La Route du Rhum devrait connaître son dénouement, ce dimanche, pour les plus gros bateaux, les Ultime, ces multicoques géants qui volent sur l’eau. François Gabart, en tête ce vendredi, est attendu à Pointe-à-Pitre le premier, après avoir bouclé sa traversée de l’Atlantique en sept jours, battant probablement la marque de Loïck Peyron, le précédent lauréat en 2014.
L’exploit, de taille, va mettre en lumière tout le team du skipper rochelais, et accessoirement profiter à Macif, la compagnie d’assurance. Un retour intéressant après un lourd investissement.
Car tous ces bateaux, en plus d’être souvent de jolis bijoux de technologie, sont aussi des joujoux très chers. Nous nous sommes donc posé la question : mais combien coûtent-ils ?
Les Ultime, les plus chers

Francis Joyon sur l’Ultime Idec. (Photo : Ouest-France)

Les voiliers les plus onéreux sont évidemment les plus grands, les plus puissants et rapides, ceux disposant par exemple des outils derniers cris (foils qui permettent de voler). Les plus pointus de ces Ultimes valent entre 10 et 12 millions d’euros à la construction.
Leur conception, confiée aux plus grands cabinets d’architectes français, s’est déroulée sur plusieurs mois (phase de bureau d’étude, de fabrication). Mais une fois construit, prêt à être mis à l’eau, un bateau coûte encore de l’argent. On estime entre 3 et 5 millions d’euros par an le budget de fonctionnement d’un Ultime. Le prix du matériel, qu’il faut régulièrement changer (voiles, etc.), est conséquent et se chiffre parfois en plusieurs centaines de milliers d’euros.
Les Imoca, très onéreux également

Jeremie Beyou sur l’Imoca Charal. (Photo : Ouest-France)

L’autre catégorie très chère de cette Route du Rhum s’appelle Imoca. Ces bolides monocoques, les mêmes qui courent le Vendée Globe, sont de véritables concentrés de technologie également, d’autant que les foils y ont aussi fait leur apparition, faisant monter les enchères considérablement. Un bateau neuf va coûter 5 millions d’euros, au moins, quand certains montent jusqu’à 6 millions. C’est le double d’il y a dix ans, à titre de comparaison.
Le budget de fonctionnement, lui, grimpe à 2 millions par an. Certains voiliers peuvent également être remis au goût du jour, avec l’ajout de matériel de pointe (comme les foils par exemple). Ce rafraîchissement de bateau a un coût, forcément. Comptez par exemple 400 000 € pour l’ajout d’appendices volants sur un Imoca. Mais à la revente, c’est comme pour une voiture de deuxième ou troisième main, c’est nettement moins intéressant.
Plus accessible pour les autres, et encore…
Derrière ces deux classes de pointe, les autres voiliers de la Route du Rhum sont « un peu » moins chers. Mais ils ne sont pas accessibles au plus grand nombre non plus, et requièrent l’appui d’entreprises performantes.
Un Multi 50, par exemple, coûtera neuf 2 millions d’euros, quand les plus anciens se trouveront à un peu moins du million d’euros. Les budgets de fonctionnement sont estimés à 500 000 €. Quid des Class40, la catégorie avec le plus de voiliers au départ (53) ? Les plus modernes et performants valent 600 000 €, avec des coûts de fonctionnement de 300 000 €. Là aussi, obligation d’avoir un sponsor avec de la ressource.
Le prix des bateaux des plus petites catégories est logiquement le moins important. Le Happy de Loïc Peyron, petit trimaran de la classe Rhum Multi, a par exemple été mis en vente à 120 000 €.

Loïck Peyron sur le Multi Rhum Happy. (Photo : Ouest-France)

Enfin, sachez que le coût du bateau, et de son fonctionnement, n’est pas la seule dépense d’une marque ou d’un skipper. Les droits d’inscription, eux aussi, sont assez élevés. Pour un Ultime, par exemple, il fallait débourser 80 000 € pour s’amarrer dans le bassin Vauban, tandis que les plus petits voiliers devaient quand même payer 6 000 €. Sans compter tous les autres frais comme l’assurance, les équipements de sécurité, l’hébergement à Saint-Malo comme en Guadeloupe…