Légende du cinéma et du théâtre français, l’acteur aux 120 films, Jean-Louis Trintignant s’est éteint ce vendredi 17 juin 2022 à l’âge de 91 ans. Alain Delon, Nadine Trintignant, Jack Lang, Emmanuel Macron… Depuis l’annonce de la mort de l’acteur qui s’est notamment illustré dans Et Dieu… créa la femme ou encore Amour, les réactions se multiplient, aussi bien dans la sphère artistique que politique.

Nadine Trintignant : « C’était quelqu’un de rare »

« C’était quelqu’un de rare, de déroutant dans le bon sens. Un immense comédien », a réagi sur BFMTV son ex-épouse Nadine Trintignant, mère de ses enfants. « Il a travaillé toute sa vie avec son magnétophone à la main à dire des poèmes et à la fin de sa vie, enfin les quatre dernières années, il a bouleversé tout le monde en disant des poèmes merveilleux et d’une façon merveilleuse. Et il a fait des grands films, bien sûr Lelouch, mais il y a aussi Le conformiste, Rouge, enfin des films superbes ».

« Quand on aime quelqu’un, on aime pour la vie si c’est important. On aime pour toujours », a-t-elle aussi confié. « Il aimait rire. Il était joyeux. Je l’ai connu entre ses 22 et ses 40 ans. C’était la jeunesse. Il y a eu des fêlures évidemment, on a perdu nos deux filles, ce sont des fêlures dont on ne se défait jamais. »

« J’ai le cœur serré »

« Après Belmondo, encore un frère qui part et je suis bouleversé », a réagi auprès de l’AFP Alain Delon, 86 ans, qui avait tourné avec lui dans Flic Story de Jacques Deray (1975).

Le réalisateur Costa-Gavras a décrit au micro de France Inter un homme mystérieux : « Il était un peu comme ça dans la vie. Il y avait un grand mystère qui l’entourait. Ce mystère persistait et puis, tout d’un coup, il disait quelques mots, il faisait rire et ça devenait un personnage étonnant, un personnage qu’on aimait ».

Le réalisateur Philippe Labro a lui aussi rendu hommage à un « immense comédien qui pouvait tout interpréter », « une voix », un « charme mystérieux », « une adaptation à tout rôle ». « J’ai eu la chance de le “diriger” dans Sans mobile apparent. Admiration et respect. Je m’incline devant l’homme », a-t-il tweeté.

« J’ai le cœur serré », a également réagi Jack Lang sur BFMTV. « C’était un homme d’exception, un comédien inouï, génial à la voix suave et envoûtante […], amoureux de poésie. […] C’était un homme humble, toujours plein de retenue. […] Au-delà du comédien de l’immense comédien qu’il était, il y a l’homme qui a été souvent éprouvé par la vie : son père résistant emprisonné, sa mère tondue à la Libération, la prison pour lui-même quand il avait opposé l’honneur de ses convictions à la guerre d’Algérie, la disparition de sa fille », ajoute-t-il.

Vincent Perez, qui a joué aux côtés de Jean-Louis Trintignant dans Ceux qui m’aiment prendront le train (1998), de Patrice Chéreau, décrit l’acteur comme « un homme toujours passionné par les mots, par la vie ».

« C’était un homme très doux, assez secret avec une grande humanité. C’est l’acteur qui a été nos émotions, nos amours », a de son côté commenté Gilles Costaz, critique et dramaturge, sur TV5 Monde.

« C’est une page qui se tourne », réagit Emmanuel Macron

Le président de la République Emmanuel Macron a salué ce vendredi la mémoire d’un « formidable talent artistique » qui « a accompagné un peu nos vies à travers le cinéma français ». « C’est une page qui se tourne », a ajouté le chef de l’État, évoquant la « voix douce » du comédien.

« Avec tristesse, j’ai appris le décès de Jean-Louis Trintignant. Figure incontournable du cinéma français, il aura marqué de nombreuses générations et fait rayonner la France dans le monde. J’exprime toutes mes condoléances à sa famille et à ses proches », a aussi réagi la Première ministre Élisabeth Borne, sur Twitter.

Ses obsèques se dérouleront dans l’intimité

La vie de l’acteur, à la voix enveloppante, a été marquée par plusieurs drames dont la mort de sa fille Marie, actrice, tuée en 2003 sous les coups de son compagnon, Bertrand Cantat. Drame qui avait suscité l’émoi et dont il ne s’était jamais remis.

« À l’intérieur de moi, tout est détruit », confiait-il après le drame qui l’avait conduit à s’éloigner des plateaux pendant une dizaine d’années.

Jean-Louis Trintignant que l’on disait gravement malade, est « mort paisiblement, de vieillesse, ce matin, chez lui, dans le Gard, entouré de ses proches », ont indiqué son épouse et des proches de la famille dans un communiqué adressé à l’AFP.

Ses obsèques se dérouleront dans l’intimité.