Rares sont les îles à qui l’on peut donner un âge précis. Surtsey a ce privilège. Elle soufflera ses 57 ans en novembre. Car cette île n’existe que depuis 1963, quand, en novembre, une éruption a eu lieu à trente kilomètres des côtes de l’Islande, au sein de l’archipel des îles Vestmann.
En quelques jours, une nouvelle terre émerge des flots et continue à se former sous les yeux des scientifiques, jusqu’en 1967, où elle atteint une altitude de 155 mètres et une superficie de 2,57km².
Elle n’est déjà plus aussi grande : l’érosion marine et les vents l’ont amputée de moitié de son territoire (1,41 km² en 2010). Et elle est condamnée à re-disparaître presque entièrement dans les flots d’ici quelques centaines à milliers d’années…
La colonisation de la vie en direct
Dès son apparition, Surtsey fascine les foules. En décembre 1963, soit une poignée de semaines après la première formation, trois Français – dont un journaliste de Paris-Match – posent les pieds dessus… entre deux explosions.
Mais rapidement, consigne est donnée : cette île est une véritable aubaine pour les scientifiques. S’il n’est pas rare qu’une terre émerge avec une éruption, bien souvent, elles repartent très vite sous les flots. Pas ici. On va donc pouvoir y observer le développement de la faune et de la flore sur une roche vierge au long cours. Un véritable laboratoire du développement de la vie sur terre en temps réel.

Surtsey au moment de sa naissance, en 1963. (Photo : Wikimédia Commons)


Une vue aérienne de Surtsey. (Photo : Wikimédia)


Cette île est un véritable paradis pour les scientifiques qui peuvent y observer la colonisation de la vie. (Photo : Wikimédia)


Surtsey, vue depuis la mer, en 2007. (Photo : Wikimédia Commons)

La colonisation des espèces débute d’ailleurs assez rapidement. Des plantes arrivent très vite par les vagues et les bois flottés. Roquettes de mer, pourpiers de mer, seigles de mer, plantes huîtres, saules nains poussent. Quelques insectes accompagnent les graines.
De plus gros animaux font leur apparition un peu plus tard. D’abord, les oiseaux migrateurs qui y font juste étape. À partir de 1986, des premiers signes d’installation pérennes de goélands sont observés. Par leurs déjections, et ce qu’ils transportent sur eux, ils contribuent aussi à diversifier la flore sur l’île.
Sciences et Avenir rappelle ainsi que le premier ver de terre est identifié en 1993. Aujourd’hui, l’île compte 60 espèces de plantes vasculaires, 75 mousses, 71 lichens, 24 champignons, 335 espèces d’invertébrés, près de 90 espèces d’oiseaux !
Une autre île dans le Pacifique
Évidemment, par son intérêt, Surtsey – le géant du feu dans la mythologie nordique – est particulièrement choyée par l’humanité. Zone interdite à part pour les scientifiques, elle est d’ailleurs classée au patrimoine mondial de l’Unesco, histoire de la sanctuariser et de pouvoir continuer à documenter ce cours de biologie en direct.
Une autre île a surgi récemment des flots, mais cette fois-ci dans le Pacifique : Hunga Tonga-Hunga Ha’apai est apparue en 2015 au sein de l’archipel des Tonga. Elle est déjà colonisée par les oiseaux, la végétation… et les déchets de plastique.