« Jules Verne, des abysses aux étoiles », un voyage extraordinaire en terres varoises
Entre littérature et sciences, embarquez pour un voyage extraordinaire à la rencontre de Jules Verne, du 28 septembre 2019 au 9 février 2020. Plongez dans les abysses au Muséum départemental du Var et envolez-vous vers les étoiles, à la découverte de l’espace, à la Maison départementale de la Nature des 4 Frères. Qui eût cru que de simples romans pouvaient nous emmener aussi loin ?
Mais qui est donc ce fameux Jules Verne ?
Né en 1828 à Nantes, dans une famille assez modeste, Jules Verne a néanmoins suivi des études supérieures en littérature et en droit à Paris, où il vécut pendant une dizaine d’années une vie de bohême.
Refusant de succéder à son père en tant qu’avoué, il décide de poursuivre une carrière d’écrivain. Malheureusement, ses débuts dans ce domaine ne sont guère concluants, de même que ses démarches amoureuses. En effet, de par son statut précaire, il se voit refuser plusieurs demandes en mariage…
En 1861, il rencontre Pierre-Jules Hetzel, son seul et unique éditeur. Sur ses conseils, il commence à écrire des romans et des nouvelles, dans lesquels il s’attache à décrire tout simplement le monde, tel qu’il est. Jules Verne trouve ainsi sa voie et les clés du succès. Désormais, ses ouvrages, destinés au grand public, se feront l’écho des préoccupations des savants, naturalistes et explorateurs de son époque.
Une scénographie immersive.
La commissaire d’exposition Céline Giton, l’agence de design Sèt Lègo et la muséographe Cécile Massot ont souhaité une immersion totale du visiteur dans l’œuvre de Jules Verne.
Au Muséum départemental du Var, le public a véritablement l’impression d’être à l’intérieur du Nautilus. Les vitrines en sont les hublots. Le bleu des cloisons rappellent les fonds marins. Les spécimens d’animaux marins suspendus au plafond nous donnent la sensation d’être immergés dans les profondeurs maritimes, de même que le fonds sonore diffusé en continu.
À la Maison départementale de la Nature des 4 Frères, direction les étoiles. Ici, point de bande-son, mais on retrouve les mêmes cloisons bleu nuit, cette fois-ci parsemées d’étoiles pour évoquer l’espace. Les vitrines sont désormais semblables aux vitres des navettes spatiale.
Dans le hall d’entrée, suspendue au-dessus de nos têtes, se trouve une reproduction du système solaire.
Dans les deux musées, une frise chronologique illustrée sert à introduire l’exposition. Elle permet de situer Jules Verne dans son époque, celle des révolutions industrielles, qui marquèrent une profonde mutation de la société.
Les deux expositions ont en effet été conçues selon le même schéma. Elles disposent chacune d’un parcours en intérieur et d’un autre en extérieur, ainsi que d’une programmation riche et variée.
Muséum départemental du Var : Jules Verne, un plongeon dans les abysses marins…
Installé dans la maison Burnett depuis 2011, le Muséum départemental du Var organise deux fois par an des expositions temporaires. Celle sur Jules Vernes est cependant différente de celles qu’il a l’habitude de présenter car elle lui permet de croiser les disciplines et d’aborder d’autres domaines que celui des sciences naturelles, dont les quelques 180000 objets et spécimens de ses collections permanentes témoignent au quotidien.
Cette exposition témoigne de l’amour de Jules Verne pour la mer. Dès que sa situation financière s’est améliorée, il s’est d’ailleurs porté acquéreur de plusieurs bateaux. Il a aussi écrit de nombreux ouvrages maritimes, dont le célèbre Vingt mille lieues sous les mers, qui marque le début de l’océanographie et de découverte de la faune, ainsi que de la flore sous-marines.
