rares comme l’étonnante déclaration de douane que les astronautes d’Apollo 11 ont dû remplir en passant pas Hawaii après leur retour sur la Terre et dans laquelle ils ont signalé les échantillons de roches et de poussières lunaires qu’ils transportaient… pour lesquels ils ont été exonérés de frais de douane, précise l’auteur. Des plans de Wernher von Braun, des reproductions de la Pravda ou encore la carte de la descente du LEM Eagled’Apollo 11 vers la surface lunaire sont autant de documents rarement publiés que l’on découvre avec intérêt dans cet album cartonné.
Apollo confidentiel de Lukas Viglietti (De Boeck Supérieur) est d’un genre différent.



Pratiquement pas d’images ici, mais un texte passionné d’un auteur qui s’est appuyé sur ses relations amicales avec nombre des acteurs des missions Apollo pour raconter le destin des hommes qui ont marché sur notre satellite naturel ou tourné autour ; cela donne un côté bien plus sympathique à cette aventure hors du commun trop souvent racontée sous l’angle officiel des communiqués de la NASA que seuls les échanges radio lors des missions lunaires rendent parfois un peu plus humains.

Naufrage d’un projet pédagogiqueHistorien des sciences, astronome amateur et astrophotographe, Olivier Sauzereau a passé de longs mois à préparer et à mettre en œuvre un projet pédagogiques impliquant près de 500 jeunes élèves du canton de la Châtaigneraie en Vendée à l’occasion de l’éclipse totale de Soleil qui se déroulera au Chili et en Argentine le 2 juillet prochain. Après les dizaines d’interventions dans les classes réalisées depuis plusieurs mois, il devait se rendre en Amérique du Sud pour un périple de plusieurs mois avec sa famille dans le cadre de ce projet et réaliser un film documentaire. Malheureusement, son véhicule et tout son matériel reposent à présent par plus de 4 000 m de fond dans les cales du Grande America ! Après le choc de cette perte, la décision a rapidement été prise de prolonger le projet jusqu’à l’année prochaine pour profiter d’une autre éclipse totale de Soleil qui se produira en décembre 2020 dans la même région du monde. Si vous voulez en savoir plus et aider Olivier Sauzereau et ces écoles, vous pouvez visiter son site et la page de la cagnotte qu’il lance sur leetchi.
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