vendredi 18 septembre 2020

ANITA CONTI

 


Douarnenez. Anita Conti, la dame de la mer dans l’univers masculin de la pêche

Les femmes et la mer. Pionnière de l’océanographie, Anita Conti, surnommée la dame de la mer, est à l’affiche des Journées du patrimoine, samedi 19 et dimanche 20 septembre. Ses photographies investiront l’île Tristan et la salle de la conserverie sera baptisée à son nom.


Anita Conti était une dame de la mer en avance sur son temps. Née en 1899 dans une famille aisée, elle grandit entre la banlieue parisienne et les côtes bretonnes. Ses parents lui donnent le goût du voyage et de l’eau. « J’ai su nager avant de savoir marcher », disait-elle. En 1914, à l’aube de la guerre, sa famille se réfugie à l’île d’Oléron (Charente-Maritime). Elle découvre alors la voile, la lecture et la photographie. Puis, elle se lie d’amitié avec des enfants de pêcheurs et lance ses premières expéditions en mer. Après la guerre, son amour des livres l’a conduit à devenir relieuse d’art, sans perdre de vue l’océan.














En 1927, elle se marie avec le diplomate Marcel Conti et passe beaucoup de temps sur les bateaux de pêche. Elle embarque sur des harenguiers et des voiliers-morutiers pour vivre au plus près des travailleurs de la mer. Elle dresse les premières cartes de pêche avant d’être embauchée, en 1935, par Édouard Le Danois à l’Office scientifique et technique des pêches maritimes (OSTPM).

Écologiste avant l’heure

Anita Conti devient la première femme océanographe. Elle est chargée de campagnes à la mer à bord de différents chalutiers, dans le golfe de Gascogne, à Terre-Neuve (Canada) et en mer d'Irlande. En 1939, elle embarque, pendant trois mois, à bord du chalutier-morutier Viking, direction les régions arctiques. C’est là qu’elle commence à prendre conscience de la surpêche et du caractère non-inépuisable de la mer. En 1952, elle suit, pendant six mois, sur le Bois Rosé, une soixantaine de pêcheurs de morues à Terre-Neuve, avec son appareil photo et son carnet en main.

Harenguier Notre-Dame de Montligeon, pesée du poisson. 1939-1940. | ANITA CONTI

Écologiste avant l’heure, elle s’indigne du gaspillage des tonnes de poissons rejetées à la mer et tente de faire munir les bateaux d’un système de capture sélectif. Elle étudie et propose des solutions alternatives comme l’aquaculture, en proposant d’élever des poissons pour la consommation des populations et le repeuplement du milieu marin.

Anita Conti navigue jusqu’à ses 85 ans. Elle publie une dizaine de livres sur la vie des navires et des espèces. Ses écrits sont redécouverts des années plus tard. On y découvre sa passion pour la poésie où elle apporte sa vision de l’océan.

L’île Tristan : un éternel recommencement

L’île Tristan lui rend aujourd’hui hommage à l’occasion des Journées du patrimoine. Une infime partie de ses photographies seront exposées en plein air sur l’île, ponctué de lectures de ses écrits par Laurent Girault-Conti, son fils adoptif, et les membres de la compagnie Les Praticables. Pour Sylvie Contant, cette reconnaissance est « un bel aboutissement ».

La comédienne des Praticables avait déjà proposé, il y a cinq ans, à Douarnenez (Finistère), un événement intitulé Au nom d’elles. « De faux panneaux de rue représentaient le nom de femmes de Douarnenez d’hier et d’aujourd’hui. Des résistantes, des femmes engagées au niveau social, politique et associatif », explique-t-elle.

Des écoles primaires, des collèges, des lycées et quelques rues en France portent le nom d’Anita Conti. Mais à Douarnenez, il n’en est rien. « Je me suis demandée pourquoi Anita Conti n’avait pas son nom dans la ville », regrette Sylvie Contant.

D’autant que c’est à Douarnenez qu’elle a quitté ce monde. Le 25 décembre 1997 précisément. Laissant derrière elle, plus de 50 000 photographies, une dizaine de films, des livres et des notes. Jocelyne Poitevin, maire de Douarnenez à l’époque, « l’a accompagné dans les derniers mois de sa vie », ajoute Françoise Finbault, adjointe à la culture.

L’automne dernier, l’ancienne municipalité a validé l’hommage qui sera rendu à Anita Conti. L’île Tristan n’a pas été choisie au hasard. « Anita fait partie des précurseurs de la protection de l’environnement et comme le Parc naturel marin d’Iroise est basé à l’île Tristan, ce choix était évident », indique Frédérique Huet, du service culturel. À cette occasion, la grande salle de la conserverie de l’île Tristan sera baptisée, le 18 septembre, à son nom.

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