Après la frise chronologique, le parcours de visite aborde la passion de Jules Verne pour les fonds marins, avant de nous emmener dans le cabinet de curiosités du capitaine Némo, qui symbolise la volonté d’explorer et de cartographier le monde des grands explorateurs. Même si au XIXe siècle, les personnes « savantes » ont tendance à se spécialiser dans une matière. Mais, contrairement à ses contemporains, Jules Verne, lui, s’inscrit dans la veine des honnêtes hommes du XVIIIe siècle, qui s’intéressent de façon encyclopédique à tous les domaines de connaissance. La grande épopée qu’il dépeint dans ses ouvrages, illustrés de près de 4000 gravures, est ainsi comparable à celles de l’Iliade et l’Odyssée d’Homère et reflète l’ensemble des avancées et des controverses de son temps.
La dernière salle de l’exposition est différentes des premières. Elle se compose d’un grand espace, dans lequel sont abordés différents thèmes. Un coin lecture y a été aménagé, à gauche du panneau intitulé « Vingt mille lieues sous les mers, son Nautilus et sa bibliothèque ».
À droite, sont exposées des maquettes de sous-marins pour descendre dans les profondeurs, du modèle le plus ancien au plus récent (bathyscaphe, Nautile, Archimède), en passant par celui imaginé par Jules Verne : le fameux Nautilus. En face, se dressent des scaphandriers. Enfin, en guise de conclusion, l’exposition se termine par une analyse de la dimension écologique des ouvrages maritimes de Jules Verne. Dans la continuité de l’historien Jules Michelet, qui revendiquait un droit de la mer, l’écrivain dénonce dans ses romans le pillage des richesses de la mer, la pêche irraisonnée et, plus largement, l’exploitation à outrance des ressources planétaires. Il considère la mer comme « le vaste réservoir de la nature » (extrait de Vingt mille lieues sous les mers). Comme l’auteur s’adresse à un large public et notamment à la jeunesse, sa prise de position a un impact considérable sur les mentalités. L’étude de cet aspect environnemental de l’œuvre de Jules Verne est prolongée dans le parc départemental du Las, qui borde le Muséum et qui est labellisé « Jardin remarquable », par une exposition photographique, mettant en parallèle, d’un côté de l’allée centrale, des gravures des ouvrages de Jules Verne édités par Pierre-Jules Hetzel, faisant écho aux préoccupations de l’écrivain sur l’avenir des espèces et, de l’autre, des photographies naturalistes témoignant du statut de ces dernières aujourd’hui.
Maison départementale de la Nature des 4 Frères : Jules Verne, la tête dans les étoiles…
La Maison départementale de la Nature des 4 Frères est située dans une ancienne bastide provenc?ale datant du XVIIe sie?cle, au cœur d’un Espace naturel sensible de 380 hectares en zone boise?e, sur les hauteurs de la commune du Beausset.
Ce lieu de sensibilisation et de de?couverte de la biodiversite? varoise actuelle et passe?e, domestique ou sauvage, a ouvert ses portes au public en 2008. Il propose tout au long de l’année des animations et une succession d’expositions temporaires, ne disposant pas de collections propres. Cinq boucles de randonnée pédestre ont été aménagées au départ de la Maison départementale de la Nature des 4 Frères pour vous inviter à découvrir la grande diversité de milieux naturels, d’espèces animales et végétales caractéristiques de la Provence.
L’exposition consacrée à Jules Verne nous invite ici à découvrir le système solaire et les débuts de la conquête spatiale à travers l’œuvre de l’écrivain, que l’on peut qualifier de poète de l’espace. Ce dernier prône la découverte pour elle-même, sans arrière-pensées économiques, contrairement aux artilleurs du Gun-Club de Baltimore de son roman Sans dessus dessous, qui souhaitent dévier l’axe de rotation de la Terre afin de pouvoir exploiter les houillères du Pôle Nord, au risque de noyer une bonne partie de la population mondiale… L’astronomie et plus particulièrement la lune constituent pour Jules Verne des sujets qui n’ont eu de cesse de l’inspirer et de le fasciner. Son intérêt pour les mondes célestes se manifeste a? travers une douzaine de romans dans lesquels il met en scène astronomes, spationautes et marins familiers des observations astronomiques.
L’exposition débute par l’habituelle frise chronologique. Dans le hall d’entrée, un espace de projection a également été aménagé, dans lequel sont diffusés les documentaires De la Terre à la lune et Autour de la lune commentés par Olivier Sauzereau et réalisés par Paul Cornet. Sur le mur, entre les panneaux explicatifs se trouvent des illustrations.
Au-dessus de l’escalier, quelques citations de l’auteur et photos lunaires. À proximité, dans un des angles de l’espace d’accueil, une table ronde entourée de chaises sont mises à disposition des visiteurs, s’ils souhaitent s’adonner au dessin et au coloriage. Les deux vitrines située à côté présentent des livres, dont un ouvrage comprenant les notes et calculs remis à Jules Verne par Albert Badoureau pour écrire Sans dessus dessous, un parfait exemple de sources scientifiques erronées, une carte détaillée de la lune, un globe lunaire et des fragments de météorites.
Au sous-sol, le parcours d’exposition a été aménagé dans le sens inverse des aiguilles d’une montre autour d’un espace de lecture et de projection, dans lequel est diffusé Le voyage dans la lune, le film que Georges Méliès a imaginé en lisant Les premiers hommes dans la lune de Herbert George Wells et De la Terre à la lune de Jules Verne.
Cette partie est consacrée aux conditions techniques de l’observation spatiale et à la conquête de l’espace, tandis qu’à l’étage, il était plutôt question des phénomènes célestes.
Ce choix n’est pas anodins. En effet, publiés en 1865 et 1869, les romans lunaires de Jules Verne ont marqué un grand nombre de personnes travaillant dans le domaine spatial, dont les pionniers de la conquête de l’espace (Wernher von Braun, Youri Gagarine, Neil Armstrong…). L’écrivain est le premier à imaginer un roman réaliste, qui propose un moyen rationnel d’aller dans l’espace, en se basant sur des calculs et des faits scientifiques. C’est Jules Verne qui a suggéré le premier que l’on pouvait également aller sur la lune et pas se contenter uniquement de l’observer. Il essaie d’appréhender les problèmes rationnels qu’une telle entreprise peut poser tels que l’oxygène, la nourriture, l’étanchéité du vaisseau…, ainsi qu’un possible non-retour…
Chose assez cocasse, si les astronomes sont rarement les héros de ses romans. Ils y sont souvent décrits comme ayant tous grande qualité scientifique, une extrême rigueur dans leur métier, mais étant également peu sympathiques, caractériels et asociaux. Une vision aussi flatteuse que celle que Jules Verne a des femmes…
Comme au Muséum départemental du Var, l’exposition se prolonge au-dehors, au sein de l’Espace naturel sensible. Dix photos de l’astrophotographe Olivier Sauzereau y sont exposées. Elles illustrent les phénomènes astronomiques décrits par Jules Verne, auteur pour lequel il éprouve une véritable passion, commentées par une citation de l’écrivain.
Pour une première exposition conjointe sur un thème qui ne se limite pas aux seules sciences naturelles, le Muséum départemental du Var et la Maison départementale de la Nature des 4 Frères ont placé la barre très haut, ce qui est de très bon augure pour la suite.
Informations pratiques :
Jules Vernes, des abysses aux étoiles, exposition présentée par le Département du Var, du 28 septembre 2019 au 9 février 2020, conjointement au Muséum départemental du Var à Toulon et à la Maison départementale de la nature des 4 frères à Le Beausset.
Muséum départemental du Var, 607 chemin du Jonquet, 83200 Toulon. Ouvert en continu du mardi au dimanche, de 9h à 18h. Fermeture à 17h de décembre à février. Entrée gratuite. Téléphone : 04 83 95 44 20. https://museum.var.fr/
Maison départementale de la Nature des 4 Frères, 2466 chemin de Signes, Ollioules, 83330 Le Beausset. Ouvert du lundi au vendredi, de 9h à 17h. Ouverture également les samedis durant les vacances scolaires. Entrée gratuite. Téléphone : 04 94 05 33 90. https://www.facebook.com/MDN4freres
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